Tandis que Moscou fait pression, dans le cadre de l'accord sur les céréales, pour que les livraisons d'ammoniac puissent reprendre par le pipeline qui dessert le port de Pivdennyi depuis Togliati en Russie, Uralchem, le plus grand producteur russe de potasse et de nitrate d'ammonium, travaille de son côté sur d'autres projets.
L’infrastructure, qui permet d’acheminer jusqu'à 2,5 Mt d'ammoniac par an, n'a pas été remis en service depuis le début de la guerre.
Un terminal d'une capacité d'1,5 Mt par an
Selon Reuters, le spécialiste russe des engrais est en train de construire un terminal d'exportation spécifique pour l'ammoniac sur la péninsule de Taman, dans le sud de la Russie, dont la première phase des travaux devrait être achevée d'ici la fin de l'année.
Dans un premier temps, l'infrastructure pourrait traiter 1,5 Mt d'ammoniac par an et, d'ici à la fin de 2025, 3,5 Mt d'ammoniac et 1,5 Mt d'urée.
Des exportations en chute de 10 à 15 % en 2025
Les exportations d'engrais russes ont diminué de 10 à 15 % en 2022 tandis que les expéditions d'Uralchem ont chuté de l'ordre de 25 à 35 %, selon le PDG d'Uralchem, Dmitry Konyaev,
« Les flux sont en train d'être rétablis, il faut juste du temps pour élaborer de nouveaux itinéraires logistiques, définir les conditions de livraison avec les clients et les paiements », a assuré le dirigeant, ajoutant que l'Inde, la Chine, l'Asie du Sud-Est et le Brésil étaient des marchés clés. Il assure en outre que son entreprise exporte toujours de la potasse vers les États-Unis.
Un navire saisi avec 60 000 t de potasse à bord
Si les engrais ne sont pas visés par les sanctions, ils le sont en réalité dans les faits en raison des impacts des sanctions, à commencer par les transactions internationales rendues inopérantes et le gel des avoirs.
La saisie de l'Asian Majesty, chargé de 60 000 t de potasse, au large de Riga depuis mars 2022, aurait coûté plus de 200 M$ à l'entreprise.
Avant l'invasion de l'Ukraine, la Russie exportait 4,4 Mt d'ammoniac par an, soit 20 % du commerce maritime mondial. Selon la Banque mondiale, le pays de Vladimir était le premier exportateur d'engrais en 2021, devant la Chine, l'Arabie saoudite, Oman et l'Égypte.
Adeline Descamps