En mars dernier, Brittany Ferries a mis en service entre l’Espagne et le Royaume-Uni le Salamanca, son premier navire fonctionnant au GNL. Ce ferry de 214 m de long, d’une capacité de 1 015 passagers et 3 100 ml de fret, sera rejoint en début d’année prochaine par son sistership Santona. Et ensuite, en 2024 et 2025, par deux autres unités également au GNL, qui avaient été commandées par la compagnie bretonne en juillet 2021. Mais pour ses deux nouveaux fleurons, l’armateur a poussé plus loin l’hybridation du moteur avec un complément de batteries électriques. Les navires seront construits selon un schéma similaire aux deux premières unités au GNL via un affrètement auprès de Stena, qui les a confiés à des chantiers chinois.
Configuration optimisée
Plus courts que les E-Flexer avec leurs 195 m, les nouveaux navires, d’une capacité de 1 400 passagers, sont appelés à remplacer les Bretagne et Normandie, entrés dans la flotte de la compagnie il y a respectivement 30 et 32 ans. Ils opèreront sur les lignes Saint-Malo/Portsmouth (où est positionné actuellement le Bretagne) et Caen-Ouistreham/Portsmouth (ligne du Normandie). Ils présentent tous deux une plus grande capacité d’emport que leurs prédécesseurs et une souplesse pour s’adapter à la saisonnalité qui caractérise le marché.
Pourvu de dix ponts, la configuration intérieure du successeur du Bretagne a ainsi été repensée pour augmenter sa capacité de fret si bien qu’avec un potentiel annuel de 3 000 camions supplémentaires (par rapport à la capacité du Bretagne), il pourra générer 1,35 M€ de chiffre d’affaires additionnel sur un an pour le fret par exemple. Le remplaçant du Normandie a également été optimisé pour accueillir 35 camions supplémentaires (120 remorques au total) et un embarquement facilité. Avec la capacité additionnelle du fret et de la clientèle touristique, la société peut espérer doper ses revenus de 2 M€ et 3,5 M€.
Hybridation complète du navire
Dotés de générateurs GNL, ils seront équipés de 10 MWh de batteries électriques pour les manœuvres portuaires. La recharge sera assurée soit en navigation, soit par l’embranchement à quai. Les ports de Saint-Malo et de Caen-Ouistreham disposeront du courant à quai à l’horizon 2025.
Alors que pour les Salmanca et le Santona, Brittany Ferries sera fournie par la compagnie pétrolière Repsol, le soutage des deux futurs navires hybrides sera assuré par Titan LNG en vertu d’un contrat de long terme.
Le Néerlandais exploite deux barges – les Flexfueler –, dans la zone ARA. L’entreprise va aussi exploiter à partir de 2023 le Krios, qui depuis son port d’attache de Zeebrugge, livrera du GNL en mer du Nord et en Manche. D’une capacité de 4 200 m³, le microméthanier disposera de deux cuves distinctes pour le GNL fossile et le bio-GNL.
Un nouveau souteur de la série Krios sera mis en service par Titan LNG pour répondre entre autres aux besoins de Brittany Ferries. « Il existe un grand potentiel pour le développement de la filière biométhane avec Titan LNG », affirme Frédéric Pouget, le directeur du pôle armement de Brittany Ferries. En Bretagne, première région française pour la production agricole, les projets de méthanisation se multiplient dans les fermes depuis plusieurs années. « Grâce à la structure unique de propriété des agriculteurs-actionnaires qui constitue la base de Brittany Ferries, nous voyons un grand potentiel dans les stocks disponibles pour la production locale de biométhane », complète Régine Portocarero, responsable du développement commercial de Titan LNG.
L’entreprise néerlandaise a en outre remporté l'appel d'offres en début d’année pour la livraison en bio-GNL à Marseille du A Galeotta, le ferry de la compagnie marseillaise Corsica Linea, en cours de construction au chantier Visentini.
Étienne Berrier