Les vracs liquides vont rester essentiels sur l’axe Méditerranée Rhône-Saône

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Les vracs liquides pèsent lourds dans les trafics de Marseille-Fos et sur l’axe Méditerranée-Rhône-Saône, où est implantée la vallée de la chimie. Et même si la « décarbonation » est une priorité, ils vont le rester à l’avenir car ils constituent toujours des matières premières essentielles.

Les chiffres. A Marseille-Fos, les vracs liquides ont atteint 45,3 millions de tonnes en 2022, soit 58 % du total de 77,3 millions de tonnes de trafic de ce grand port maritime, et loin devant les vracs solides (11,3 millions de tonnes). Les vracs liés aux énergies (GNL, produits pétroliers raffinés, GPL, pétrole brut) représentent une part écrasante (environ 90 %), ceux de la chimie tournent aux alentours de 10 %. Les terminaux dédiés aux vracs liquides, ce sont 30 postes à quai. Trois des terminaux sont privés (Kem One, LyondellBasell, Elengy) et les autres publics (Fluxel).

« Marseille constitue ainsi le premier port français pour les vracs liquides devant Haropa Port sur la base des trafics de 2022 et le troisième en Europe après Rotterdam et Anvers. Amsterdam nous talonne mais ce port ne publie pas ces résultats », souligne Marc Lazzaretto, chef du service filières vracs solides et liquides.

Evolution plutôt que disparition. Pour Cédric Morot-Bizot, directeur général de CFT Gaz et président de la commission vracs liquides de l’Union maritime et fluviale (UMF), « les vracs liquides sont très importants au port de Marseille-Fos et ils vont muter avec des changements assez importants avec la décarbonation, il faut s’y préparer, les acteurs s’y préparent déjà d’ailleurs. Mais il faut aussi dire que c’est un secteur qui ne disparaîtra pas ».

Un avis partagé par Jean-Michel Diaz, président du groupement maritime et industriel de Fos (GMIF) et directeur Sud Paca Corse de Total Energies : « Nous sommes à un tournant où l’on peut créer le Rotterdam méditerranéen de la décarbonation et de la transition énergétique. Le déploiement de l’industrie du futur va créer de nouveaux flux pour Marseille-Fos et notamment des flux liquides avec de l’hydrogène bas carbone, des carburants de synthèse à base d’éthanol ou d’ammoniac, du CO2… Il y a des opportunités devant nous pour assurer la transition des vracs liquides liés aux hydrocarbures fossiles, qui vont être encore là pour un bon nombre d’années, mais c’est aujourd’hui qu’il faut travailler à accompagner l’évolution. La transformation est possible et elle continuera à maintenir des flux sur le grand port maritime de Marseille ».

Du côté de l'axe fluvial

Une vallée de la chimie sur 300 km. Sur l’axe fluvial Rhône-Saône, les flux pour la chimie atteignent 580 000 tonnes (à comparer à 130 000 tonnes pour les engrais solides). La première filière compte les sites de Tavaux, Collonges, Feyzin-Saint Fons, Condrieu, Salaise, pour la deuxième Arles, Salaise, Chalon, Pagny, sur 300km du Nord au Sud avec Marseille-Fos comme porte d’entrée. « Pour faire progresser la chimie sur cet axe fluvio-maritime, nous avons fait réaliser une étude en 2018 dont les données et les préconisations restent pertinentes compte tenu qu’ont suivi les années Covid, au cours desquelles aucune action n’a pu être menée », indique Olivier Galisson, responsable transport et logistique pour France Chimie.

Une étude mais peu d'actions encore. Cette étude fournit une photographie de la situation, définit des flux potentiels pouvant être transférés sur le fleuve (« fluvialisables »), plus globalement, s'interroger sur comment développer le report modal de la route vers les modes massifiés. « Car l’un des objectifs de la chimie française est d’être vertueuse, de décarboner ses process industriels mais aussi ses transports », selon ce responsable. Sachant que la voie d’eau et le rail ont aussi du sens en matière de sécurité/sûreté du transport pour les produits chimiques qui sont des matières dangereuses.

Faire basculer les chargeurs. Les flux existants ont été estimés à 8,6 millions (hors pipe-line) avec une répartition modale à 65 % sur le transport routier, 30 % sur le ferroviaire, 5 % sur le fluvial. « L’étude a déterminé un report vers le fluvial possible d’un quart des flux sous conditions », notamment optimiser l’accueil dans les ports intérieurs de l’axe.

L’association Medlink Ports travaille à « faire basculer les chargeurs vers le fluvial avec France Chimie », a relevé Mathieu Gleizes, délégué général citant également un état des lieux en cours avec la Dreal sur la réglementation des ports concernant le sujet des ICPE « pour harmoniser les pratiques ».

Divers travaux en cours. Une réflexion est menée sur les besoins d’aménagements ou de transformations de certains sites portuaires pour accueillir ou développer la filière chimie, par exemple à Salaises mais « ce n’est jamais simple, compte tenu de la proximité avec des riverains » auxquels il faut faire accepter la venue de cette activité.

L’une des actions de la démarche du Conseil de coordination interportuaire et logistique (CCIL) entend « optimiser et développer le bord à voie d’eau pour la chimie fine et le stockage de matières dangereuses », cela revient à s’interroger sur l’offre de services globale.

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