« Il y a deux mots d’ordre : anticipation et réactivité », confirme Olivier Mirio, Sales et Marketing director chez XPO Logistics (7 000 collaborateurs – 3 000 véhicules - 1,217 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2023). En juillet aussi, l’entreprise connaît un pic d’activité, notamment dans la distribution à la palette. « Nous nous y préparons depuis près d’un an avec un groupe de travail spécifique en interne dont le noyau dur est composé d’une dizaine de personnes. Nous avons également interrogé nos clients sur leurs attentes et besoins et organisé un webinaire le 14 mai (100 clients inscrits) pour expliquer en détail la manière dont nous avons anticipé cet événement. » Les équipes dédiées à la relation client, qui font l’interface entre l’exploitation et les clients, ont également été renforcées avec 10 à 20 % de personnes supplémentaires.
Une période qui s'annonce critique
Au moment de la cérémonie d’ouverture, l’activité sera également très forte chez Heppner. « La période s’annonce critique », craint Sébastien Loddé, directeur de la Messagerie France, qui ajoute : « Nous avons sollicité nos clients avec de faire le point sur leurs prévisions pendant les JO mais force est de constater que c’est difficile d’avoir une image fidèle. Nous nous attendons à avoir une légère augmentation des volumes, notamment en pharma, mais c’est difficile de la quantifier précisément. Peut-être 10 % », estime-t-il avec prudence. Chez Heppner, aussi, l’anticipation a été de rigueur. Depuis l’été 2023, un groupe de travail pluridisciplinaire, mêlant des compétences RH, juridique et marketing, aux côtés des opérationnels, s’est mis à l’œuvre pour travailler sur les JO. « Par exemple, il a fallu réorganiser les congés, anticiper certains, en décaler d’autres, afin d’avoir les ressources humaines nécessaires. » Cette restriction de congés va concerner essentiellement l’agence de La Courneuve proche du village olympique (où 54 personnes œuvrant en messagerie nationale sont concernées sur 64 salariés) et celle de Rungis (15 à 20 personnes concernées).
Être "ultra-flexible"
« Il va falloir être ultra flexible », renchérit Guillaume Robert, directeur des Transports Bon, une entreprise de 60 salariés (dont 54 conducteurs) qui partage ses activités entre le transport vrac et l’acheminement de matières dangereuses, notamment (60 moteurs et 100 cartes grises). Pour cette entreprise implantée à Vaudherland (95), le trafic en Ile-de-France représente les trois quarts de l’activité. « Nous appréhendons difficilement cette période à venir et nous nous demandons ce qu’il va bien nous tomber dessus. Je crains que l’État ne change les règles au dernier moment. Nous verrons bien comment nous travaillerons. Il y aura certainement des changements d’un jour à l’autre. Nous devrons improviser et faire preuve d’une grande flexibilité. Il va falloir s'adapter au mieux », anticipe le transporteur tout en déplorant « des messages contradictoires » entre les autorités publiques. Et pour lui aussi il sera difficile d’anticiper le volume d’affaires durant cette période estivale. « La majorité de nos clients sont dans le flou. Quasi aucun a la capacité de nous dire leurs besoins. »
Nouvelle organisation
Malgré tout, l’entreprise essaye d’avancer ou de décaler certaines livraisons et a d’ores et déjà réfléchi à une nouvelle organisation du travail. « A minima, 40 % des conducteurs sont habituellement en vacances durant cette période. Du coup, nous leur avons demandé de décaler leurs congés ou d’en prendre moins. Aurons-nous prévu trop ou pas assez de personnes ? Nous ferons alors comme nous pourrons avec les moyens que nous aurons. » Mais il est certain que les Transports Bon, comme d’autres, vont devoir allonger les kilomètres parcourus et mettre plus de temps à livrer. Ce qui n’est pas sans impacter ses coûts.
Chez Delisle aussi on s’organise. Voilà un an que les équipes ont commencé à se pencher sur le sujet, d’après Antoine Colas, le directeur opérationnel, selon qui l’activité vrac en bennes sera la plus impactée pendant les JO. De plus, d’un point de vue organisationnel, la période s’annonce problématique dans les marchandises conditionnées, une activité pour laquelle le groupe compte de nombreux clients en région parisienne. Car 30 % des conducteurs (sur 110 personnes) sont habituellement absents (congés, arrêts) en juillet. Un chiffre qui grimpe à 45 % en août.
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