Intérim : “Nous sommes revenus à des contrats plus courts”

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Jean-Charles Fortier, pilote de Lip Mantrans.

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Dans une année compliquée pour les entreprises de transport routier de marchandises, le secteur de l’intérim en ressent les effets, observe Jean-Charles Fortier, pilote de Lip Mantrans, filiale transports qui représente 20% de l’activité du groupe Lip (468 millions d’euros en 2023).

Comment se porte votre activité dans le transport et la logistique ?

Quatre ans après l’intégration de Mantrans dans le groupe Lip, notre branche transport et logistique comptera 42 agences fin 2024 -contre 39 l’an dernier et 104 permanents. Nous faisons travailler chaque jour 2000 à 2200 intérimaires, à 80 % en conduite et prévoyons de boucler l’année avec un chiffre d’affaires de 95 millions d’euros. Nous progressons de manière mécanique grâce aux ouvertures d’agence et l’extension du réseau… Mais les difficultés du secteur ne nous échappent pas.

Comment percevez-vous l’activité des transporteurs de la région en 2024 ?

Je la perçois comme compliquée, étant donné les retours des clients et ceux des équipes. Et malgré notre progression, malgré la pénurie de conducteurs, nous sommes revenus, dans l'intérim, sur des petits contrats. L’intérim vient plutôt compenser des manques ponctuels, pour répondre à de l’absentéisme ou des pics d’activité, plus en dernière minute. Les TPE l'utilisent beaucoup moins, voire plus. Nous voyons beaucoup moins d’intérim structurel comme nous avions pu le construire dans le partenariat ces dernières années. Une intérim qui anticipe, co-construit des programmes de formation pour des métiers. On pouvait alors considérer qu’une entreprise pouvait avoir une partie de ses effectifs, 5 à 6%, en intérim. Mais les besoins ont diminué, les entreprises sont en difficulté, quand il n’y a pas de défaillance.

Quel est l’effet pour vous ?

Comme les contrats courts sont plus nombreux, cela multiplie le travail administratif et de paie. Par ailleurs, cela nous rend plus difficile la fidélisation de nos conducteurs. Et, comme les acteurs du secteur, nous avons les mêmes problématiques de recrutement. En Auvergne Rhône-Alpes, grande région pour le transport et la logistique, nous avons eu une augmentation des embauches par nos clients, certains intérimaires, qui pourtant refusaient les embauches, cherchent à sécuriser leur emploi. Cela ne nous empêche pas de poursuivre nos efforts pour fidéliser nos conducteurs. Nous avons lancé depuis un mois auprès de nos CDI intérimaires et conducteurs fidèles, des formations à la conduite économique. Avec l’objectif d’en former 30 % en 2025. Nous lançons aussi une spécialisation transport de voyageurs, avec deux structures en région parisienne et une à Lyon. Comme dans le transport de marchandises, il manque des milliers de professionnels en France, 10 à 11 000.

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