Le secteur du gaz naturel liquéfié « continue de s'adapter à la demande croissante avec une agilité incroyable », vante le rapport annuel sur la place du GNL dans le monde que vient de publier l’Union internationale du gaz (IGU). En 2021, le commerce mondial de GNL a atteint les 372,3 Mt, soit 4,5 % de plus qu’en 2020. La hausse des exportations a été principalement portée par les États-Unis (+ 22,3 Mt par rapport à 2020), l’Égypte (+ 5,2 Mt) et l’Algérie (+ 1,2 Mt).
L’Australie est restée le premier exportateur mondial (78,5 Mt, soit 21,1% des flux mondiaux), devant le Qatar (20,7%), les États-Unis (18 %) et la Russie (7,9 %). En avril 2022, « le commerce du GNL reliait 19 marchés exportateurs à 40 marchés disposant de capacités d’importation », précise l’Union internationale du gaz.
Selon le rapport annuel du Groupe international des importateurs de gaz naturel liquéfié (GIIGNL), la capacité mondiale d'exportation de GNL a augmenté de 29 %, entre 2017 et 2021. Les États-Unis, l’Australie et la Russie ont été les principaux pourvoyeurs.
Des importations portées par l’Asie
Côté demande, la Chine (avec 21,3 % des importations mondiales) a dépassé le Japon (20 %) comme principal acheteur. Avec 79,3 Mt en 2021, la seconde puissance économique mondiale a représenté 57 % de l'augmentation des importations de GNL en Asie. Les achats par le Japon, stables de 2020 à 2021, avaient diminué de 11 % entre 2017 et 2021 en raison de la remise en service des unités nucléaires. L'Inde, pays sensible aux prix, a réduit ses imports l’an dernier, principalement en raison du niveau record du spot en Asie. En Amérique latine, le Brésil, qui a connu sa pire sécheresse depuis plus de 90 ans, a porté la demande. La sécheresse a limité la production d'énergie hydroélectrique au profit du gaz naturel.
La demande par l’Europe a été inférieure de 8 % en 2021 par rapport à 2020, l’Asie et le Brésil ayant absorbé les volumes américains. C’est un des paramètres qui expliquent le niveau extrêmement bas des stocks européens même si les prix ont atteint des sommets. L’Espagne et la France (12,34 Mt) ont été les deux principaux acheteurs (avec respectivement 3,7 et 3,3 % des importations mondiales de GNL).
L’Hexagone s’est fourni l’an dernier auprès de la Russie (29,1 % en 2021), de l’Algérie (27,5 %), des États-Unis (23,3 %) et du Nigéria (19,5 %). Pour rappel, la France dispose de quatre terminaux méthaniers (Dunkerque, Fos Tonkin, Fos Cavaou et Montoir-de-Bretagne) tandis qu’un projet supplémentaire doit être mis en service au Havre en 2023. Le port normand avait déjà accueilli le premier terminal méthanier français – et le second au monde – en service entre 1965 et 1989.
L’Europe en quête de capacités de liquéfaction
Pour se soustraire au gaz russe, l’Union européenne peut s’appuyer sur les marchés existants en croissance, tels que les États-Unis et le Qatar, et de nouveaux en développement, comme en Afrique, se veut rassurante l’IGU.
La guerre en Ukraine a eu un impact majeur sur le marché du GNL. Au cours des quatre premiers mois de cette année les exportations américaines de GNL vers l’Union européenne et le Royaume-Uni ont triplé par rapport à la même période en 2021 selon les dernières estimations de l’EIA américaine (Energy Information Administration). Les capacités supplémentaires (Sabine Pass et Calcasieu Pass) et surtout une forte demande, provenant en particulier d’Europe, expliquent cette hausse significative. Les États-Unis ont compté pour près de la moitié des importations européennes de GNL de janvier à avril.
Le continent nord-américain est déjà le principal fournisseur de l’UE et du Royaume-Uni en 2021 mais ils comptaient alors pour « seulement » 26 % des importations européennes. Dans le même temps, les exportations vers l’Asie ont chuté de 51 % par rapport à la même période en 2021.
Une capacité supplémentaire de 136,2 Mt/an en développement
Pour rappel, les États-Unis sont devenus exportateurs nets de gaz naturel en 2017 et ont depuis augmenté significativement leurs exportations, tant par gazoduc que sous forme liquéfiée. En 2021, les flux de GNL ont compté pour 53,5 % de l’ensemble des exportations américaines de gaz naturel (57,7 % au 1er trimestre 2022). En 2022, les États-Unis pourraient, selon l’EIA, « dépasser l’Australie et le Qatar et devenir le plus grand exportateur mondial de GNL ».
Les capacités de liquéfaction dans le monde ont atteint 459,9 Mt/an à fin 2021. Et en avril 2022, 136,2 Mt/an étaient en développement, validées et/ou en cours de construction, dont 7,7 Mt/an qui devraient être mis en service d’ici la fin de l’année, le reste entre 2023 et 2027.
Adeline Descamps