Une attaque par drones a touché les installations portuaires d'Odessa

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L'attaque s'est déroulée dans la nuit dans la nuit 29 mai et a endommagé les installations portuaires sans que l'étendue des dégâts soit connu à ce stade. Odessa fait partie des trois ports intégrés dans l'accord sur les exportations de céréales. La semaine dernière, le ministère russe des Affaires étrangères avait à nouveau menacé de se désengager.

Une attaque par drones a endommagé à l'aube du 29 mai certaines infrastructures du port ukrainien d'Odessa, sur la mer Noire, a indiqué le commandement opérationnel sud de l'Ukraine sur les réseaux sociaux dans la journée du 29 mai.

« Un incendie s'est déclaré dans l'infrastructure portuaire d'Odessa à la suite de l'attaque. Il a été rapidement éteint. Les informations sur l'étendue des dégâts sont en train d'être mises à jour ».

Selon les déclarations des militaires ukrainiens, les forces russes ont usé de drones Shahed de fabrication iranienne. Cette attaque s’inscrit dans une vague d’attaques aériennes sur plusieurs sites, dont la capitale Kiev, à l'aide de drones et de missiles de croisière.

Ce n’est pas la première fois que des drones lancés par la Russie visent la ville portuaire d'Odessa. Début mai, la ville du sud de l’Ukraine avait déjà essuyé une douzaine de tirs de ce type.

Aucune information sur les dommages

Le port d'Odessa est l’un des trois, avec Chornomorsk et Pivdennyi (Yuzhnyi), intégrés dans l’accord signé en juillet 2022 entre les deux belligérants, et sous l’égide de l’ONU,  pour permettre les exportations de céréales et de denrées agricoles en dépit du blocus maritime en mer noire imposé par la Russie lorsqu’elle a envahi son voisin.

Cet engagement a été pris au nom de la sécurité d’approvisionnement alimentaire mondiale. La région est le grenier à blé du monde – 10 % du marché du blé, 15 % du maïs et 13 % de l'orge –, dont dépendent de nombreux pays en voie de développement.

Nouvelles menaces

L’accord vient à peine d’être renouvelé (le 19 mai) pour une nouvelle période de 120 jours, soit jusqu’au 17 juillet, que le ministère russe des affaires étrangères menace déjà de s'en désolidariser à cette échéance. « Si Rosselkhozbank n'est pas connectée à SWIFT et qu'il n'y a pas de progrès dans la résolution d'autres "problèmes systémiques" qui bloquent nos exportations agricoles, l'initiative de la mer Noire devra également chercher d'autres solutions », a-t-il averti dans un communiqué en date du 25 mai.

À chaque échéance, les autorités russes menacent de se retirer, exigeant des contreparties sous la forme de levée des sanctions internationales qui brident les exportations de ses propres céréales et de ses engrais ainsi que les entrées de matériels agricoles.

Sans être formellement interdites, les transactions sont de facto sanctionnées par les restrictions financières, logistiques et d'assurance imposées par l'UE, les États-Unis et l'Australie.

Comme alternative au retour de la banque agricole publique russe dans le réseau de paiement international SWIFT, la banque américaine JPMorgan Chase & Co a traité des transactions dans le cadre d'exportations d'engrais russes le mois dernier, et se disait disposée à en traiter une douzaine d'autres. Mais la Russie estime que la proposition est à courte vue et n'est pas envisageable à terme.

Reprise du transit d'ammoniac ?

Principal exportateur d'ammoniac, le Kremlin fait en outre pression pour que ses livraisons puissent reprendre, notamment par le pipeline qui dessert le port de Pivdennyi depuis Togliati en Russie.

L’infrastructure, qui permet d’acheminer jusqu'à 2,5 Mt d'ammoniac par an, n'a pas été remis en service. Avant la guerre, la Russie exportait 4,4 Mt d'ammoniac par an, soit 20 % du commerce maritime mondial.

Kiev serait prêt à souscrire à cette demande mais à la condition que l'accord sur les céréales soit élargi à d’autres ports ukrainiens et à une plus large gamme de produits. Deux demandes qu’elle réitère aussi à chaque échéance.

Adeline Descamps

Uralchem envisage une alternative pour l'ammoniac

Uralchem, le plus grand producteur russe de potasse et de nitrate d'ammonium avec des usines à Perm, Kirov, Voskresensk et Kaliningrad, travaille à des alternatives autres que la remise en service du pipeline transitant par l'Ukraine.

Moscou fait pression, dans le cadre de l'accord sur les céréales pour la reprise des livraisons d'ammoniac via un pipeline transitant par l'Ukraine, qui est à l'arrêt depuis l'année dernière (cf. plus haut).

Selon la Banque mondiale, la Russie était le premier exportateur d'engrais en 2021, devant la Chine, l'Arabie saoudite, Oman et l'Égypte.

Le PDG d'Uralchem, Dmitry Konyaev, a déclaré à Reuters qu'un terminal spécialisé dans l'ammoniac, dont la première phase de construction devrait être achevée sur la péninsule de Taman, dans le sud de la Russie, d'ici la fin de 2023, pourrait se substituer à l'oléoduc d'Odessa.

Dans un premier temps, le terminal de Taman pourrait traiter 1,5 Mt d'ammoniac par an et, d'ici à la fin de 2025, 3,5 Mt d'ammoniac et 1,5 Mt d'urée.

Les exportations d'engrais russes ont chuté de 10 à 15 % en 2022, selon le dirigeant, tandis que les volumes d'exportation d'Uralchem auraient diminué entre 25 et 35 %. « Les flux sont en train d'être rétablis, il faut juste du temps pour élaborer de nouveaux itinéraires logistiques, définir les conditions de livraison avec les clients et les paiements », a-t-il assuré, ajoutant que l'Inde, la Chine, l'Asie du Sud-Est et le Brésil étaient des marchés clés. Il assure en outre que son entreprise exporte toujours de la potasse vers les États-Unis.

Si les engrais ne sont pas visés par les sanctions, ils le sont en réalité dans les faits en raison des effets d'autres sanctions, à commencer par les transactions et le gel des avoirs.

Selon le PDG d'Ulrachem, la saisie de l'Asian Majesty, chargé de 60 000 t de potasse, au large de Riga depuis mars 2022, a coûté plus de 200 M$ à l'entreprise.

A.D.

 

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