Si les grands véhicules autonomes semblent avoir le vent en poupe, le sort des petits robots de livraison est moins enviable. La mode de ces droïdes urbains n'a pas résisté à la crise post-Covid, comme en témoigne l'expérience de La Poste en France. "Nous avons expérimenté il y a 5 à 6 ans des robots suiveurs, qui accompagnaient les facteurs lors de leur tournée à une vitesse de 6km/h. Nous nous sommes rendus compte que cette solution n'était pas efficace, les robots avaient du mal à monter sur les trottoirs par exemple", explique Jean Louis Carrasco, directeur logistique urbaine à La Poste. Le groupe a également testé des robots de livraison autonomes d'une contenance de 1 m³ en collaboration avec la Métropole de Montpellier, mais attend qu’un retour d’expériences soit finalisé avant d’aller plus loin sur le sujet. Ce constat est partagé par d'autres acteurs majeurs du secteur : Amazon a cessé d'utiliser son robot Scout fin 2022, suivi de près par FedEx qui a remisé son droïde Roxo au placard. Ces échecs s'expliquent principalement par un manque de rentabilité et de productivité, ainsi que par les difficultés techniques rencontrées en milieu urbain.
Vers des entrepôts mobiles autonomes ?
La Poste réoriente sa stratégie vers des solutions plus adaptées à ses besoins, dans une optique BtoB plutôt que BtoC. Le groupe va ainsi tester à La Rochelle un Renault Master autonome, dont le logiciel a été développé par la société française Milla. Ce véhicule sera chargé d'approvisionner 6 à 8 facteurs au cours de leurs tournées à partir de septembre 2024, d'abord avec un opérateur à bord, puis à distance. "La Poste a complètement renouvelé sa flotte pour les derniers kilomètres en centre-ville, avec l'abandon progressif des VUL qui sont remplacés par des vélos cargos. Mais passer de 8 m³ à 1 m³ oblige à multiplier les petits entrepôts en centre-ville pour continuer les tournées, et le foncier coûte cher.
Dès lors, l'une des pistes de réflexion porte sur l'utilisation de véhicules autonomes afin de les utiliser comme des entrepôts mobiles, capables d'approvisionner les facteurs au cours de leurs tournées", explique Jean Louis Carrasco. Cette approche innovante pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour l'utilisation de véhicules autonomes dans la logistique urbaine, en combinant les avantages de l'automatisation avec la flexibilité nécessaire à la distribution du dernier kilomètre.
