La fusion des deux monstres coréens de la construction navale patine

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L’approbation européenne se fait attendre. Hyundai Heavy Industries (HHI) s’impatiente légitimement. Son projet d’acquisition de sa compatriote DSME est conditionné depuis bientôt deux ans à l’approbation des autorités de la concurrence de différents pays, dont celle de l’UE, plus que stratégique pour ses marchés futurs.

La patience et l’endurance sont-elles des qualités propres aux Coréens ? C’est en mars 2019 que Hyundai Heavy Industries Holdings a signé un accord avec la banque publique Korea Development Bank (KDB), le principal actionnaire de DSME, pour racheter une participation de 55,72 % du capital du constructeur naval en proie à un manque de liquidités depuis 1999. Une opération valorisée à 1,8 Md$.

Dans le cadre du projet de fusion, HHI a été scindée en deux entités : KSOE, une société holding qui gère les unités de construction navale du groupe (HHI, Hyundai Mipo Dockyard et Hyundai Samho Heavy Industries) et Hyundai Heavy Industries qui se concentre sur la construction de navires. L’opération pourrait remodeler le secteur mondial de la construction navale en conférant à l’ensemble une part de marché de 21 %.

En chantier depuis plus de deux ans

Le dossier est en chantier depuis plus de deux ans. Dès 2018, HHI avait soumis son dossier au feu vert de la Chine, du Kazakhstan, de Singapour, de l'UE, au Japon et de la Corée du Sud, six régions où la construction navale serait considérablement impactée par l’influence que le constructeur sud-coréen gagnerait avec cette opération. Jusqu'à présent, la Chine, Singapour et le Kazakhstan ont donné leur feu vert.

Le Japon a terminé son premier examen de la proposition en mars 2020. La Korea Fair Trade Commission (KFTC) planche sur le projet depuis juillet 2019 tandis que l’UE a mis sa décision en suspens depuis décembre 2018 pour enquête approfondie. 

Quatrième prolongation des délais 

En attendant, HHI annonce régulièrement des « prolongations des délais » (la quatrième depuis la signature du contrat en mars 2019). Si la crise sanitaire a pu légitimer les retards de procédure, ils deviennent problématiques.

Le Korea Times révèle que l'UE s'inquiétait du monopole coréen sur la construction de méthaniers. HHI aurait ainsi proposé à la direction générale de la concurrence européenne le gel du prix des méthaniers pendant une certaine période et le partage de licences sur certaines technologies. Pour atténuer les craintes européennes de monopole, HHI aurait en outre proposé la vente de Hyundai Mipo Dockyard et Hyundai Samho Heavy Industries.  

« Le retard persistant de la décision de l'UE aggrave la situation de DSME. Ses ventes au premier semestre ont chuté de 44,7 % sur une base annuelle Selon des sources bancaires, Lee Dong-gull, le président de la KDB [principal actionnaire, NDLR], prévoit d'achever le processus d'acquisition avant la fin du mandat du président Moon Jae-in en mars prochain », indique l’article.

Le silence de la Korea Fair Trade Commission est tout aussi assourdissant.

Adeline Descamps

 

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