Les tarifs des méthaniers en hausse de 500 % depuis le début de l'année

Article réservé aux abonnés

Les tarifs pour les méthaniers grimpent en flèche depuis quelques semaines et volent de record en record. La hausse depuis le début de l'année est estimée à plus de 500 %. Le Baltic Exchange affiche des taux allant jusqu'à 450 000 $ par jour. Avant 2021, un méthanier à 200 000 $ la journée était de nature à défrayer la chronique.

Les sources du secteur ne sont pas d’accord. Qu’ils soient courtiers ou simples analystes, le cap des 500 000 $ la journée pour « louer » un méthanier est franchi pour les uns, pas encore pour d’autres. Quoi qu’il en soit, ils naviguent dans le sillage. Et ils ne vont pas tarder à passer le gué, avant la fin du mois, prédisent certains, à moins d’un retournement fatal de conjoncture, l’environnement du gaz reste en proie à l’instabilité absolue depuis la déclaration de guerre de la Russie, premier fournisseur de gaz de l’Europe, à l’Ukraine. 

La situation n’est pas ordinaire à ce moment précis de l’année et les tarifs des méthaniers atteignent des niveaux plusieurs fois supérieurs à ce qui est observé lorsque l’hémisphère nord ressent les frimas de l’hiver. La quasi-totalité de la flotte mondiale de méthaniers est bloquée sur des affrètements à long terme. L’offre disponible pour les transactions spot est donc limitée alors que les tensions en Europe sur l’approvisionnement en gaz a stimulé la demande de court-courrier entre le Golfe des États-Unis et l'Europe. Les tonnages sont extrêmement limités dans l'Atlantique et le Pacifique

Les taux spot pour les méthaniers continuent de s'envoler vers de nouveaux sommets. Le Baltic Exchange affiche des taux allant jusqu'à 450 000 $/j. Clarksons Research a pour sa part repéré une transaction pour un méthanier TFDE (tri-fuel diesel electric) de 160 000 m3, produit très recherché, à 396 250 $ par jour. Avant 2021, le prix le plus élevé jamais enregistré était de 200 000 $ par jour, un record qui a depuis été battu à plusieurs reprises.

Retour du stockage flottant

Parallèlement, les niveaux de stockage flottant de GNL n'ont jamais été aussi élevés, avec un peu plus de 2,5 Mt immobilisées sur l’eau, ce qui équivaudrait à environ 35 navires. Le marché s’attendait à une augmentation des tonnes-kilomètres dans le cadre du grand remembrement des flux, l’Europe étant contrainte de diversifier ses sources en allant chercher plus loin le gaz.

Le Vieux Continent a compensé la forte baisse des approvisionnements en gaz russe par des importations de GNL, notamment américain, complétés par des approvisionnements alternatifs par gazoducs en provenance de Norvège et d'ailleurs. 

Soif de l’Europe

La plus forte augmentation de la demande cette année est de loin celle de l'Europe. De janvier à septembre, l'Union européenne a importé 73,2 Mt de GNL, soit une augmentation de 69,3 % par rapport aux 43,3 Mt importées au cours de la même période en 2021. L'UE27 représente désormais 24,3 % des importations mondiales de GNL par voie maritime. Au cours de la même période, le Royaume-Uni a également importé 13,7 Mt de GNL contre 7,9 Mt importées au cours de la même période en 2021. 

En revanche, la Chine continentale n'a importé que 46,1 Mt, en baisse de 22 % et l'Inde a connu une baisse similaire, passant de 17,9 à 14,7 Mt en un an à fin septembre. 

« Les États-Unis émergent désormais au premier plan des exportations mondiales de GNL. En 2021, les États-Unis étaient le troisième plus grand exportateur de GNL après l'Australie et le Qatar, avec une part de 18,8 % des volumes d'exportation mondiaux. L’an dernier, le continent américain a exporté 72,5 Mt de GNL, ce qui représente une augmentation de 50,3 % », recontextualise le courtier. 

Les États-Unis, maître-fournisseur

Au cours des neuf premiers mois, la croissance des volumes américains a néanmoins considérablement ralenti, avec 59,9 Mt. Cela a toutefois suffi pour que les États-Unis dépassent le Qatar (59,2 Mt), tout en restant un peu en retrait par rapport à l'Australie (60,2 Mt). En termes de destinations, les principales routes pour le GNL américain sont maintenant transatlantiques vers l'UE et le Royaume-Uni, estime Banchero.

Ainsi, les exportations de GNL des États-Unis vers l'Union européenne ont augmenté de 164,1 % en un an pour atteindre 31,6 Mt. L'UE a été la destinataire de plus de la moitié de GNL envoyé depuis l’outre-Atlantique. Les volumes à destination du Royaume-Uni ont également bondi de 158,4 %, à 5,3 Mt.

Cinq ports en profitent

Les ventes américaines à la Chine continentale ont chuté de 87 % (0,9 Mt) « contre un niveau exceptionnel (et insoutenable) de 6,6 Mt pour la même période en 2021 », ajoute le courtier.

Les principaux ports de chargement aux États-Unis en ont clairement profité : Sabine Pass en Louisiane (22,2 Mt en janvier-septembre 2022), Corpus Christi au Texas (11,6 Mt), Hackberry en Louisiane (9,8 Mt), Freeport au Texas (6,6 Mt), entravé par une sévère explosion, Cove Point dans le Maryland (4,1 Mt), Cameron en Louisiane (4 Mt).

Adeline Descamps

Shipping

Marchés

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15