Vallée de la batterie électrique : où en sont les investissements sur le port de Dunkerque ?

Gigafactory de Verkor

Gigafactory de Verkor en construction à Dunkerque. Photo datant de mai 2024

Crédit photo ©EIB
En 2025, le port de Dunkerque accueillera du 1er au 3 avril le Batteries Event dont il est partenaire. Tout un symbole alors que le port nordiste, au cœur de la vallée de la batterie électrique des Hauts-de-France, est devenu une destination de prédilection pour les acteurs de la chaîne de valeur de l’électromobilité.

Dunkerque accueillera du 1er au 3 avril le Batteries Event dont il est partenaire. Tout un symbole alors que le port nordiste, au cœur de la vallée de la batterie électrique des Hauts-de-France, est devenu une destination de prédilection pour les acteurs de la chaîne de valeur de l’électromobilité. « Cela montre que nous avons bien avancé et nous permet de dire que non seulement on y croit mais aussi qu’on est prêts à accélérer au-delà des Hauts de France », commente Maurice Georges, le président du directoire (Enac, Normal Sup, Ponts et Chaussées, agrégation de mathématiques), renouvelé à la barre de Dunkerque en juillet dernier après été nommé une première fois en 2021.

En dépit d’un contexte actuellement difficile pour la filière de la mobilité électrique, illustré localement par la suspension annoncée en octobre du projet d'Eramet visant à créer une unité de retraitement hydro-métallurgique des métaux stratégiques issus du recyclage des batteries, la gigafactory de Verkor avance. D’une capacité initiale de 16 GWh par an, dont 75 % réservés à Renault pour les véhicules de la gamme Renault Alpine, la méga-usine de Verkor est en cours de construction sur la Zone Grande Industrie (ZGI) de Dunkerque-Port. Avec celles d'ACC, coentreprise Stellantis-Total-Mercedes, du groupe sino-japonais AESC-Envision et du groupe taïwanais ProLogium (également à Dunkerque), elle est l'une des quatre prévues en France. La fabrication des batteries pour voitures électriques est devenue un enjeu clé de souveraineté alors que le secteur est largement dominé par la Chine. Au total, une cinquantaine de projets de ce type ont été annoncés à l'échelle européenne ces dernières années.

Extension déjà en vue

L'entreprise grenobloise prévoit de produire ses premières batteries lithium-ion de nouvelle génération à Dunkerque d'ici la fin de l'année 2025. Elles seront principalement destinées à Ampere, la filiale 100 % électrique de Renault, son premier client. Mais d'ores et déjà, Verkor et Dunkerque-Port ont cosaisi en fin d’année dernière la Commission Nationale de Débat Public (CNDP), dans le cadre d’une extension qui nécessitera l'aménagement d'une première phase de 70 ha d'une nouvelle plateforme (ZGI 3) et située à l’Est des bâtiments actuellement en construction.

Prologium, alternative aux batteries Lithium-ion

Fondé en 2006, se présentant comme un des pionniers de la batterie solide, le Taïwanais Prologium a choisi Dunkerque pour sa première implantation en Europe. Sa capacité de production doit permettre à terme d'équiper entre 500 000 et 750 000 véhicules électriques par an selon l’objectif que l’investisseur s’est assigné. La technologie du nouvel investisseur, basée sur l’électrolyte solide, fait partie des alternatives les plus prometteuses aux batteries lithium-ion actuelles (liquides). En résumé, plus d'autonomie (plus de 700 km), plus de sécurité (moins d'incendies), plus rapide (80 % chargés en 12 minutes) et plus légère (poids réduit d’au moins 50 kg). Le projet a obtenu son autorisation environnementale et le permis de construire en décembre 2024, ouvrant la voie à une première phase de travaux à l’été 2025, compatible avec une mise en service prévue fin 2026-début 2027.

Enquête publique pour Neomat

De son côté, Neomat, nouveau nom d'une joint-venture entre l’industriel français majeur Orano et le Chinois XTC New Energy, sera soumis à une enquête publique au printemps 2025, avec une décision finale d’investissement attendue pour l’été. La première phase du projet, qui comprend un volet recyclage et surtout un de composants, se concentrera sur la construction d’une unité de production de matériaux de cathode (CAM).

En mai 2024, Enchem, leader coréen dans la production d’électrolytes pour batteries, a annoncé pour sa part un projet de construction d’une unité de production d’électrolyte et recyclage de solvants dans la ZGI. Ce nouveau développement représente un investissement de 57 M€ et prévoit la création d’environ 100 emplois d’ici 2027.

« Ces investisseurs ont choisi Dunkerque non pas seulement parce qu'il y a du foncier, comme on a pu l’entendre, mais parce que c'est du foncier qui s'intègre dans un ensemble portuaire avec une réponse en matière de logistique, d’infrastructures portuaire et maritime, de connexion par le rail et la route », insiste Maurice Georges.

Les acteurs logistiques implantés à Dunkerque contribuent aussi à la consolidation de la filière mobilité électrique, fait-il valoir. Il en veut pour preuve l’inauguration du logisticien singapourien PSA BPD, qui a inauguré en juin 2023 un entrepôt de 22 000 m² sur la zone DLI pour répondre à la demande croissante de l'industrie des batteries électriques. Le terminal Ceva Logistics de logistique de véhicules neufs, installé sur la friche industrielle de SRD au port Est, est opérationnel depuis novembre sur 10 ha. « Il offre aux constructeurs automobiles des Hauts-de-France une solution logistique fiable, compétitive et intrarégionale pour l’exportation maritime de leurs véhicules », assure le patron du port. Un investissement à mettre en perspective avec le choix de Renault d’exporter ses véhicules depuis Dunkerque.

Un exemple de décarbonation

« Les développements autour de la batterie électrique sont un bon exemple de la possibilité de substituer des tonnages décarbonés à des volumes carbonés, considère Franck Gonsse, secrétaire national du syndicat des dockers CNTPA-CFDT et conseiller régional délégué au transport multimodal. Les intrants pour les batteries vont apporter des volumes supplémentaires et des heures de travail perdus par la perte des trafics [55 ETP sur le charbon énergétique, NDLR]. Ces activités devraient générer des flux de conteneurs et de vrac ». Mais au-delà, fait-il valoir, la filière de la batterie offre des opportunités en amont pour sécuriser un certain nombre de minerais rares qui rentrent dans la composition des batteries et en aval, sur le recyclage à des fins de réutilisation.

Adeline Descamps
 

 

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