Prévention auprès des salariés : « Les addictions ne doivent plus être taboues »

Sylvie Plotton, conseillère à la FNTR

Crédit photo Florence Roux
Parler d’addictions dans l’entreprise est difficile mais aussi essentiel. Des outils peuvent aider, comme l’explique Sylvie Plotton, de la FNTR, lors de la conférence sur les addictions au travail organisée le 9 octobre à Lyon sur le salon Preventica par Addict'Aide, association d’information et d’accompagnement contre les addictions.

L’Officiel des transporteurs : Que sait-on de la présence des addictions dans le transport routier de marchandises ?

Sylvie Plotton : Fin 2022, la FNTR a mené avec l’agence nationale d’amélioration des conditions de travail, l’Anact (*), une enquête auprès de l’ensemble des adhérents pour recueillir les situations vécues en entreprises et les répercussions sur la vie de l’entreprise. Parmi les 631 réponses, plus de 90% des dirigeants étaient conscients que cette problématique les concernait, qu’elle est présente dans leur entreprise comme dans la société. Par ailleurs, 79 % déclaraient avoir informé leurs salariés des risques et des règles relatifs à l’usage de l’alcool, de drogues, de psychotropes et même des écrans et 36 % d’entre eux avoir déployé des actions en résonance avec les facteurs favorisant. Dans le transport, la majeure partie du personnel, les roulants, ne sont pas dans l’entreprise et la solitude ou le stress peuvent les exposer plus à des addictions. Le tabac ou l’alcool, mais aussi aujourd’hui, les écrans.

OT : Comment les écrans constituent-ils un risque pour les conducteurs ?

S.P. : Les écrans sont de superbes outils dont les entreprises se sont emparées pour la gestion de l’information. Mais il faut aussi prendre en compte la montée des jeux en ligne, très addictifs… Cela donne pour le conducteur des injonctions contradictoires : il doit être disponible pour communiquer avec son entreprise, mais éviter d’utiliser les écrans pour jouer, par exemple.

OT : Que faire ?

S.P. : Anticiper, connaître et se tourner vers les outils qui existent. Dans la continuité de notre enquête, notre fédération a signé une charte Esper avec la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Midelca). Ce partenariat nous permet d’ouvrir à tous les adhérents une base de données supplémentaires sur les addictions. Les entreprises les plus grandes peuvent être elles-mêmes signataires de la charte. Les plus petites ont un accès direct à de très nombreuses fiches d’action très pratiques, très pédagogiques. Nous avions organisé un webinaire avec nos adhérents.

OT : Quelles premières actions mettre en place ?

S.P. : Plutôt que des diagnostics, il importe avant tout d’en parler, notamment dans les instances de représentation, de nommer des personnes relais. Les addictions ne doivent plus être taboues et les salariés concernés ne doivent pas se sentir coupables, mais susceptibles d’être aidés. Les responsables pourront se tourner vers les services de médecine du travail. Et bien sûr, une telle démarche ne gagnera en crédibilité que dans la mesure où les entreprises seront engagées, déjà, en amont, dans des démarches globales de santé-prévention-sécurité au travail.

* Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail

 

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