Pour sa première intervention publique au sujet du fluvial depuis sa nomination, le ministre chargé des transports, François Durovray, avait choisi l’assemblée générale des Entreprises fluviales de France (E2F) qui s’est tenue le 15 octobre à Paris.
Conférence nationale sur les infrastructures
Premier sujet abordé par le ministre : le financement des infrastructures de transport, pour lequel il estime avoir besoin de visibilité : « nous ne pourrons pas avoir quelque chose de durable sans vision stratégique de longue durée. Au-delà des annonces de mes prédécesseurs, il faut consolider les financements. Une conférence nationale sur le développement des infrastructures se tiendra en début d’année prochaine, pour se poser les bonnes questions sur les risques actuels. »
Des financements de long terme
Le premier de ces risques évoqués par François Durovray, c’est celui de la baisse attendue de la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) pour cause d’électrification du parc automobile. Or la TICPE est la principale recette de l’Agence de financement des infrastructures de transport. Déjà évoquée la semaine précédente auprès des transporteurs ferroviaires de l’AFRA, la piste des concessions d’autoroute a été développée par le ministre : « Face à cet évènement prévisible, il y a des opportunités. La plus évidente est l’avenir des concessions autoroutières, avec un nouveau modèle à trouver pour 2031 dans lequel une part des ressources de la route sera utilisée pour financer les réseaux fluvial et ferroviaire, qui sont stratégiques pour notre développement économique. »
Faire aboutir la stratégie nationale fluviale
Ce débat sur les infrastructures, François Durovray veut le tenir dans le courant de l’année 2025. L’année à venir sera aussi celle de la finalisation de la stratégie nationale fluviale. En la matière, le ministre s’inscrit dans les pas de ses prédécesseurs : « cette stratégique, lancée par Clément Beaune, s’est poursuivie avec Patrick Vergriete. J’espère qu’elle sera adoptée début 2025 avec le ministre actuel, malgré l’instabilité ministérielle, pour conforter la dynamique portée par les acteurs du fluvial. »
Se préparer pour 2030
Avec cette stratégie nationale fluviale, il s’agit, pour la profession, d’être au rendez-vous de 2030. Après un été 2024 rendu compliqué par les Jeux olympiques, E2F s’attend à un rebond pour le transport fluvial, et même une année 2025 « exceptionnelle » selon son président Didier Léandri.
Au-delà de la rénovation en cours de l’infrastructure de navigation, et de son développement incarné par Seine-Nord, il estime que la stratégie nationale fluviale permettra une nouvelle impulsion. Et de conclure : « Nous avons cinq ans pour préparer ce que doit être le fluvial à l’avenir. »
Cinq ans, car 2030 correspond à la date attendue d’ouverture de Seine-Nord. D’ici là, la chatière du Havre sera opérationnelle. Les transporteurs fluviaux misent aussi, pour le développement du transport fluvial en ville, sur la généralisation des ZFE.
Étienne Berrier