25 ans après la tragédie de l’incendie du tunnel du Mont-Blanc, l’Université de Technologie de Graz (Autriche) à travers son étude HyTRA*, s’est attachée à comprendre les risques potentiels liés aux incendies de véhicules à hydrogène dans les tunnels. Les propriétés physico-chimiques de cet élément hautement inflammable et explosif soulèvent en effet des questions de sécurité, particulièrement en cas d’incident dans les espaces confinés.
Jusqu’à 2 000 °C
Pour l’étude, les auteurs ont pris pour référence l’un des seuls camions à hydrogène en exploitation, le Hyundai Xcient Fuel Cell, qui peut embarquer jusqu'à 1342 litres d'hydrogène, répartis dans 7 réservoirs de 192 litres chacun, soit environ 32 kg d'hydrogène au total. Cette quantité importante d'hydrogène concentrée représente un défi majeur en termes de sécurité en cas d’accident. Une fuite ou un incendie peut en effet libérer rapidement une grande quantité d’énergie, avec des flammes atteignant plus de 2 000 °C. A titre de comparaison, l’incendie d’un camion frigorifique diesel au tunnel du Mont Blanc, en mars 1999, avait duré près de 53 heures, avec une température atteignant 1 000 °C, entraînant la mort de 39 personnes. L'analyse des scénarios d'incidents impliquant des véhicules à hydrogène révèle des risques spécifiques, notamment les jets de flammes d'hydrogène, la rupture de réservoir et les explosions de nuages d'hydrogène. Bien que ces incidents soient actuellement peu probables en raison du faible nombre de véhicules à hydrogène en circulation, et des mesures de renforcement des réservoirs, les conséquences potentielles sont significatives.
Identification des véhicules
Les auteurs proposent des mesures préventives, à commencer par la mise en place d'un système d'identification rapide des véhicules à hydrogène. Une information cruciale pour les services de secours en cas d'urgence. Plusieurs options sont envisagées, allant de marquages visuels sur la carrosserie à des systèmes de communication véhicule-infrastructure (via le boîtier de télépéage par exemple). La détection rapide des incidents est un autre axe majeur. L'étude recommande l'installation de systèmes de détection thermique pour repérer les départs de feu, ainsi que des dispositifs de détection de congestion (vidéo automatique ou détection acoustique). Ces mesures visent à prévenir les risques d'explosion immédiate due à un impact mécanique et à maximiser le temps disponible pour l'évacuation et l'intervention des secours. Les chercheurs préconisent également des améliorations techniques des véhicules eux-mêmes. Ils recommandent d'orienter les dispositifs de décompression thermique (TPRD) vers la surface de la route pour les voitures particulières, ou vers le plafond pour les bus et camions. Ce dispositif de décharge permet d’évacuer rapidement la totalité du réservoir mais son activation rapide en cas d’incendie peut entraîner une ignition immédiate de l'hydrogène, créant un jet de flamme intense. Une technologie prometteuse de réservoir "auto-ventilé", encore au stade de la recherche, pourrait éliminer le besoin de TPRD et améliorer considérablement la sécurité.
Enfin, l'étude souligne que les mesures générales d'amélioration de la sécurité routière contribuent également à réduire les risques liés aux véhicules à hydrogène. Les limitations de vitesse, en particulier lorsqu'elles sont associées à des mécanismes d'application comme le contrôle de section, s'avèrent particulièrement efficaces. Le contrôle des distances de sécurité est également recommandé.
* Étude publiée à l’occasion de la 12eme conférence internationale sur la sécurité des tunnels (avril 2024).