Produire du froid durant la livraison des produits sans consommer de gazole, et donc sans émettre de CO2, de NOx ou de particule : un défi que relèvent les groupes frigorifiques électriques couplés à des essieux à récupération d’énergie. Des dispositifs proposés notamment par Carrier Transicold et Thermo King. Tous deux ont monté des partenariats avec des fabricant d’essieux.
Carrier Transicold a fait appel à Valx et Saf Holland pour équiper sa solution Vector eCool, tandis que le Thermo King AxlePower de l’entreprise éponyme intègre l’essieu e-Power de BPW. Ces deux solutions dédiées aux semi-remorques fonctionnent selon le principe suivant : les systèmes électriques de réfrigération sont alimentés avec l’énergie cinétique récupérée lors du freinage ou de la décélération. Point important, l’installation de ces essieux ne modifie pas les processus habituels des carrossiers-constructeurs qui sont indépendants des tracteurs.
Économiser du diesel
En témoigne BPW avec son e-Power, un essieu qui intègre deux générateurs pour délivrer deux fois plus de puissance. Ce dispositif équipe le groupe frigorifique Thermo King AxlePower qui équipera les semi-remorques hybrides ou électriques dans le second semestre 2023, indique le constructeur. Outre ses deux générateurs, l’essieu dispose d’une gestion intelligente de l’alimentation, qui vérifie que le système de refroidissement dispose de suffisamment de réserves de batterie.
De plus, il offre aux conducteurs et au gestionnaire de flotte une visibilité des performances en temps réel. « Enfin, en opération stationnaire, le pack batterie fournit une autonomie moyenne de cinq heures de réfrigération, selon la taille de la batterie et le point de consigne », indique Romain Espinasse, directeur commercial de BPW France. Ce dernier estime que le système Thermo King AxlePower engendre pour les flottes une économie de 4 000 litres de diesel par an et par véhicule. À cela s’ajoute le gain opérationnel. Comme le système de refroidissement utilise l’électricité, il n’émet pas de bruit. Ce qui permet aux véhicules électriques concernés de livrer de nuit ou très tôt le matin dans les ZFE et les centres-villes. De quoi échapper ainsi aux embouteillages de la journée. Des arguments que délivre aussi Carrier Transicold avec son système Vector eCool qui équipe d’ores et déjà 200 véhicules en Europe et en Australie.
Un système à trois composantes
Cette solution autonome et sans moteur repose sur trois éléments, à savoir : un groupe frigorifique électrique, en l’occurrence le Vector H19, une batterie de stockage délivrée par Carrier et un essieu à récupération d’énergie. Pour l’heure, la version commercialisée par Carrier Transicold utilise l’essieu de Valx. Un autre système, en cours de finalisation, sera également commercialisé. Il s’agit du Saf Trackr fourni par Saf Holland. Ce dernier intègre en son centre une génératrice d’une puissance de 20 kW équipée notamment d’une boîte de vitesses et de deux arbres de transmission qui convertissent l’énergie cinétique en énergie électrique. « Comparé à un groupe frigorifique alimenté par moteur diesel, le surpoids lié à notre essieu à récupération d’énergie, à la batterie et aux accessoires dédiés n’est que de 70 kg environ », fait valoir Jean Baghdad, directeur général de Saf Holland France qui travaille, entre autres, avec les carrossiers Chéreau et Lamberet. Pour l’heure, son essieu en est au stade de prototype de présérie. Il devrait être commercialisé d’ici la fin septembre de cette année. Actuellement, le Saf Trackr est testé sur des semi-remorques dans le cadre d’une expérimentation menée depuis un an par Carrier Transicold qui avait démarré cette campagne avec l’essieu de Valx. Au total, 34 distributeurs et transporteurs français ont ainsi expérimenté pendant quinze jours deux semi-remorques réfrigérées de 27 et 33 palettes équipées d’essieux à récupération d’énergie. Ces véhicules ont parcouru 80 000 km et économisé 1 860 litres de carburant. « Cela représente une réduction de 75 % d’émissions de CO2 », fait savoir Zoran Mancic, directeur commercial de Carrier Transicold dont l’expérimentation se poursuit cette année.
