Six mois après l'entrée en vigueur de la limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes à double-sens sans séparateur central, le CEREMA* a été mandaté par la Délégation à la sécurité routière (DSR) pour réaliser, sous la direction de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), un premier bilan d'étape sur l'efficacité de cette mesure**. Celui-ci porte sur la période du 1er juillet au 31 décembre 2018 ; et montre entre autre que le passage à 80 km/h aurait permis de sauver 116 vies au cours du second semestre 2018.
Sur les 189 vies épargnées sur les routes de France en 2018 par rapport à 2017, 168 sont constatées sur le réseau hors agglomération et hors autoroute. Cette baisse du nombre de tués sur les routes secondaires se concentrerait sur les six derniers mois de 2018.
En comparant les données des cinq dernières années, l'ONISR estime que ce sont ainsi 116 vies qui ont été épargnées sur le réseau concerné grâce à la baisse à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée. Un chiffre qui suscite quelques doutes (cf. encadré ci-dessous), car obtenue calculant "la différence entre le nombre de tués au cours du second semestre 2018 par rapport à la moyenne 2013 – 2017".
À noter que, toujours d'après l'ONISR, ce net recul de la mortalité a connu un décrochage en novembre et décembre 2018, dans la période qui correspond à la forte dégradation des dispositifs de contrôle automatiques. Selon les estimations de l'organisme interministériel, sans ces dégradations, 60 vies supplémentaires auraient pu être épargnées entre novembre et décembre 2018 (30 chaque mois).
Concernant la vitesse pratiquée sur le réseau passé à 80 km/heure, celle-ci a chuté dès le dimanche 1er juillet en moyenne de - 3,9 km/h pour les véhicules légers et de - 1,8 km/h pour les poids lourds. Elle s'est ensuite stabilisée pour les véhicules légers, mais a légèrement ré-augmenté pour les poids lourds. Ces données ont été collectées sur 50 points d'observation répartis dans 20 départements. Des routes dites "neutres" sans dénivelé ni courbes spécifiques où l'usager peut accélérer ont été choisies. Les résultats ont été calculés à partir de 44 millions de passages de véhicules, entre juin et novembre 2018.
Par ailleurs, les 80 km/h n'ont pour l'heure rien changé en matière de respect des distances de sécurité. Les inter-distances entre poids lourds et voitures demeurent inchangées. "L'effet redouté par certains d'une accumulation de voitures derrière les poids lourds, ou de voir des camions coller aux voitures, ne s'est pas produit, indique l'ONISR. Les observations sur le terrain montrent ainsi une constance des comportements routiers avant et après la mise en place de la mesure d'abaissement à 80km/h".
* Cerema : Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement la mobilité et l'aménagement.
**Cette décision a été prise sur la base des recommandations des experts du Conseil national de la sécurité routière (CNSR) qui ont estimé entre 300 et 400 vies épargnées par an. Une clause de rendez-vous au 1er juillet 2020 a été instaurée afin d'étudier avec précision et objectivité son impact sur l'accidentalité.
Retrouvez le bilan 2018 (provisoire) sur la mortalité routière en France, en cliquant ici
Même s'il ne s'agit pas de réduire le débat sur l'efficacité des 80 km/h à des comptes d'apothicaire, cette annonce d'Édouard Philippe tombe à point nommé pour les défenseurs de cette mesure; alors qu'Emmanuel Macron, lui-même, avait entrouvert, quelques jours plus tôt, la possibilité de mettre en place des « aménagements » afin que celle-ci soit « mieux acceptée ». Peut-on tout faire dire aux statistiques? Certaines critiques ont été émises à l'encontre de ce chiffre de "116 vies sauvées depuis le 1er juillet grâce au 80 km/h" : notamment sur la difficulté de tirer des conclusions définitives face à des échantillons aussi faibles et des durées d’observation si restreintes (6 mois au lien de 24), ainsi que la non prise en compte d'autres facteurs explicatifs, tels que la crise des gilets jaunes et les ralentissements de circulation dûs aux filtrages organisés sur les ronds-points.
Dans "l'Œil du 20 heures" du 28 janvier, des journalistes de France 2 ont également souligné quelques incohérences dans la méthode de calcul utilisée par l'ONISR et le CEREMA : " Si l’on veut refaire ce calcul, il n’y a aucun chiffre disponible concernant les accidents qui ont eu lieu sur des tronçons limités à 80km/h". Ces derniers ont d'ailleurs interrogé Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité routière, sur ce point : "Nous sommes sur des estimations mais qui sont suffisamment éloquentes pour pouvoir être indiquées avec précision", avance-t-il.
Des estimations basées sur des routes hors agglomération, dont 10% ne sont pourtant pas limitées à 80 km/h, mais qui ont malgré tout été comptabilisées dans le bilan présenté par le Premier ministre. Cependant, l'ONISR assure que le nombre d’accidents sur ces voies est constant depuis des années et ne change donc rien à son estimation. Reste qu'il faudra patienter jusqu'au printemps prochain la publication des statistiques définitives pour tenter d'y voir plus clair.
