Marseille, Toulon, Fort-de-France, Reims, Strasbourg, Nice, Montpellier, Toulouse, Grenoble, Valence, Lyon, Ile-de-France, Vallée d’Arve, et Saint-Etienne. Voici la liste des localités qui ont remis leur feuille de route en matière de lutte contre la pollution de l'air. Une mission confiée aux préfets de Région en octobre 2017 par Nicolas Hulot, ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, qui avait lui-même rendu in extremis son plan national aux instances européennes. Recensant une série d’actions opérationnelles à court et moyen termes, ces plans feront l’objet d’un suivi régulier. "Je serai attentif à ce que le travail mené ces derniers mois se traduise rapidement dans les territoires", a indiqué le ministre dans un communiqué de presse.
Pour l’heure, ces seules villes sont concernées mais le Ministère entend généraliser cette démarche à tout l’Hexagone "en cohérence avec les travaux menés dans le cadre des Assises de la mobilité". Si Saint-Étienne et Lyon ne semblent pas avoir été inspirés par la thématique du transport de marchandises, dans les autres feuilles de route, plusieurs tendances se dégagent.
Chasse aux émissions sur la route
Rapidement déclinable sur le terrain, les opérations de contrôles des émissions des poids lourds devraient se muscler dans plusieurs villes à très court terme. Dispositifs de traitement des gaz d’échappement des véhicules lourds dans la Vallée d’Arve, bonne utilisation de l‘ADBlue par les transporteurs à Marseille, Nice, Toulon, et Toulouse, respect de la réglementation sur les émissions par les centres de contrôle technique PL à Marseille, Nice, Toulon et Fort-de-France.
D’autres dispositions devraient également émerger selon les spécificités locales. À Valence, c’est le contrôle de vitesse sur un tronçon del’A7 suite à l’abaissement de vitesse à 90 km/h au lieu de 110 km/h qui devrait se faire par l’implantation d’un radar. Toujours à Valence, les contrôles ponctuels seront également rapidement renforcés sur les poids lourds. À Fort-de-France, c’est le bachâge des camions de transport de matériaux de carrières qui sera dans le viseur des agents, prioritairement en sortie de carrières.
Limitation et redevance
Autre sort réservé aux PL : la taxation. En effet, Marseille et Toulon envisagent de mettre en place une redevance poids lourds destinée à prendre en charge les externalités du transport routier de marchandises. Portée par la Région, l’échéance de ce projet est fixée à 2019-2020. "Les ressources collectées seront affectées aux investissements permettant d’encourager le report modal mais aussi l’accompagnement des transporteurs pour l’acquisition de camions à faibles émissions", indiquent les deux feuilles de route.
Pour l’heure, deux études doivent démarrer cette année pour la définition du dispositif et de l’outil régional de financement des infrastructures de transport. De son côté, Nice souhaite limiter l’impact environnemental des poids lourds en limitant leur circulation et la livraison sur la promenade des Anglais.
La décarbonation du maritime
Pour réduire la pollution, certaines villes axent leur stratégie sur le transport maritime. Pour Nice comme pour Marseille, le gouvernement a confié il y a un an à l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS) une étude préalable au dépôt d’un dossier devant l’OMI pour la création d’une zone à "basses émissions" en Méditerranée. Cette zone devrait contraindre les navires à utiliser des combustibles marins ayant une teneur en soufre de 0,1 % et inclurait également des restrictions en matière d’émissions d’oxyde d’Azote et de particules fines.
En parallèle, le Grand port maritime de Marseille (GPMM) compte poursuivre la mise en place de son dispositif de branchement électrique des navires à quai. Montant de l’investissement : 8,5 M€. En test avec la Compagnie Méridionale de Navigation (CMN) depuis 2016, trois navires sont actuellement branchés 30 minutes après le débarquement et débranchés 2 heures avant l’appareillage. Pour l’heure, les économies sont chiffrées entre 2 à 4 tonnes de fioul par navire et par escale quotidienne. Après la CMN, Corsica Linea va également équiper 3 de ses navires de ce système de branchement.
Autre chantier du GPMM : encourager les armateurs à utiliser des carburants marins plus vertueux comme le GNL ou de s’équiper d’un système de traitement des fumées des moteurs auxiliaires produisant de l’électricité à bord pour nettoyer en sortie de cheminée des principaux polluants atmosphériques. À la clé, une prime pouvant atteindre 10% de réduction sur les droits de port.
Des hubs urbains
Dernière tendance de fond : l’intégration du transport et de la logistique dans les politiques locales. Après avoir fait évoluer sa charte livraison en centre-ville et initié une délégation de service public (DSP) du complexe MIN-Centre routier de Fondeyre prévoyant le développement de fonctionnalités dédiées à la logistique en 2017, Toulouse Métropole veut passer à la vitesse supérieure avec un plan de déplacement de marchandises (PDM) dont elle compte valider le plan d’action fin 2019 et une mise délibération en 2020.
Autre option, celle choisie par Strasbourg qui va poursuivre son expérience d’usage de véhicules propres en centre-ville sur les deux prochaines années avec de nouveaux services de mutualisation et de livraison en véhicules propres, en vélos-cargos, et par la voie d’eau.
Forte d’une première expérience de zones à basses émissions (ZBE) lancées début 2017, la ville de Grenoble souhaite faire émerger une ZBE marchandises à court terme pour l’étendre ensuite aux communes d’Échirolles, Eybens, Grenoble, La Tronche, Poisat, Pont-de-Claix, Saint-Égrève, Saint-Martin-d‘Hères et Saint-Martin-le-Vinoux.
La création d’espaces logistiques urbains supplémentaires en zone dense et connectés à ceux de La Chapelle et Bercy est la piste retenue par la région Ile-de-France. A Reims, un projet d’espace logistique urbain est aussi à l’ordre du jour et des réunions de travail pour en étudier la faisabilité sont prévues cette année avec la Communauté urbaine du Grand Reims. Enfin, Montpellier entend aussi surfer sur cette vague avec l’élaboration d’un schéma directeur de la logistique en 2019 et la poursuite voire l’extension de l’activité de son espace logistique urbain né en mai 2017.