Vous avez aménagé un camion pour l’un de vos conducteurs qui a dû être amputé de la jambe droite. Pouvez-vous rappeler le contexte ?
Franck Guiomar : J’ai embauché ce conducteur il y a une quinzaine d’années. Suite à une tumeur au mollet, il a été amputé de la jambe droite il y a plus de deux ans. Il fallait absolument trouver une solution pour qu’il reprenne le volant. Un an de démarches a été nécessaire pour y arriver. Après deux mois à mi-temps thérapeutique à faire du transport en local, une activité trop contraignante pour lui (jusqu’à 45 montées et descentes du véhicule), il fait désormais du long-courrier vers les pays limitrophes à la France.
Quels aménagements ont été réalisés ?
F.G. : Nous avons aménagé un tracteur Scania avec le garage Bertrand situé à Verne-sur-Seiche (35) spécialisé dans l’adaptation des véhicules pour les personnes à mobilité réduite. En parallèle, le développement de ce projet a été mené avec Berroyer (85) pour adapter la semi-remorque à fond mouvants et faire du sur-mesure. Plusieurs aménagements ont été réalisés : un escalier à l’arrière de la remorque avec une main courante, un système pour faciliter l’arrimage des cargaisons, une caméra pour surveiller le chargement, un double système de pédales...
Quelles sont les difficultés rencontrées ?
F.G. : Ce projet a mobilisé plusieurs acteurs, l’Agefiph (association de gestion du fonds pour l'insertion des personnes handicapées, ndlr), la médecine du travail, le médecin traitant de notre conducteur ainsi que le Centre Mutualiste de Kerpape (établissement de soins de suite et de réadaptation, ndlr)..., et tous devaient se mettre autour de la table. Il y a aussi une certaine lourdeur administrative. C’est laborieux ! Certes nous avons été accompagnés mais nous aurions souhaité être davantage soutenus financièrement. Ça a été le parcours du combattant pour décrocher des aides. Le montant de ces aménagements s’élève à 35 000 euros et seulement la moitié a été prise en charge par l’Agefiph. Je suis fier et heureux d’avoir donné sa chance à un travailleur handicapé mais force est de constater que le coût de revient de ce véhicule est plus cher. De plus, le camion est équipé depuis trois mois et nous n’avons toujours pas obtenu de remboursement de l’Agefiph. Le conducteur a dû quant à lui régulariser son autorisation de conduire. Et nous avons dû également prendre à notre charge la visite médicale d’un montant de 300 euros. En revanche, l’une des responsables de Kerpape qui a fait le lien entre le conducteur et les différents organismes a été d’une grande aide et d’un réel soutien.