Aux Transports, après un passage, ajourné par des élections anticipées, de Patrice Vergiete, qui avait été nommé ministre délégué au sein d'un ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, la délégation revient au LR François Durovray. Le président du conseil départemental de l'Essonne depuis avril 2015 hérite d’un ministère délégué, placé auprès de la ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation, issue de la même famille politique, Catherine Vautrin. Un titre curieux dont on ne sait pas encore bien ce qu’il recouvre si ce n’est une approche territoriale.
Un mauvais signal pour les uns. Un bon pour les autres. Les Transports sortent ainsi de la tutelle de la transition écologique, dont le périmètre est réduit puisque la titulaire et pilier du camp présidentiel Agnès Pannier-Runacher perd le logement, les transports, la mer, la pêche…
Depuis 2007, au moins, avec le gouvernement Fillon, la charge est confiée à de vastes ministères, dont les dénominations ont varié (Écologie, développement durable, transition écologique et solidaire dans sa dernière acceptation), mais qui contiennent un prisme écologique.
Parcours francilien
Le quinqua (53 ans), défait aux législatives dans la 8e circonscription de l’Essonne en juillet, est peu connu des Français mais un homme politique établi dans le fief francilien. Ancien maire de Montgeron dans l’Essonne, ex-conseiller régional d'Île-de-France, membre du conseil de surveillance de la Société du Grand Paris depuis 2017 (en tant que président du conseil départemental de l'Essonne), administrateur d’Île-de-France Mobilités et président de l'association Grande Couronne Capitale (regroupant tous les départements d’Île-de-France).
Son obédience politique est connue à droite, engagé assez jeune dans la mouvance RPR. Il soutiendra Xavier Bertrand pour l'élection présidentielle de 2022 et rejoindra le mouvement fondé par ce dernier, Nous France. À la suite du Congrès organisé par Les Républicains, il apportera sa voix à la candidature de Valérie Pécresse.
Positions connues sur l'écotaxe
Les trajets longs du quotidien pour les Français qui n’ont d’autres choix que de prendre leur voiture et le financement (en crise) des infrastructures, un sujet sur lequel il s’est fait entendre au sein de la commission Mobilités de l’Assemblée des départements de France, devraient être ses urgences, à défaut ses obsessions.
Ses positions sur l'instauration d'une écotaxe sont connues, favorables à celles des poids lourd mais défavorables aux mégacamions, alors que plusieurs organisations professionnelles plaident pour une expérimentation sur leur circulation sur le sol français.
L’Union TLF a déjà rappelé ses trois principales revendications au nouveau ministre : baisser le niveau de fiscalité, défendre la compétitivité de la chaîne logistique française, maintenir le soutien au verdissement des flottes par les mécanismes de suramortissement. La plupart des organisations professionnelles ont vu d'un bon oeil la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre.
Un portefeuille qui navigue
Décidément, les Transports naviguent sous les ors des quinquennats Macron. Dans les deux gouvernements d’Edouard Philippe (mai 2017-juillet 2020), la fonction était rattachée au Ministère de la Transition écologique et solidaire, confiée à Elisabeth Borne, puis à Jean-Baptiste Djebarri. Ce dernier rempilera aux côtés de Jean Castex (juillet 2020-mai 2022). La dénomination perd son adjectif « solidaire » mais reste dans la sphère du même locataire, l’Hôtel Roquelaure. L’ex-Premier ministre et influent maire du Havre en a fait un secrétariat d’État. L’énarque Jean Castex, aujourd’hui à la tête de la RATP, a préféré des ministères délégués
Entre mai 2022 et janvier 2024, dans le gouvernement de la polytechnicienne (Ponts et Chaussées) Borne, c’est le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires qui en devient la tutelle tandis que Clément Beaune arrive aux manettes. Ce dernier étant menacé pour ne pas avoir dissimulé sa franche opposition au projet de loi immigration, il disparaît des radars de la Macronie dans le court gouvernement Attal (février-septembre 2024). Patrice Vergriete a fait à cette occasion son entrée au sein d’un ministère délégué, toujours sous le pavillon de la Transition écologique.
Il était attendu que l'ancien maire de Dunkerque, président de la communauté urbaine et polytechnicien (Ponts, Eaux et Forêts) soit un allié naturel pour le port de Dunkerque, ces outils souvent qualifiés de stratégiques pour la souveraineté du pays mais qui ne sont jamais cités dans les maroquins...
Adeline Descamps
