Ventes de camions : l'effet bulle du règlement GSR 2

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Le nouveau règlement européen sur la sécurité des camions GSR 2, entré en application le 7 juillet 2024, oblige à mettre en circulation des véhicules neufs de plus en plus sophistiqués. Cela a une conséquence sur leur prix, donc sur les ventes.

Crédit photo MAN Truck & Bus
Les immatriculations de camions neufs ont explosé en France durant le premier semestre 2024. Cette bulle est due à l’entrée en vigueur du règlement européen GSR 2 sur la sécurité des véhicules. Les professionnels craignent qu’elle n’explose au second semestre.

À fin juin 2024, les immatriculations de véhicules industriels (VI) de 5 t et plus s’élevaient à 27 662 unités, soit une hausse de 5,4 % par rapport à l’année précédente, indiquait l’Observatoire du véhicule industriel (OVI) BNP Paribas Artegy, dans une note du 15 juillet. « Ce résultat est très élevé, il n’a été dépassé depuis seize ans qu’une seule fois en 2019, avec plus de 25 000 immatriculations, relève l’observatoire. Il est très déconnecté du marché du transport en difficulté. »

L’impact de GSR 2. Pour comprendre ce résultat, il faut se pencher sur la nouvelle réglementation européenne GSR 2, entrée en application le 7 juillet 2024 (lire le dossier du FranceRoutes n° 508-509, p. 18). Son contenu impose à cette date dans les véhicules neufs la présence de plusieurs dispositifs de sécurisation, comme l’alerte de survitesse, de maintien dans la file et le freinage automatique d’urgence.

Tous les camions neufs circulant dans l'Union européenne doivent être équipés de système de détection des usagers vulnérables.
Crédit photo : Iveco

Cela a pour conséquence la hausse du prix d’achat du véhicule. Anticipant ces augmentations, des distributeurs et leurs clients ont multiplié les immatriculations avant la date butoir du 7 juillet, pour des VI qui ne sont pas GSR 2 mais antérieurs, donc moins chers.

« Cela a contribué à ce que les livraisons s’accélèrent fortement, notamment en mai et juin, mois durant lesquels les immatriculations de porteurs ont explosé », indique Laurent d’Arnal, directeur commercial de Volvo Trucks France.

Le règlement GSR 2 exige que le camion soit équipé d'un système de surveillance à distance de la pression des pneus.
Crédit photo : Michelin

Contraction structurelle des ventes. La bulle d’immatriculations de PL de plus de 5 t fut bien réelle au premier semestre 2024, mais ne tiendra pas longtemps. « Une fois la législation mise en place, les immatriculations devraient ralentir nettement, car les investissements ne sont pas là pour tenir le marché », estime Arnaud Villéger, directeur de l’OVI.

Fort impact sur les porteurs. L’observatoire confirme les propos de Laurent d’Arnal : les porteurs ont bénéficié de cette hausse avec 10,3 % d’immatriculations en plus qu’en 2023, à 12 434 immatriculations. Les tracteurs ont progressé de 1,7 % avec 15 228 immatriculations. Cette forte hausse des porteurs s’explique par un autre facteur qui a influé sur les ventes de ce segment particulier, toujours en lien avec GSR 2, mais pas seulement : les délais de carrossage.

Durant deux ans (2022 et 2023), les constructeurs de camions ont pris du retard dans la livraison des véhicules à cause de la crise post-covid sur les composants. Il y avait donc encore en début d’année beaucoup de porteurs en attente de carrossage chez les spécialistes, notamment en frigo ou en benne. Cela s’est accentué avec la perspective de GSR 2, et nombre de ces camions, commandés et livrés conformément au règlement GSR précédent, ont été immatriculés après le 7 juillet sans être équipés GSR 2. D’autant que le pic d’activité à l’Utac (essais d’homologation) a conduit à étaler la charge des essais au-delà de cette échéance.

La FFC obtient une dérogation. Pour régler en partie ce problème, la direction Équipements et véhicules de la Fédération française de carrosserie (FFC) a obtenu une dérogation en immatriculation provisoire pour les camions en attente de carrossage chez ses adhérents.

« La FFC Équipements et véhicules travaille au plus près de la direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) depuis plusieurs semaines », explique la fédération. Selon elle, environ 5 000 châssis sont concernés. Les adhérents FFC EV avaient jusqu’au 15 août pour fournir les listes des numéros de série des véhicules pour lesquels ces derniers sollicitaient cette dérogation.

Second semestre incertain. L’OVI note que les commandes de véhicules industriels chez les distributeurs continuent de reculer : « Ce semestre, le recul s’accentue avec une baisse des commandes de 20,1 % pour les tracteurs et de 21,1 % pour les porteurs. Désormais, les immatriculations vont refléter la forte baisse des carnets de commandes des 18 derniers mois ». L’Observatoire s’attend à un deuxième semestre en forte baisse, ce qui laisse augurer une année 2025 en contraction, « d’autant que le secteur du BTP reste atone et que l’écosystème du TRM ne perçoit pas de signes positifs d’activité ». Il prévoit des immatriculations de PL de plus de 5 t comprises entre 44 718 et 48 800 en 2024 (contre 48 841 en 2023).

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