"116 vies sauvées"
Sur les 189 vies épargnées sur les routes de France en 2018 par rapport à 2017, 168 sont constatées sur le réseau hors agglomération et hors autoroute. Cette baisse du nombre de tués sur les routes secondaires se concentrerait sur les six derniers mois de 2018.
En comparant les données des cinq dernières années, l'ONISR estime que ce sont ainsi 116 vies qui ont été épargnées sur le réseau concerné grâce à la baisse à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée. Un chiffre qui suscite quelques doutes (cf. encadré ci-dessous), car obtenue calculant "la différence entre le nombre de tués au cours du second semestre 2018 par rapport à la moyenne 2013 – 2017".
À noter que, toujours d'après l'ONISR, ce net recul de la mortalité a connu un décrochage en novembre et décembre 2018, dans la période qui correspond à la forte dégradation des dispositifs de contrôle automatiques. Selon les estimations de l'organisme interministériel, sans ces dégradations, 60 vies supplémentaires auraient pu être épargnées entre novembre et décembre 2018 (30 chaque mois).
Pas d'effets négatifs sur les distances de sécurité
Concernant la vitesse pratiquée sur le réseau passé à 80 km/heure, celle-ci a chuté dès le dimanche 1er juillet en moyenne de - 3,9 km/h pour les véhicules légers et de - 1,8 km/h pour les poids lourds. Elle s'est ensuite stabilisée pour les véhicules légers, mais a légèrement ré-augmenté pour les poids lourds. Ces données ont été collectées sur 50 points d'observation répartis dans 20 départements. Des routes dites "neutres" sans dénivelé ni courbes spécifiques où l'usager peut accélérer ont été choisies. Les résultats ont été calculés à partir de 44 millions de passages de véhicules, entre juin et novembre 2018.
Par ailleurs, les 80 km/h n'ont pour l'heure rien changé en matière de respect des distances de sécurité. Les inter-distances entre poids lourds et voitures demeurent inchangées. "L'effet redouté par certains d'une accumulation de voitures derrière les poids lourds, ou de voir des camions coller aux voitures, ne s'est pas produit, indique l'ONISR. Les observations sur le terrain montrent ainsi une constance des comportements routiers avant et après la mise en place de la mesure d'abaissement à 80km/h".
* Cerema : Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement la mobilité et l'aménagement.
**Cette décision a été prise sur la base des recommandations des experts du Conseil national de la sécurité routière (CNSR) qui ont estimé entre 300 et 400 vies épargnées par an. Une clause de rendez-vous au 1er juillet 2020 a été instaurée afin d'étudier avec précision et objectivité son impact sur l'accidentalité.
Retrouvez le bilan 2018 (provisoire) sur la mortalité routière en France, en cliquant ici
Les 80 km/h ont-ils vraiment permis de sauver 116 vies?
Même s'il ne s'agit pas de réduire le débat sur l'efficacité des 80 km/h à des comptes d'apothicaire, cette annonce d'Édouard Philippe tombe à point nommé pour les défenseurs de cette mesure; alors qu'Emmanuel Macron, lui-même, avait entrouvert, quelques jours plus tôt, la possibilité de mettre en place des « aménagements » afin que celle-ci soit « mieux acceptée ». Peut-on tout faire dire aux statistiques? Certaines critiques ont été émises à l'encontre de ce chiffre de "116 vies sauvées depuis le 1er juillet grâce au 80 km/h" : notamment sur la difficulté de tirer des conclusions définitives face à des échantillons aussi faibles et des durées d’observation si restreintes (6 mois au lien de 24), ainsi que la non prise en compte d'autres facteurs explicatifs, tels que la crise des gilets jaunes et les ralentissements de circulation dûs aux filtrages organisés sur les ronds-points.
Dans "l'Œil du 20 heures" du 28 janvier, des journalistes de France 2 ont également souligné quelques incohérences dans la méthode de calcul utilisée par l'ONISR et le CEREMA : " Si l’on veut refaire ce calcul, il n’y a aucun chiffre disponible concernant les accidents qui ont eu lieu sur des tronçons limités à 80km/h". Ces derniers ont d'ailleurs interrogé Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité routière, sur ce point : "Nous sommes sur des estimations mais qui sont suffisamment éloquentes pour pouvoir être indiquées avec précision", avance-t-il.
Des estimations basées sur des routes hors agglomération, dont 10% ne sont pourtant pas limitées à 80 km/h, mais qui ont malgré tout été comptabilisées dans le bilan présenté par le Premier ministre. Cependant, l'ONISR assure que le nombre d’accidents sur ces voies est constant depuis des années et ne change donc rien à son estimation. Reste qu'il faudra patienter jusqu'au printemps prochain la publication des statistiques définitives pour tenter d'y voir plus clair.