Camion électrique : l'aide publique 2024 sera bientôt débloquée

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Renault Trucks était le leader des immatriculations de camions électriques en France 2023. Il est aussi l'un des constructeurs de véhicules industriels qui commercialise la gamme électrique la plus large.

Crédit photo Renault Trucks
L'aide publique à l’acquisition de camions électriques destinée aux transporteurs routiers français sera bien d’un montant de 130 millions d’euros en 2024. Elle va être débloquée courant juin. La volonté du gouvernement est d’en flécher une partie vers les PME.

Comme France Routes l’annonçait en février (cliquez sur ce lien pour lire l’article), l'aide publique à l’acquisition de camions électriques s’élèvera à 130 M€ en France en 2024, plus du double de 2023 (60 M€). Son déblocage a pris plus de temps que prévu.

Pourquoi arrive-elle si tard ? Face à la volonté de Bercy de réduire les dépenses publiques, le dispositif d’aide et l’origine de l’enveloppe financière sont restés de longs mois en suspens, au grand dam des constructeurs de véhicules industriels.

Cela a-t-il un impact sur le développement du camion électrique ? Oui, le « zéro aide » a un effet direct sur les ventes. Entre janvier et mai 2024 en France, la CSIAM et 3A Data ont compté 178 immatriculations de camions électriques de plus de 5,1 t, contre 133 durant la même période en 2023. Cette progression marque une continuité, mais ces chiffres demeurent insuffisants face aux contraintes européennes Vecto imposées aux constructeurs. Clairement, ce marché émergent est tributaire des dispositifs publics de soutien.

Athina Argyriou, présidente déléguée de la Chambre syndicale des constructeurs de poids lourds (CSIAM), souligne la nécessité de réintroduire un dispositif de bonus pour l'achat ou la location de poids lourds électriques, afin d'encourager les investissements dans ce secteur.

Volvo Trucks a été le premier constructeur à présenter des camions électriques 44 t sur le marché français. Mais en ce début d'année 2024, leur commercialisation se heurte à l'absence d'aides publiques.
Crédit photo : Volvo Trucks

Mais alors, le gouvernement français va-t-il vraiment débloquer l'aide un jour ? Athina Argyriou a été entendue au plus haut niveau. C’est qu’il y a urgence : la France s’est engagée à réduire de 40 % ses émissions de gaz à effet de serre (GES) entre 1990 et 2030. Or le transport y contribue à hauteur de 30 %, dont 94 % proviennent du transport routier. En 2023, les poids lourds électriques ne représentaient que 1,1 % du marché avec 553 nouvelles immatriculations, loin des objectifs de 2030 qui visent 46 % soit 22 000 nouveaux véhicules électriques. Et ça, le gouvernement l'a entendu.

« L'enjeu est important pour l'Etat, qui souhaite accélérer sur l'électrification des camions », confirmait Antoine Comte-Bellot, directeur du programme Décarbonation du Secrétariat général à la planification écologique (SGPE), au Ministère de l'Écologie, le 29 mai lors d’une conférence sur l’électromobilité des poids lourds organisée par la CSIAM au salon Drive to zero.

« En 2024 sera maintenu un dispositif d’aides publiques, à hauteur de 130 M€, un montant qui a doublé par rapport à 2023, annonçait Antoine Comte-Bellot. L’accès aux aides sera simplifié pour les PME du transport routier. Cependant, soulignons que, pour parvenir à l’objectif de 50 % de ventes de camions électriques en 2030, ces aides ne seront pas suffisantes. Nous attendons la contribution des chargeurs, des constructeurs mais aussi des assureurs ».

Outre les aides publiques, le développement du poids lourd électrique relève également de la responsabilité des chargeurs, qui doivent intégrer le surcoût du transport lié à l'acquisition de véhicules dont le prix est environ trois fois plus élevé qu'un équivalent gasoil. Ici, un camion MAN effectuant des livraisons dans Paris pour Monoprix. L'intérêt pour la marque est de faire savoir qu'elle contribue à un assainissement de l'environnement urbain.
Crédit photo : Nicolas Grumel

Concrètement, quel sera le dispositif en 2024 ? En 2022 et 2023, les Appels à projets (AAP) Véhicules lourds électriques orchestrés par l’Agence de la maîtrise de l’énergie (Ademe) furent qualifiés de complexes par les transporteurs, à cause d’un dossier de candidature incluant notamment l’obligation de justifier d’une application pour chaque véhicule commandé. Les aides ont alors surtout profité à de grandes entreprises de transport ou à des collectivités locales, capables de remplir ce dossier de candidature.

En 2022 et 2023, les appels à projets Véhicules lourds électriques lancés par les gouvernement français ont surtout profité aux gros transporteurs comme XPO Logistics. Il sera important cette année d'aider les PME à s'équiper.
Crédit photo : XPO Logistics

Qu’en sera-t-il en 2024 ? « On s’oriente vers un dispositif d’aide qui sera en partie similaire à l’an passé, mais seront apportées des simplifications pour les PME », assure Antoine Comte-Bellot.

Quand le dispositif sera-t-il lancé ? « Nous finalisons les derniers détails, répond le représentant du ministère. On espère lancer une première vague à la fin du premier semestre 2024, puis une seconde vague à partir de septembre ». Avant de prendre de telles mesures, le gouvernement attend les résultats des élections européennes du 9 juin.

D’où viendront les aides publiques ? Le dispositif passera par des certificats d’économie d’énergie (CEE). Ces derniers sont financés par des obligés, à savoir des fournisseurs et distributeurs d’énergie, ce qui permet à l’Etat de ne pas avoir à budgéter l'aide. « Mais le principe est le même, précise Antoine Comte-Bellot. Elle sera délivrée aux transporteurs sur dossier de candidature ». L’AAP sera piloté par l’Ademe comme en 2022 et 2023.

Les stations de recharge seront-elles intégrées ? Si l'AAP 2024 est similaire à celui de 2023, l'achat de bornes de recharge électrique pourra bénéficier d'une aide au financement, au même titre que le véhicule lui-même. Car les installations publiques sont très peu nombreuses en France. Il reste à connaître le périmètre des aides, entre véhicules et bornes, qui n'est pas clairement défini à l'heure actuelle.

Désormais, la CSIAM et les constructeurs attendent de l'Etat, le plus rapidement possible, une visibilité sur le calendrier et les modalités de mise en place du dispositif, ainsi qu'une projection dans les années à venir.


Complément d'information

Le programme E-Trans de Certificats d'économie d'énergie a été publié au Journal Officiel

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