La crise sanitaire n’a épargné aucun des secteurs maritimes du groupe industriel finlandais. Le ralentissement de l’activité des chantiers navals, le report des investissements, l’ajournement des travaux de maintenance, la moindre utilisation des capacités de production…se sont soldés par des prises de commandes et un chiffre d’affaires en baisse.
« L'année 2020 s'est avérée être une année sans précédent, les marchés finaux de Wärtsilä étant fortement touchés par l'épidémie de coronavirus et les mesures prises au niveau mondial pour contenir la propagation. L'impact de la pandémie et l'effondrement des contrats de construction navale ont entraîné une baisse de 23 % des nouvelles commandes en 2020 dans les trois secteurs d'activité, [Marine Power, Marine Systems, Voyage et Energy, NDLR], où le groupe opère », place d’emblée Jaakko Eskola, le PDG du constructeur et équipementier finlandais.
« Les commandes de navires ont diminué pour atteindre des niveaux records, les investissements dans de nouvelles capacités de centrales électriques [Wärtsilä est aussi positionnée sur la fabrication d’installations électriques jusqu'à 500 MW, NDLR] ont été reportés et les activités de maintenance ont été repoussées, l'utilisation des installations ayant diminué et les restrictions de voyage ayant limité la mobilité des ingénieurs de service », poursuit le dirigeant.
Prises de commandes en baisse de 18 %
En conséquence, les prises de commandes de l’un des plus grands motoristes et équipementiers dans le secteur maritime ont diminué de 18 %, à 4,359 Md€. Le carnet de commandes à fin décembre était en repli de 14 % (5,057 Md€) et le chiffre d’affaires en baisse de 11 % pour atteindre 4,604 Md€, résultant à la fois de la baisse des volumes de services et des perturbations dans les livraisons d'équipements.
Certaines de ses activités ont néanmoins résisté, notamment dans le domaine du stockage de l'énergie et de la transition numérique. « La digitalisation des marchés maritimes s'est accélérée avec l'adoption de nouvelles technologies et applications numériques en réponse aux restrictions des déplacements physiques et pour renforcer le positionnement concurrentiel », commente l’entreprise.
Investissements R&D maintenus
Pour compenser la baisse de ses ventes et atténuer l’inflation de ses coûts induite par le Covid, l’entreprise a actionné un ensemble de mesures défensives : réduction des dépenses, du temps de travail et mise en œuvre du chômage partiel. « Nous avons également mis l'accent sur la réduction du risque de crédit et l'amélioration du fonds de roulement, en particulier dans les domaines de la gestion des stocks et du recouvrement des créances. En conséquence, nos flux de trésorerie d'exploitation ont atteint des niveaux records », ajoute Jaakko Eskola.
Malgré les perturbations de ses activités, l’industriel affirme ne pas avoir remis en cause ses investissements en R&D. L'année dernière, Wärtsilä a notamment testé en grandeur réelle l'ammoniac comme carburant dans des moteurs à combustion à quatre temps et planche actuellement sur le processus de combustion des moteurs à gaz pour leur permettre, à terme, de brûler du carburant à 100 % d'hydrogène.
Environnement contraint à court terme
À court terme, l’entreprise fondée en 1834 pour fabriquer des générateurs électriques et des moteurs de bateaux, ne voit pas d’embellie de la demande mais mise sur l’effet des programmes de vaccination au niveau mondial. « Nous espérons que cela aura un effet positif sur nos activités au cours de l'année 2021. À plus long terme, je reste convaincu que notre stratégie et les changements organisationnels que nous avons mis en œuvre l'année dernière nous placent dans une position favorable pour saisir les opportunités découlant de la décarbonation dans le transport maritime et l'énergie », ajoute Jaakko Eskola, qui présentait pour la dernière fois les résultats avant son départ à la retraite.
Le conseil d'administration a proposé de verser un dividende de 0,20 euro par action (au nombre de 591 723 390) pour l'exercice 2020. Les fonds distribuables de la société mère s'élèvent à 974 M€, dont 264,8 M€ de bénéfice net pour l'exercice.
Le même jour, l’équipementier annonçait avoir emporté une importante commande pour la fourniture de 36 moteurs 46DF bicarburant destinés à six nouveaux navires méthaniers de 172 500 m3 en cours de construction pour le projet Arctic LNG 2, porté par le numéro 2 du gaz russe Novatek et auquel est associé le groupe pétrolier français Total. La commande, évaluée à plus de 100 M€, a été passée en décembre 2020 par DSME. Les livraisons des équipements commenceront en août 2021. Wärtsilä a déjà fourni les moteurs des 15 premiers méthaniers brise-glace opérant dans le cadre du premier projet (Yamal LNG), également porté par Novatek, à exploiter le gaz naturel de l’Arctique pour le transporter vers l’Asie.
A.D.
