Maersk consolide son patrimoine logistique acquis en mode accéléré depuis 2020. Il a fait cette fois son marché en Espagne, terrain pour lequel l'armateur manifeste un intérêt discret mais très marqué, notamment en contribuant à la dynamique du port de Barcelone, proactif dans le développement de services directs de fret ferroviaire (Barcelone-Toulouse, Barcelone-Lyon).
La société de capital-investissement du groupe, A.P Møller Capital, a ainsi acquis une participation de 51 % (avant une prise de contrôle totale) dans le groupe logistique espagnol Bergé y Compañía, un acteur historique fondée à Bilbao en 1870 en tant que manutentionnaire et agent maritime.
Grande palette de services
Aujourd'hui, l'entreprise (4 000 personnes) opère dans 26 ports en Espagne et est présente en Amérique latine (Colombie et Mexique. Elle revendique 30 Mt de marchandises traités chaque année et une large palette de services : agent maritime (650 escales par an), consignation de navires ( près de 10 000 navires par an), gestion douanière, entreposage, groupage de conteneurs, transitaire de fret aérien et maritime, gestion de projets industriels (project cargo), logistique des achats (approvisionnement en matières premières), industrielle (process de production) et de distribution (gestion des commandes) ... Ses solutions logistiques s'adressent aux marchés de l'agroalimentaire, de la logistique automobile, de la sidérurgie et des papiers mais aussi l'e-commerce. En France, la société, qui se concentre sur la manutention du vrac, de marchandises générales et de pièces automobiles, opère à Bayonne (le 27e port).
Capitaliser la société
Les détails financiers de l'opération, qui reste soumise aux procédures d'autorisation préalables des autorités de la concurrence, n'ont été fournis par aucune des deux sociétés. Il reste les déclarations de circonstances : « le partenariat vise à soutenir la croissance et le développement de Bergé pour renforcer sa position de leader en Espagne et en Amérique latine et répondre à la demande croissante ». Les deux partenaires ont convenu de capitaliser la société « afin d'investir dans de nouvelles opportunités dans les années dans le domaine des infrastructures portuaires et de la logistique dans la péninsule ibérique et en Amérique latine ».
Aux termes de cet accord, Joe Nielsen, l'actuel directeur financier du véhicule financier, deviendra le président du conseil d'administration une fois la majorité des parts acquise et Jaime Gorbeña, l'actuel président du groupe espagnol, en sera sera le vice-président. Juan Aguirre, qui assure actuellement la direction générale, reste aux manettes.
Stratégie logistique basée sur des acquisitions de petite et moyenne taille
Depuis 2020, dans le cadre de sa stratégie visant à offrir un service de transport de bout en bout, l’armateur danois a investi plus de 8 Md$ afin d'acquérir des actifs dans le domaine de l’entreposage et de la distribution (Performance Team), de la gestion sous douane (KGH Customs Services), dans la distribution BtoB et BtoC (LF Logistics), du traitement de commandes pour l’e-commerce (Visible SCM, B2C Europe, Huub), de la mode et du lifestyle (ICL), de la livraison du premier et dernier kilomètre (Pilot Freight Services) et de la logistique de projet (Martin Bencher). Mais les plus emblématiques restent LF Logistics, basée à Hong Kong, et Senator International, le transitaire allemand très ancré dans le fret aérien.
Tout en défendant une stratégie logistique basée sur une croissance organique ou sur des acquisitions de petite et moyenne taille, le groupe s'est néanmoins retiré de la liste des soumissionnaires pour la reprise de DB Schenker. Maersk avait alors évoqué des difficultés d'intégration.
L'opération s'annonçait en réalité risquée au vu de ses états financiers d'alors (qui se sont nettement améliorés depuis), ses liquidités tombées à 7,3 Md$ (au 31 mars 2024, contre 11,6 Md$ un an plus tôt) et son résultat net passé des milliards aux millions (208 M$). « Notre orientation stratégique reste inchangée. Les acquisitions continuent d'être un levier important pour développer nos activités logistiques en Europe, y compris en Allemagne, et notre croissance organique dans le domaine de la logistique prend de l'ampleur », avait assuré Vincent Clerc pour pondérer le mauvais effet créé par l'abandon auprès des marchés.
Adeline Descamps
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