Les prix des soutes dépassent les 900 $ à Singapour et à Fujairah

Article réservé aux abonnés

Les prix des carburants maritimes dans deux des plus grands centres de soutage, ont dépassé la barre des 900 $ la tonne pour la première fois. À Fujairah, troisième plus grand port d'avitaillement mondial, ils ont atteint les 918 $ tandis qu'ils s’établissaient à 904,50 $ à Singapour, premier hub mondial de soutage de navires. Les BAF annoncés pour le deuxième trimestre sont en forte hausse.

Les combustibles de soute étaient en hausse depuis le creux de l'été 2020 mais ils se sont surtout renchéris ces derniers mois à mesure que le cours du pétrole se ressaisissait après une longue période d’hivernation due à la crise sanitaire. Ces derniers jours, le coup de chauffe du baril de Brent est tel qu’il a franchi en quelques jours le mur du son. Les sanctions contre la Russie et les tensions géopolitiques générales ont propulsé les deux principales références – Brent et WTI – à leur plus haut niveau depuis 2014.

Le baril de Brent de la mer du Nord a frôlé le 6 mars les 140 $ (139,13 $), en réaction aux propos soutenus par Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, laissant entendre que les États-Unis et l'Union européenne discutaient « très activement » de la possibilité d'interdire les importations de pétrole russe.

Dans deux des plus grands centres de soutage, ils ont ainsi franchi le cap des 900 $ la tonne pour la première fois. À Fujairah, troisième plus grand port d'avitaillement mondial, ils ont atteint 918 $ tandis qu'ils étaient de 904,50 $ à Singapour, le premier hub mondial, selon Ship&Bunker.

Des BAF à venir

Le fuel à très faible teneur en soufre (VLSFO) a bondi de 35 % depuis le début de l'année. Dans l’histoire récente, il faut remonter au 8 janvier 2020, juste après l'entrée en vigueur de la réglementation IMO 2020 sur la teneur en soufre des carburants, pour retrouver une telle fièvre avec un prix moyen observé dans les 20 premiers ports de 693,50 $. Avant cela, en mars 2012, le HFO, quand il était le roi des carburants et non assujetti aux nouvelles normes, avait connu un pic, à 746 $.

Les facteurs d'ajustement des soutes (BAF), annoncés à ce stade pour le deuxième trimestre, s'élèvent en moyenne chez CMA CGM, Cosco, Evergreen et OOCL à 648 $ par EVP sur les lignes Asie-côte ouest américaine. Une hausse de près de 80 $ par rapport au trimestre précédent. Vers la côte est, ils sont en hausse de 115 % par rapport au premier trimestre, à 1 236 $ par EVP.

Un écart de plus de 200 $ entre le VLSFO et le HFO

L'écart entre les deux combustibles prédominants dans les ventes (VLSFO et HFO) a atteint ces derniers jours les 263 $/t à Singapour et en moyenne 234 $ dans les 20 principaux ports selon Ship & Bunker. L’intérêt des armateurs et propriétaires de navires pour le scrubber qui permet de consommer du HFO tout en étant dans les clous de la réglementation, va en être encore stimulé. Le HFO s’établit actuellement à 588 $ à Singapour par exemple.

L’écart de prix entre les deux combustibles de soute, baptisé Hi5, est l’un des facteurs clefs qui conditionne l’intérêt pour cette technologie sachant que ces pots catalytiques géants coûtent autour de 6,5 M$ en boucle ouverte pour un navire de 15 000 à 16 000 EVP. Plus le différentiel est important entre les deux carburants plus le retour sur investissement est court. 

Selon le dernier rapport de Braemar ACM, depuis la mise en œuvre de l'OMI 2020, l'écart s'est creusé. Si le plus important a été enregistré au début de janvier 2020 (370,30 $ la tonne), au lendemain de l’entrée en vigueur de la réglementation plafonnant la teneur en soufre, la moyenne s’est établie cette année-là à 96,60 $.

En 2021, le Hi5 a augmenté de 20,4 % pour atteindre 116,3 $. En début d’année, il s'est encore exacerbé, à 216 $/t, soit 85,7 % de plus qu'en 2021 pour être aujourd’hui au-delà des 250 $ à Singapour. Braemar estime pour autant qu’il devrait se fixer en moyenne à 189,4 $/t cette année, un niveau qui resterait élevé par rapport à celui des années précédentes.

Resserrement de l’offre

Les tensions géopolitiques vont être un des principaux paramètres d’influence. Les acteurs du marché des soutes en Europe s'attendent à un resserrement de l'offre même si le négoce de pétrole avec la Russie est pour l’instant resté à l’écart des différents trains de sanctions. Mais dans les faits, en restreignant de façon ciblée les virements internationaux via le système interbancaire Swift, utilisé par 300 banques et institutions russes, les transactions sont compliquées.

La plupart des fournisseurs de combustibles ont opté pour l’attentisme selon leurs propres dires. Des tensions sont attendues sur toutes les qualités de fuel au cours des prochaines semaines dans les ports de Göteborg, Skaw, Hambourg et Gdansk, pour lesquels la Russie est la principale source. Hambourg a importé 822 000 t de fuel russe en 2021 et Göteborg, 366 000 t, selon les données de la société d’informations en matières premières Kpler.

Dans le même temps, selon le consultant, la demande a chuté dans les ports russes de Saint-Pétersbourg et de Novorossisk. Ce dernier avait exporté 5,63 Mt en 2021.

Adeline Descamps

Shipping

Marchés

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15