ExxonMobil projette de réduire ses activités à Port-Jérôme et de vendre la raffinerie de Fos-sur-Mer

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Terminal de vracs liquides Marseille Fos

Terminal de vracs liquides Marseille Fos

Crédit photo ©GPMM
Les annonces sont distinctes mais elles émangent du même propriétaire et concernent deux raffineries dont les volumes pèsent les deux plus grands ports français. Le même jour, le groupe pétrolier américain ExxonMobil a annoncé une réduction de ses activités pétrochimiques à Port-Jérôme et un projet de vente, via sa filiale Esso France, de la raffinerie de Fos-sur-Mer.

Les annonces n'ont aucun lien l'une avec l'autre mais leur simultanéité est frappante d'autant qu'elles concernent deux raffineries dont les volumes pèsent les deux plus grands ports français. Esso France, filiale d'ExxonMobil, a annoncé le 11 mars un projet de vente à la société Rhône Energies de sa raffinerie de Fos-sur-Mer (capacité de raffinage de 7 Mt) et des deux dépôts de carburants de Toulouse et Villette de Vienne (Isère).

L'opration, qui devrait être finalisée d'ici fin 2024 prévoit que les « 310 salariés des sociétés Esso Raffinage et Esso S.A.F. travaillant sur les sites concernés, seraient transférés dans la nouvelle entité Rhône Energies », un consortium composé du géant suisse du négoce Trafigura et de l'opérateur de raffinerie Entara, selon le communiqué de l'entreprise.

Menace sur 677 emplois à Port-Jérôme

Le même jour, le groupe pétrolier américain ExxonMobil a annoncé une réduction de ses activités à Port-Jérôme, près du Havre, où 677 emplois pourraient être concernés.

Plusieurs unités de pétrochimie, considérées comme économiquement pas viables, dont un vapocraqueur, seront arrêtées sur le site de Gravenchon, indique le communique, précisant qu' « aucun départ n'est envisagé avant 2025 ».

Pour expliquer ces difficultés, ExxonMobil évoque la configuration du vapocraqueur (question de taille) mais aussi des facteurs conjoncturels comme les coûts d'exploitation (prix de l'énergie) qui le rendrait non compétitif. Le site de raffinage doit acheter son énergie pour fonctionner, en particulier du gaz dont les prix ont été multipliés par deux depuis le Covid, et de l'électricité.

Conversion en bioraffineries

Les raffineries de Port-Jérôme (12 Mt) et de Fos-sur-Mer font partie des huit raffineries conventionnelles en France (sept en métropole et une en Martinique), qui emploient entre 5 000 et 10 000 emplois directs, selon l'organisation professionnelle des entreprises pétrolières Ufip.

À la raffinerie de Donges, TotalEnergies prévoit d'investir 350 M€ dans une nouvelle unité de raffinage pour produire des carburants répondant aux spécifications européennes, il s'agit toutefois d'une exception. L'heure est davantage à la conversion des raffineries en bio-raffineries, comme à La Mède (Bouches-du-Rhône) et Grandpuits (Seine-et-Marne). Des projets qui se sont soldés par des restructurations. Ces deux sites sont ainsi passés chacun de près de 400 salariés à environ 250, selon la direction de TotalEnergies.

Fin du pétrole sans cesse ajournée

« Quand on prend les scénarios prospectifs de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), même dans le scénario Zéro Émission nette (à 2050) qui est le plus radical en matière de transformation et de défossilisation, le monde consomme encore du pétrole et la France aussi », souligne Olivier Gantois.

En 2050, en France, il y aura peut-être encore une, voire plusieurs raffineries qui traiteront du pétrole, estime le président de l'Ufip. « Et il est probable que celles qui traitent encore du pétrole traiteront à ce moment-là un mélange de pétrole et de biomasse ».

Des impacts pour les ports

Au Havre, la filière des vracs liquides n’avait pas connu pareille fortune depuis 2020. Après plusieurs années perturbées par des incidents techniques dans les deux raffineries, celle de TotalEnergies à Gonfreville L'Orcher près du Havre, et celle d'Esso-ExxonMobil à Port-Jérôme-sur-Seine, un retour à une certaine normalité a permis d’atteindre les 41,2 Mt l'an dernière. Une gageure car les flux progressent de 5 % alors même que la consommation de produits pétroliers en France s’est infléchie de 2,4 %.

À Marseille-Fos, les vracs liquides demeurent les rentes du premier port pétrolier français depuis 60 ans avec 60 % des volumes totaux du port et 41,1 Mt. Mais en 2023, ce fut la « parfaite stabilité » (0 %) par rapport à l’année précédente, qui avait été un exercice en croissance (+ 5 %),

Les trafics perdus en début d’année en raison des mouvements sociaux ont été partiellement rattrapés ensuite « grâce au dynamisme des raffineries », tirées par des marges élevées et qui ont tourné à plein régime, avait indiqué Hervé Martel, le directeur général du port phocéen en début d'année à l'occasion de la présentation des trafics pour l'année 2023. Plus de raffinage signifie souvent moins d'importations. Les produits raffinés ont accusé en conséquence un repli de 8 % l'an dernier.

Adeline Descamps

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