Liverpool : Peel Ports annonce un plan social alors que les dockers font grève

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Dans un contexte d’agitation sociale outre-Manche et de négociations tendues entre le syndicat majoritaire chez les dockers et l’opérateur de terminaux dans les deux principaux ports à conteneurs du Royaume-Uni, l’annonce de Peel Ports est considérée comme une provocation. L’employeur évoque une « détérioration marquée » de la conjoncture.

Les relations s’enveniment à Liverpool. Après avoir débrayé du 19 septembre au 3 octobre pour coïncider avec la seconde grève de Felixstowe, les 560 dockers, affiliés au syndicat Unité, ont voté en faveur de la reconduction, du 11 au 17 octobre, rejoints par d’autres corps de métiers.

 La décision a été prise après que les pourparlers du 27 septembre entre l'opérateur du port, la Mersey Docks and Harbour Company (groupe Peel Ports), qui exploite deux terminaux à conteneurs (le Royal Seaforth Container Terminal et Liverpool), et le syndicat Unite, majoritaire dans les ports, ont une nouvelle fois achoppé.

À Liverpool, les négociations portent, comme pour d’autres secteurs d’activité clefs outre-Manche, sur une réévaluation des niveaux de salaires que les employés portuaires veulent indexer au niveau de l’inflation (autour de 12 % au Royaume-Uni). 

L’employeur, Peel Ports Group, reste ferme sur sa première proposition à avoir « un paquet salarial avec une augmentation de 8,3 % et une prime de 750 £ », à effet rétroactif à partir de juin. Il rappelle en outre qu'il a concédé une augmentation de 4,5 % en 2021 et recruté 150 personnes supplémentaires au cours des 12 derniers mois. Une mesure qui aurait permis de réduire de 25 % les quarts de nuit. Ce que contestent les représentants syndicaux qui accusent l’employeur de non-respect de l’accord salarial conclu l'année dernière, soutenant que la société n'a pas entrepris la révision salariale promise, dont la dernière remonte à 1995, et n' pas respecté un accord visant à améliorer les rotations, comme elle a pu le déclarer.

Lutte pour la préservation des emplois 

Dans ce bras de fer, qui se déroule dans un contexte d’agitation sociale touchant de nombreux secteurs outre-Manche, la dernière annonce de Peel Ports Group à la BBC est considérée comme une provocation. « Bien qu'il s'agisse d'une situation extrêmement regrettable, en tant qu'employeur responsable, nous devons nous restructurer maintenant afin de minimiser l'impact potentiel plus important que le ralentissement de l'activité des conteneurs aura sur les emplois plus tard », a déclaré un porte-parole de Peel Ports à la BBC.

Peel Ports annonce son intention de mettre en œuvre un plan social en raison d’une « détérioration marquée » des volumes de conteneurs. La conjoncture du marché est en train de changer à vitesse accélérée et les perspectives ne sont guère positives pour les échanges commerciaux, la récession économique menaçant de nombreux pays. Mais la décision hâtive ajoute aux échanges tendus, Unite estimant que dorénavant la lutte ne se justifiait plus seulement par les seules conditions salariales mais par la préservation des emplois.

Selon le porte-voix des dockers, pas moins de 334 M$ de dividendes ont été versés aux actionnaires au cours des cinq dernières années, tandis que « le directeur le mieux payé a reçu un salaire et des avantages totalisant 5 M$ l'année dernière, contre 1,7 M$ en 2020 », a laissé entendre Sharon Graham, secrétaire générale d'Unite.  

Peel Ports affirme avoir investi 1,3 Md$ dans le second port britannique pour les conteneurs (700 000 EVP) au cours de la dernière décennie dans le port et créé 900 emplois.

Adeline Descamps

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