Les pays européens vont entamer leur deuxième hiver sans être approvisionné en gaz par la Russie, qui a réduit, faut-il encore le rappeler, ses livraisons l'année dernière à la suite de son invasion de l'Ukraine, provoquant une flambée des prix du gaz.
Dans un rapport publié le 24 octobre, Bruxelles s'attend à ce que les importations de gaz russe tombent à 40-45 milliards de m3 cette année, contre 155 milliards de m3 en 2021, l'année précédant la guerre en Ukraine.
Marchés de l'énergie tendus
« Les marchés de l'énergie restent vulnérables, les subventions aux combustibles fossiles ont augmenté pendant la crise, l'inflation reste élevée et nos infrastructures essentielles doivent être protégées, y compris contre les sabotages », estime la Commission alors que les 27 pays de l'UE ont sanctionné les importations de charbon et de pétrole par voie maritime de la Russie en décembre 2022 pour le brut et à partir de février pour les produits pétroliers.
Dans l'ensemble de l'UE, les stocks de gaz sont remplis à 99 % selon les données de Gas Infrastructure Europe révélées par Reuters.
L'expansion record de l'énergie solaire aurait également permis à l'Europe de réduire sa dépendance à l'égard des centrales électriques au gaz, en particulier pendant les mois d'été, lorsque la consommation d'électricité pour la climatisation atteint des sommets.
Les marchés mondiaux du gaz sont toujours très tendus, portant le risque d'une nouvelle hausse des prix en cas de coups de froid ou de chocs d'approvisionnement.
Pas suffisamment d'énergies renouvelables
La Commission souligne également que les pays de l'UE ne développent pas encore les énergies renouvelables assez rapidement pour atteindre l'objectif juridiquement contraignant de 42,5 % de l'ensemble de l'énergie produite à partir de sources renouvelables d'ici à 2030, soit près du double de la part actuelle.
Fin 2022, les Vingt-Sept totalisaient 16,3 gigawatts (GW) de capacités d'éolien offshore, alors qu'ils se sont engagés à atteindre les 111 GW d'ici la fin de la décennie. Ils devraient donc désormais installer presque 12 GW par an... soit dix fois plus que les 1,2 GW construits l'an dernier, a expliqué l'exécutif européen.
Plan de soutien au secteur européen éolien
Pour accélérer ce processus, Bruxelles a publié un plan de soutien au secteur européen de l'énergie éolienne, qui doit faire face à une inflation élevée et à la concurrence croissante des entreprises chinoises.
L'UE entend accélérer les procédures d'autorisation et faciliter les appels d'offres des projets, alors que la filière est plombée par l'envolée des taux d'intérêt qui complique les financements, l'inflation des matières premières qui fait exploser les coûts, et les tensions sur l'approvisionnement en composants-clés (nacelles, câbles, turbines...) avec des fabricants chinois en embuscade.
Le plan d'action présenté mardi par Bruxelles ne comprend aucune nouvelle proposition législative, mais une boîte à outils qu'autorités de l'UE et États membres peuvent mobiliser pour faciliter les démarches des industriels.
Pour les procédures d'autorisation, dont les demandes peuvent déjà être traités en ligne grâce à la législation européenne récemment adoptée sur les renouvelables, il revient désormais aux États d'améliorer de leur côté « la prévisibilité » des projets envisagés, avec « des calendriers d'enchères transparents » aux critères mieux définis et disponibles sur la plateforme numérique européenne, avec une planification à long terme.
Côté financements, la Commission facilitera l'accès au Fonds européen pour l'innovation, avec la Banque européenne d'investissement (BEI) en garanties pour couvrir les banques privées accordant des prêts aux industriels.
Enfin, l'exécutif européen assure être très vigilant sur les éventuelles pratiques commerciales déloyales avec dans le viseur, les fabricants chinois, sans qu'ils soient nommés.
La fédération du secteur, WindEurope, espère pour sa part que ces mesures seront vite appliquées.
A.D (avec agences)