Dans les pas de Washington, Londres a aussi le commerce de pétrole et de gaz russes dans le viseur.
Le projet Arctic LNG 2, porté par le grand producteur de gaz russe Novatek, est inscrit dans la dernière liste de sanctions présentée le 22 février par le Foreign Office britannique, ainsi que son patron, Oleg Vyacheslavovich Karpushin et six autres dirigeants du groupe.
Le complexe composé de trois trains de liquéfaction (19,8 Mt), qui devaient être lancé initialement (avant la guerre) en 2023, 2024 et 2026, fait déjà l'objet de sanctions américaines. Pour autant, Pascal Pouyanné, le PDG de TotalEnergies, qui dû se retirer du projet pour se conformer aux dernières sanctions, a confirmé, lors de la publication de ses résultats, que le projet restait bien sur les rails malgré les sanctions.
Les premières exportations sont en effet attendues dans les semaines à venir, avec un léger retard par rapport au planning, est-il avancé.
Depuis le 1er janvier 2023, le Royaume-Uni a formellement interdit les importations de GNL en provenance de Russie (contrairement à l'UE qui s'est engagée à s'en affranchir d'ici 2027), après avoir réduit considérablement réduit les flux en 2022 (0,37 Mt contre 2,45 Mt en 2021, selon les données de S&P Global).
Les méthaniers brise-glace Arc7 construits pour le compte du japonais Mitsui OSK Lines et destinés au projet russe n'apparaissent a priori pas dans la liste.
Flotte fantôme aussi dans le collimateur
Sont aussi visés par la dernière fournée, les opérateurs de navires à la structure opaque (flotte fantôme), qui permettent de transporter du brut vendu au-delà du plafond de 60 $ le baril (sanction de la coalition occidentale – G7, UE et Australie –, prise en décembre 2022).
Parmi les entités sanctionnées figure notamment la société de négoce russe Paramount Energy & Commodities, basée à Genève et détenue par Niels Troost. Une autre de ses société, basée aux Émirats arabes unis (Paramount Energy & Commodities DMCC), avait déjà été épinglée en novembre 2023 pour des transactions de pétrole au-delà des 60 $/b.
D'autres compagnies maritimes sont visées : Fractal Marine DMCC, Beks Ship Management et Active Shipping, qui opèrent selon le ministère britannique des Affaires étrangères de façon clandestine « pour le compte de Vladimir Poutine ».
Selon S&P Global Commodity Insights, Fractal Shipping aurait transporté au moins 44 millions de barils de pétrole brut et de produits pétroliers d'origine russe en 2023.
Opportunisme de marché
Cette entreprise, basée à Genève et enregistrée aux Émirats arabes unis, fait partie de ces nouveaux acteurs entrés récemment sur le marché des pétroliers et qui permettent au pétrole russe de continuer à circuler à l'ombre des sanctions. Comme Gatik et Radiating World Shipping.
Le transporteur s'est constitué une flotte de 28 navires depuis mars 2020, dont 26 ont été achetés depuis mai 2022 avec un âge moyen de 17 ans. À l'origine, il s'agissait de transporter du brut russe de la mer Baltique au nord de la Chine.
Le positionnement russe a donc été purement optimiste mais ses dirigeants, dans la presse, ont toujours soutenu, agir en conformité, sans « s'autosanctionner » mais sans non plus « franchir la ligne ».
Adeline Descamps
Papier d'angle en lien
Quatorze pétroliers de la compagnie maritime nationale russe Sovcomflot sanctionnés