Pour Herbert de Saint Simon, président de TLF Overseas : « Nous avons toujours mis en avant que la stabilité sociale était essentielle pour sauver la compétitivité de nos ports français. J’appelle solennellement l’ensemble des organisations professionnelles et les pouvoirs publics à faire preuve de responsabilité pour rétablir la situation. Il faut tout mettre en œuvre pour empêcher ces barrages, contraires à la liberté de circulation des personnes et des biens. Depuis plusieurs mois, tous les acteurs de la filière française du transport maritime, publics et privés, sont engagés dans un vaste plan de reconquête de nos parts de marché. La situation que nous vivons en ce moment ruine ces efforts et décrédibilise, une fois de plus, nos places portuaires au profit de nos concurrents ».
Parmi les ports maritimes bloqués au cours des jours de grève : Le Havre, Rouen, Marseille, La Rochelle, Boulogne-sur-Mer, Dunkerque, celui-ci pour la première fois depuis 1992. A noter que les blocages peuvent aussi concernés les ports intérieurs, par exemple, celui de Lyon-Edouard Herriot, le 17 décembre 2019.
Des navires détournés vers Anvers
Concernant la situation des ports, l’Union TLF abonde dans le même sens : « La situation est alarmante dans les ports, extrêmement touchés depuis le début du mouvement, notamment en raison de la grève très suivie par les personnels en charge de la manutention portuaire, les éclusiers et les sociétés de remorquage. Congestion des terminaux, blocage des accès aux sites logistiques ont eu pour conséquence une annulation massive d’escales ; les navires ayant été détournés vers d’autres ports, notamment Anvers ».
Les transporteurs routiers sont dans l’impossibilité de retirer et/ou ramener les conteneurs sur les terminaux. Concernant le transport routier de marchandises, l’Union TLF indique : « Et malgré ce contexte, l’Assemblée Nationale a adopté, à nouveau, le Projet de Loi de Finances 2020 augmentant pour les transporteurs la TICPE de 2 centimes d’euros, rabotant ainsi la moitié de leur résultat ». Les fédérations représentatives du TRM demandent des mesure de soutien (voir encadré).
Les trains de fret ferroviaire à l’arrêt
Cette organisation présente aussi les difficultés du fret ferroviaire, citant l’Afra qui indique que seulement 7 % des trains de fret circulent, « plongeant là encore le secteur dans une situation économique et commerciale dramatique ». L’organisation rappelle l’adoption de la loi d’orientation des mobilités le 19 novembre 2019 qui prévoit la mise en œuvre d’une stratégie de relance et de développement du fret ferroviaire d’ici fin 2020. « Ou comment se tirer une balle dans le pied, Alors que le transport ferroviaire devient une nécessité environnementale, nous assistons à une quasi-disparition du fret ferroviaire en France ... en dépit d’un discours environnementaliste hypocrite ».
Pour Éric Hémar, président de l’Union TLF : « Personne ne s’en préoccupe mais cette grève aura des incidences très fortes sur le long terme pour nos entreprises où sont des milliers d’emplois qui peuvent disparaître au profit de nos pays voisins lorsque les grands clients décideront d’établir leur organisation logistique européenne hors de France. Pourquoi un tel acharnement à détruire la compétitivité que nous essayons peu à peu de retrouver ? Alors que le gouvernement s’est engagé en septembre à tout mettre en place pour relancer notre attractivité, nous laissons des monopoles publics encore une fois dicter leur loi, sans aucun service minimum ni ouverture à la concurrence. Nous, transporteurs routiers, logisticiens, commissionnaires de transport, représentants en douane, opérateurs portuaires... Nous subissons sur notre activité l’incapacité des pouvoirs publics à réformer ces entreprises qui bloquent le pays alors que nous devons par ailleurs supporter chaque année de nouvelles taxes qui grèvent nos comptes ».
L’ensemble des organisations professionnelles du secteur du transport routier de marchandises demande au gouvernement des mesures urgentes destinées à soutenir les entreprises du transport routier de marchandises. Parmi les mesures demandées :
-Des mesures de soutien immédiat à la trésorerie des entreprises, dont l’anticipation du remboursement semestriel de TICPE ;
-Des mesures visant à inciter les établissements bancaires à soutenir les entreprises sur cette période, y compris par le report d'échéances dans leurs paiements ;
-L’irrecevabilité des pénalités pour retard de livraison au regard des circonstances exceptionnelles de barrages filtrants et blocages.