Plus de deux mois après la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, une nouvelle parade a eu lieu sur la Seine. Pas d’athlète, cette fois-ci, sur les ponts des bateaux à passagers de Paris. Mais une propulsion électrique pour l’ensemble des 21 bateaux ayant défilé.
L’organisation de cette nouvelle parade fluviale en ouverture de Vert le Fluvial, le colloque annuel consacré par Voies navigables de France (VNF) au verdissement de la flotte fluviale, n’est pas un hasard. La remotorisation en électrique des bateaux naviguant sur le bief parisien, promue par la Communauté portuaire de Paris (CPP), est en effet soutenue par le Plan d’aide à la modernisation et à l’innovation (PAMI). Créé par VNF, ce fonds, auquel contribuent aussi certaines régions, a aidé à hauteur de 8 millions d’euros la remotorisation de ces 21 bateaux.
40 bateaux remotorisés en électrique
« L’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques sur la Seine a marqué un tournant décisif pour le secteur fluvial en donnant un coup d’accélérateur aux projets d’électrification et d’hybridation des bateaux, soulignent VNF, la CPP, Haropa et E2F dans un communiqué commun. Il y a seulement cinq ans, rares étaient les bateaux électriques et les projets intégrant de nouvelles énergies plus vertes (biogaz, hydrogène, biocarburants, etc.) La perspective de la parade fluviale associée aux dynamiques de financements (le PAMI, le programme CEE ReMove) ont mis en mouvement l’ensemble de la filière. Ce sont désormais plus de 40 bateaux qui sont équipés de propulsions électriques ou hybrides. »
Parmi ces 40 bateaux, environ la moitié sont purement électriques, fonctionnant sur batteries. Les autres sont hybrides, mais cette hybridation fait la part belle à l’électricité, le groupe diesel d’appoint n’étant utilisé qu’en cas de problème d’autonomie. Président de la CPP, Olivier Jamey tient à préciser que cette hybridation est toute différente de celles des voitures hybrides, fonctionnant majoritairement au diesel : « Ces bateaux hybrides naviguent plus de 80 % du temps sur batterie. C’est aussi très différent des bateaux diesel-électriques. »
Les bateaux diesel-électriques, avec des moteurs électriques alimentés par groupe diesel, peuvent constituer une première étape de remotorisation en vue d’un futur fonctionnement sur batterie ou pile à combustible. Ce n’est pas le choix qui a été fait pour ce programme de remotorisation lancé de longue date par la CPP, qui avait commencé par des études afin de déterminer la solution de verdissement adapté à chaque type de bateau. La compagnie Batobus, par exemple, disposait déjà de six bateaux diesel-électrique. Elle a remplacé, à bord de l’un d’entre eux, le groupe électrogène diesel par des batteries.
Quelle dynamique après les JO ?
La volonté des transporteurs fluviaux d’être prêts pour les JO a incontestablement aidé à accélérer le passage à l’électrique de la flotte parisienne. Le mouvement se poursuivra-t-il avec autant d’entrain maintenant que les Jeux sont terminés, ou le verdissement va-t-il s’essouffler ?
« La dynamique est lancée, et cela va s’accélérer, pronostique Olivier Jamey. Le plus difficile était d’amorcer les choses, qui ne s’arrêteront pas désormais. Ceux qui ont électrifié un premier bateau voudront poursuivre avec le reste de leur flotte. Ceux qui ne l’ont pas encore fait vont y venir et les constructions neuves seront électriques, car c’est le nouveau standard. Avec la ZFE pour les véhicules terrestres, les bateaux ne voudront pas être les derniers à fumer en ville. » La Communauté portuaire de Paris prévoit désormais de pousser des projets d’électrification dans le domaine du fret ou de la croisière avec hébergement, où les puissances et les capacités de batteries sont les plus conséquentes.
Étienne Berrier