En un an, ZIM est passé de bénéfices en milliards à des pertes en millions

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Eli Glickman, PDG de ZIM

Eli Glickman, PDG de ZIM :

Crédit photo ©Chen galili
Pour le numéro dix mondial, les résultats du premier semestre reflètent les difficultés persistantes du marché du transport maritime par conteneurs. ZIM souffre plus que d’autres, sa marge d'exploitation finissant en bas du classement. La compagnie s'attend désormais à une année en pertes.

En juillet, quelques jours avant de présenter ses résultats pour le deuxième trimestre et le premier semestre 2023, la compagnie a annoncé la couleur des mois à venir.

Le numéro dix mondial du transport de conteneurs, qui a connu en 2022 l’une des plus fortes croissances parmi les dix premiers armateurs de porte-conteneurs, s’attend désormais à une perte de l’ordre de 100 à 500 M$ en 2023 alors qu’il gageait encore en mars sur des bénéfices compris dans la même fourchette.

Perte nette de 213 M$

La société, parmi les cinq meilleures introductions boursières de l'année 2021, a déclaré une perte nette de 213 M$ au deuxième trimestre 2023 alors qu’il y a un an à la même époque, son résultat net s’exprimait en milliards (1,4 Md$).

Son Ebitda, bénéfice avant amortissements et dépréciation, est en chute de 87 %, se comptant là aussi en millions (168 M$), dix fois moins qu’il y a un an.

Le résultat d'exploitation avant déduction des charges, des produits d'intérêt et des impôts (Ebit) est à l’avenant, déficitaire de 147 M$, contre un profit 1,764 Md$ au deuxième trimestre 2022.

Le chiffre d’affaires dégringole de 62 % en raison d'un taux de fret moyen par EVP de 1 193 $, ce qui correspond à une contraction de 67 % d'une année sur l'autre (3 596 $ il y a un an).

Dans ces conditions, la très légère augmentation du volume transporté de quelque 4 000 EVP (à 860 000 EVP) n’a pas pu compenser l’écart considérable des revenus.

Extrait du rapport d'activitié de ZIM pour le premier semestre. ©JMM

Pas de poussée de réapprovisionnement

La direction de ZIM ne croit plus à une reprise des taux de fret d’ici la fin d’année. Jusqu’à présent, les transporteurs de conteneurs soutiennent, en meute, que les excédents de stocks finiront par se résorber et que la nécessité de les reconstituer coïnciderait avec les réservations d'avant Noël, ce qui entraînerait une meilleure performance au second semestre.

Mais ils ne sont plus très nombreux à y croire. La haute saison ronronne, sans poussée de réapprovisionnement.

Taux de fret au plus bas depuis cinq semaines

Plus inquiétant, le sentiment de marché continue de se dégrader. Les taux de fret par conteneur viennent de toucher leur niveau le plus bas depuis cinq semaines et clôturent une séquence de plusieurs semaines à la hausse qui ont pu donner de l’espoir aux armateurs (+ 8 % en trois semaines).

Mais ces deux dernières semaines, le Shanghai Containerized Freight Index (SCFI), qui mesure les prix au comptant du fret conteneurisé au départ de Shanghai vers une vingtaine de destinations, ont accusé deux baisses successives, de 1,7 et 1,2 %. Par rapport à la même période de l'année dernière, les taux sont inférieurs de 68 %, l'indice s’établissait alors à 5109,60. Le dernier pic avant une désescalade.

Opération réduction des coûts

ZIM a connu une croissance de 13,3 % de sa flotte et affiche un ratio très élevé entre le carnet de commandes et la flotte en service (52,1 %). 

Pour réduire ses coûts, le transporteur, dont la politique d’exploitation est exclusivement basée sur l’affrètement (134 navires dont seuls huit en propriété), dispose d’un levier : 17 contrats doivent être renouvelés cette année et 27 l'année prochaine, alors que 38 nouveaux navires affrétés devraient être livrés au cours de la même période.

La compagnie est en train de se délester de plusieurs navires en leasing (neuf identifiés) soit en négociant une anticipation du terme soit en sous-louant.

L’armateur n’exclue pas non plus des « collaborations opérationnelles afin d'améliorer l'efficacité » et mise sur ses 28 porte-conteneurs alimentés au GNL qui doivent lui être livrés dans les mois qui viennent pour alléger sa facture carburant.

Il peut encore s’appuyer sur une position de trésorerie totale de 3,2 Md$. Mais elle s’est allégée de 1,4 Md$ depuis le 31 décembre 2022.

Une demande qui restera modérée

Dans un marché de plus en plus difficile pour les opérateurs de lignes régulières, ZIM maintient ses prévisions à la baisse présentées en juillet, à savoir un Ebitda ajusté de 1,2 à 1,6 Md$ pour l'ensemble de l'année et une perte d'exploitation comprise entre 500 et 100 M$ en 2023.

Le transporteur souffre plus que d’autres, sa marge d'exploitation finissant en bas du classement des neuf plus grandes sociétés déclarant des bénéfices avant intérêts et impôts (ce qui exclue MSC).

Si la marge moyenne du secteur est tombée à 8,9 % contre 13,1 % au trimestre précédent et 56,3 % d’après les données d’Alphaliner, le transporteur israélien a atterri en territoire négatif (- 11,2 %). Une sous-performance qu’il partage avec le Taïwanais Wan Hai et qui avait déjà été observé au premier trimestre pour les deux.

Le marché transpacifique déficitaire ?

Si les taux spot continuent de baisser, les transporteurs seront déficitaires dans la zone transpacifique, promet l'analyste Linerlytica.

ZIM, qui opère sur la voie Asie-Côte Est, affirme avoir refusé de signer des contrats transpacifiques en dessous d'un seuil de taux minimum, ce qui a porté son exposition au spot sur cette voie au niveau élevé de 70 %. Un pari gagnant quand les taux de fret sont en forme, et vice-versa.

En attendant, compte tenu de la perte nette enregistrée au deuxième trimestre 2023, la société ne distribuera pas de dividendes aux actionnaires.

Adeline Descamps

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Au premier semestre, la perte nette s'est élevée à 271 M$

A l’issue du premier semestre, la société israélienne avait engrangé 7,15 Md$ de recettes commerciales sur la base d’un taux de fret moyen par EVP de 1 286 $ contre 3 722 $ pour le premier semestre 2022.

Elle affiche une perte d'exploitation de 182 M$, ce qui tend à indiquer qu'elle a réalisé la quasi-totalité de ses pertes au cours du second trimestre (perte de 14 M$ au premier trimestre).

La perte nette s'est élevée à 271 M$ contre un bénéfice net de 3,047 M$ pour le premier semestre 2022.

La trésorerie nette générée par les activités d'exploitation était de 520 M$ pour le premier semestre 2023, contre 3,37 Md$ un an auparavant.

A.D.

 

 

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