JO : un fort impact sur les transporteurs fluviaux

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Crédit photo Étienne Berrier
La flotte parisienne de bateaux à passagers est mobilisée pour la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, qui met la Seine à l’honneur. Les JO, au cours de l’été, vont cependant perturber la navigation fluviale, tant pour le fret que pour le tourisme. Avec, peut être, un bénéfice d’image à long terme ?

La parade nautique de la cérémonie d’ouverture a été précédée d’une semaine complète d’interdiction de la navigation fluviale dans Paris. Tout au long de l’été, de multiples restrictions de navigation vont continuer à s’appliquer aux bateaux dans le bief de Paris. (lire notre article à ce sujet).
Le vendredi 26 juillet, la navigation reprendra de la plus belle des façons, avec une centaine de bateaux participant à la cérémonie d’ouverture, descendant la Seine sur 6 km, du pont d’Austerlitz au pont d’Iéna.

Quels bateaux pour la cérémonie d’ouverture des JO ?

« La flotte parisienne constitue l’essentiel des bateaux qui descendront la Seine le 26 juillet », indique Olivier Jamey, président de la Communauté portuaire de Paris (CPP). « Les deux tiers de la flotte parisienne seront mobilisés pour la cérémonie d’ouverture, Au total, elle rassemblera une centaine de bateaux dont la très grande majorité provient du bief de Paris. Seule une poignée de bateaux viendront de la Seine aval. »
La CPP avait poussé depuis des années le sujet du verdissement de la flotte parisienne en vue des JO, et a tenu l’objectif de 40 bateaux remotorisés qu’elle s’était fixé. Cela a aussi été, pour le comité d’organisation des JO comme pour l’État, un critère dans le choix des bateaux participants à la parade, le critère majeur restant d’avoir un pont extérieur pour que les athlètes soient vus, ce qui a conduit à exclure un certain nombre de bateaux.
En amont du pont d’Austerlitz, une zone d’embarquement de 3,5 km est prévue, constituée de petits pontons adaptés aux différents types de bateaux, qui y ont été installés pour l’occasion. Une zone de débarquement similaire a été installée en aval du pont d’Iéna.

« Les bateaux vont battre la mesure du spectacle »

Cette descente de Seine par les délégations olympiques a nécessité quelques répétitions, dont la dernière s’est tenue le 17 juillet. Des répétitions d’autant plus importantes que la parade nautique constituera à la fois le défilé des athlètes et le spectacle, qui constituent d’habitude deux moments distincts des cérémonies d’ouverture des JO.
« Ce n’est pas un pilotage individuel, mais collectif, précise Olivier Jamey. Comme la batterie dans un orchestre, les bateaux vont battre la mesure du spectacle dont le rythme sera déterminé par le passage des bateaux, qui doit être réglé à la seconde près. »
Les professionnels de la navigation habitués au bief de Paris et au passage de l’île Saint-Louis et de l’île de la Cité ont l’habitude d’une forte densité de bateaux. Il devront mettre ici tout leur savoir-faire en œuvre.

Une saison de forte activité fluviale

Les Jeux olympiques interviennent au cœur de l’été, au moment où l’activité est habituellement la plus forte sur la Seine, tant pour le transport de passagers avec l’afflux de touriste que pour le transport de marchandises avec la descente des céréales vers les silos d’exportation de Rouen à l’issue des moissons.
Les représentants des transporteurs fluviaux ont travaillé à réduire les contraintes que représentent les Jeux pour le secteur fluvial. Des zones de stationnement pour les bateaux ont été définies par VNF en amont et en aval de Paris, qui sont utilisées pendant l’interdiction de navigation. « Cela permet de prépositionner les bateaux, afin qu’ils puissent reprendre au plus tôt leur navigation après la cérémonie d’ouverture, indique Didier Léandri, président d’Entreprises fluviales de France (E2F).
Un système de réservation a été mis en place pour les zones de stationnement. Pour les bateaux chargés des céréales, un créneau de navigation a été prévu pour qu’ils puissent traverser Paris dès la nuit suivant la cérémonie d’ouverture, avant même que tous les éléments installés en Seine pour celle-ci soient démontés.

Des plans de transport perturbés

L’interdiction complète de navigation avant la cérémonie d’ouverture et les arrêts ponctuels chaque matin pour les entraînements ou les épreuves ne seront cependant pas sans conséquences sur le transport fluvial. « On s’attend à ce que les opérateurs perdent jusqu’à un tour dans le mois, avec des conséquences économiques très importantes pour les entreprises fluviales », prévoit Didier Léandri.

Une commission d’indemnisation critiquée

Ainsi, un bateau qui ferait quatre allers-retours par mois entre la Seine amont et la Seine aval n’en ferait plus que trois. Ces perturbations annoncées sur les plans de transport et les pertes de chiffre d’affaires qui en résultent pour les transporteurs devraient les conduire à se tourner vers la commission consultative d’indemnisation mise en place pour l’occasion, et dont la conseillère d’État Dominique Laurent a été nommée présidente le 7 juin.

4 M€ de perte d’activité prévue

La commission pourra être saisie par chacune des entreprises ayant subi des pertes, mais son mode de fonctionnement ne satisfait pas entièrement Didier Léandri : « les modalités de saisine sont en train d’être définies, mais on sait déjà qu’elle ouvrira à partir du mois de septembre et qu’elle ne pourra statuer qu’en 2025, ce qui ne réglera pas les problèmes immédiats de trésorerie des entreprises. » E2F estime que les entreprises fluviales pourraient perdre 4 M€ de chiffre d’affaires du fait des Jeux olympiques. Un premier chiffre qui devra être affiné par la suite.
La commission d’indemnisation n’apporte pas non plus de garantie d’indemnisation, ce que déplore Olivier Jamey : « Il s’agit de moyens ordinaires d’indemnisation, avec une procédure qui sera cependant plus rapide qu’en cas de saisine du tribunal administratif. Une rapidité qui reste toute relative, alors qu’il s’agit de petites entreprises où la question de la trésorerie peut vite devenir préoccupante. »

Les bateaux à passagers très impactés

Paradoxalement, les bateaux à passagers, qui paraderont pendant la cérémonie d’ouverture, ne tireront pas forcément leur épingle du jeu. Déjà mobilisés à l’occasion des répétitions, ils ont perdu la clientèle de passage avec la mise en place du pass, pour accéder aux berges de Seine et endurent actuellement une semaine d’arrêt de leur activité au plus fort de la saison, à une période où les bateaux sont habituellement pleins.
« Ce n’est pas une bonne opération, résume Didier Léandri. Il y aura probablement un effet d’image, avec peut être à long terme des retombées pour la filière. Mais la participation à la parade n’est pas quelque chose de très rémunérateur. Les compagnies perdent de l’argent car les contrats ne couvrent pas les pertes d’activité. »
Après la cérémonie d’ouverture, les arrêts de navigation pour les épreuves de nage ont lieu le matin, pour moins perturber l’activité des bateaux à passagers parisiens. Mais il ne pourra pas y avoir de report de la clientèle sur les départs ultérieurs, les bateaux étant déjà habituellement pleins l’après-midi en juillet et août.
« Nous avons travaillé depuis 2017 à réduire les contraintes, rappelle Olivier Jamey. La tenue des entraînements et des épreuves le matin est certes moins pénalisant que si ça avait eu lieu plus tard en journée. Mais un arrêt de navigation d’une semaine à une période aussi cruciale, c’est beaucoup pour les entreprises concernées même si c’est peu à l’échelle d’un évènement international où la Seine est mise en avant. »

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