L'année a été difficile mais « notre équipe a réalisé des performances exceptionnelles », a commenté Udo Lange, directeur général de Stolt-Nielsen, à l'occasion de la présentation des résultats du quatrième trimestre et de l'ensemble de l'année 2023, qui s'est clôturé le 30 novembre pour le spécialiste de la logistique maritime de produits chimiques.
« Après une chute des taux spot au cours du troisième trimestre, les tarifs se sont raffermis à l'approche de la saison des renouvellements de contrats pour Stolt Tankers. Dans les terminaux Stolthaven, le maintien d'un taux d'utilisation élevé a permis d'augmenter les taux de stockage et les volumes. Chez Stolt Tank Containers, les volumes ont continué à augmenter, mais au cours du quatrième trimestre, la réduction prévue des marges et des revenus de surestaries a eu un impact sur les résultats », passe en revue le dirigeant.
Profit de 296,7 M$
L'un des plus grands opérateurs de chimiquiers (240 navires) a déclaré un résultat net de 98,4 M$ au quatrième trimestre, pour un chiffre d'affaires de 695,2 M$, contre un bénéfice net de 95,3 M$ et des revenus de 732,5 M$ au quatrième trimestre 2022. Pour l'ensemble de l'année 2023, le groupe dégage un profit de 296,7 M$, avec des recettes à 2,8 Md$. Les bénéfices ont augmenté de 16 M$.
L'Ebitda consolidé (résultat d'exploitation avant intérêts, impôts et amortissement) ressort à 208,4 M$ (197,8 M$ au quatrième trimestre 2022).
Par activités, Stolt Tankers voit son bénéfice d'exploitation passer de 78,2 à 99,8 M$ avec des tarifs journaliers de 30 144 $/j, en hausse de 11 % par rapport à 2022.
Stolt Tank Containers (expédition de produits chimiques liquides en conteneurs-citernes), a réalisé une année médiocre avec un bénéfice d'exploitation en chute libre entre le quatrième trimestre de l'année 2023 et 2024 (- 31 M$) pour s'établir à 14,2 M$.
Plus difficile pour l'avitaillement en GNL
Pour Stolt-Nielsen Gas (transport, le stockage et distribution de GNL avec les souteurs Avenir Advantage, Avenir Aspiration et Avenir Accolade), qui détient 47 % d'Avenir LNG et 2,5 % de Golar LNG, l'année ne s'est pas bien passée. Le segment a soldé 2023 sur une perte d'exploitation de 0,9 M$ bien que limitée par rapport à l'an dernier (2,9 M$).
Commande de six navires
Au cours du trimestre, Stolt Tankers a annoncé une commande de six navires-citernes de 38 000 tpl, qui seront livrés entre 2026 et 2028, avec des options supplémentaires pour six autres navires.
« Ils ont été conçus pour maximiser le rendement énergétique grâce à une conception moderne des moteurs, à l'optimisation de la forme de la coque, à une large gamme de dispositifs d'économie d'énergie et à une connexion électrique à quai. Les nouveaux navires seront dotés de 30 réservoirs de cargaison en acier inoxydable offrant une grande flexibilité, en phase avec l'évolution des besoins de nos clients », énumère Udo Lange
Il s'agit de la première commande de construction neuve de le l'opérateur de chimiquiers depuis la livraison de cinq navires en 2018.
MSC Flaminia, coup dûr
Le fait saillant de l'année a été la perte du procès en appel en juillet concernant sa responsabilité dans l'incendie du MSC Flaminia en 2012. Une nouvelle juridiction américaine a confirmé le prononcé en 2018 du tribunal du district sud de New York.
Ce dernier avait estimé que l'incendie et l'explosion qui s'en sont suivis étaient le résultat d'un emballement de la réaction chimique que ne pouvait pas ignorer Stolt-Nielsen, conscient de la capacité du produit chimique à générer de grandes quantités de chaleur s'il était exposé à des températures élevées pendant une période prolongée.
Trois membres d'équipage y ont perdu la vie, dont un porté disparu, tandis que deux autres marins ont été gravement blessés. La plupart des conteneurs (de situés à l'arrière de la cale 4 ont été détruits.
Stolt Tank Containers avait 29 conteneurs-citernes à bord du porte-conteneurs de 6 750 EVP, dont trois arrimés dans la cale numéro 4. Le groupe a été mis en cause, dès 2013, par l'armateur Conti, l'exploitant du navire NSB et le transporteur maritime MSC, soutenant que les conteneurs-citernes étaient la cause de l'incendie et que l'entreprise norvégienne n'avait pas suffisamment mis en garde contre la nature intrinsèquement dangereuse de la cargaison.
La décision de 2018 avait attribué 45 % de la responsabilité à Stolt et 55 % à Deltech (qui avait également des conteneurs-citernes à bord), dégageant l'armateur, l'exploitant du navire et le transporteur de toutes responsabilités.
Le groupe avait alors provisionné la somme de 155 M$ dans ses états financiers du deuxième trimestre.
Cette affaire a relancé l'interminable débat sur le fret mal déclaré, qui serait l'une des premières sources des incendies avec explosion sur les porte-conteneurs. Les incidents se sont mulitpliés ces dernières années.
Adeline Descamps
Stolt-Nielsen a encore augmenté sa participation dans le capital de son concurrent Odfjell
Le transporteur de produits chimiques a acquis 3,2 millions d'actions d'Odfjell, portant à 13,6 % sa participation dans le capital de son concurrent Odfjell marché des chimiquiers, selon un document publié à la bourse d'Oslo. Au début de l'année, Stolt-Nielsen ne détenait que 6,29 % des actions de son rival compatriote. Lorsque l'entreprise avait franchi le seuil des 5 % en 2022, le geste avait été interprété comme un signe avant-coureur, soit d'une prise de contrôle soit d'une volonté de fusion entre les deux sociétés norvégiennes.