Première amélioration de la fiabilité horaire des navires depuis le début de l'année

Sans être dans les clous des programmes annoncés, les transit time des porte-conteneurs se sont néanmoins améliorés en juin de 3,6 % pour atteindre un taux de fiabilité horaire de 40 %. Les taux de fret spot ont pour leur part baisser de 2 % pour la 23e semaine consécutive. Les indicateurs se normalisent lentement. Mais des risques de mouvements sociaux persistent.

Petit à petit, les fondamentaux du transport maritime se remettent d’équerre. Sans atteindre toutefois la normalisation, ils cassent avec la dynamique infernale qui prévalaient jusqu’alors. Les taux de fret avaient encore baissé de 2 % à l’issue de la semaine close le 5 août, pour la 23e période hebdomadaire consécutive, et sont désormais près de moins 30 % moins élevés qu’il y a un an, selon l’indice composite WCI de Drewry. Le tarif moyen pour un conteneur de 40 pieds s’est fixé à 6 628 $. Le pic à 10 377 $ avait été atteint en septembre 2021. Lex taux de fret restent néanmoins supérieurs de 84 % à la moyenne sur cinq ans, estimée à 3 594 $.

Sous la barre des 7 jours

Pour la première fois depuis le début de la pandémie, Sea-Intelligence, dont l’indicateur mesure les retards de porte-conteneurs exploités par une soixantaine de compagnies sur 34 routes maritimes, note une amélioration. Le nombre de jours de retard est passé sous la barre des 7 jours (6,24) en juin alors qu’il était de huit en janvier et de 6,9 en moyenne sur le premier semestre. Sur une période longue, cet indicateur a oscillé entre quatre et cinq jours.

La fiabilité des navires s’est améliorée de 3,6 % par rapport il y a un an pour atteindre un taux de 40 %. Ce niveau reste toutefois inchangé par rapport à mai et est très loin des moyennes historiques de 70 % ou plus observées entre 2018 et 2020. Pour rappel, à la fin de l’année dernière, les deux-tiers des navires ne respectaient pas leur programme. Au cours du second semestre, les indicateurs portant sur les ETA n’avaient cessé de se dégrader. 

Avec un respect de son programme de navigation de 49,5 %, Maersk était toujours tête en juin, suivi de Hamburg Süd avec 41,4 %. Wan Hai demeure aussi en bas du classement avec un taux de 24,8 %. Sur un an, neuf des 14 premiers transporteurs ont enregistré une amélioration (+ 8 %), Evergreen étant le seul à avoir enregistré une progression à deux chiffres, de 16,2 %. 

Les mouvements sociaux se surajoutent à la congestion dans les ports

Fiabilité horaire des porte-conteneurs en juin 22 selon l’indicateur de Sea Intelligence

Risques persistants de mouvements sociaux 

Ces progrès interviennent alors que la Chine est sortie d’une longue période de confinement en juin et en dépit des mouvements sociaux qui ont éclaté dans plusieurs ports dans le monde. Les menaces pèsent encore sur les ports du Royaume-Uni, où les dockers représentés par le syndicat Unite à Felixstowe, port à conteneurs le plus fréquenté du Royaume-Uni (3,7 MEVP en 2021), ont voté à 92 % en faveur de la grève prévue du 21 au 29 août (plus de 1 900 employés sur les 2 500 cesseront le travail) tandis qu’un débrayage est aussi envisagé à Liverpool. 

Les revendications portent principalement sur les conditions d’emploi (salaires, horaire d’emplois, primes...). À Felixstowe, terminal exploité par Hutchison Ports, l’employeur propose une augmentation de salaire de 7 % mais le syndicat fait valoir que l'inflation au Royaume-Uni est actuellement de 11,9 %.

À Liverpool, MDHC (groupe Peel) s’en tient à sa revalorisation de 7 % pour les 500 employés mais que le syndicat a rejetée. L'action syndicale est actuellement soumise au vote, qui doit se clôturer le 15 août.

Grèves portuaires en Allemagne, ferroviaires au Royaume-Uni et des transporteurs routiers en Corée du Sud et aux États-Unis.

Les négociations contractuelles entre les dockers de la côte ouest-américaine fédérés au sein de l'International Longshore and Warehouse Union (22 000 membres) et la Pacific Maritime Association, représentant les employeurs, progressent lentement alors que le précédent contrat est arrivé à échéance le 1er juillet. Les ports de la Californie ont dû faire face à un autre sujet à la mi-juillet. Les chauffeurs de poids lourds ont bloqué les terminaux et perturbé les abords par des opérations escargot –, pour protester contre la loi AB5 qui vise à limiter le recours aux entrepreneurs indépendants. Pour d’autres raisons, les transporteurs routiers sud-coréens avaient également bloqué des ports en juin.

Ces différents mouvements font suite aux agitations qui se sont précédemment manifestées au port de Lerwick en Écosse, où les ouvriers portuaires ont obtenu, selon le syndicat Unite, une augmentation des salaires horaires comprise entre 34 et 38 %. Les ports allemands ont également connu des remous sociaux.

Adeline Descamps

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