Nicolas Champetier (HYVIA) : « L’hydrogène est complémentaire à l’électromobilité pour le TRM »

L’Officiel des Transporteurs : Pouvez-vous présenter la société HYVIA et son offre de solutions ?

Nicolas Champetier : HYVIA est une coentreprise entre le groupe Renault et Plug, expert américain de la production de piles à combustible à hydrogène. Dans le cadre de la décarbonation du transport, nous proposons aux professionnels une offre intégrée comprenant approvisionnement en hydrogène vert, infrastructure d’avitaillement (en partenariat avec Atawey), VUL neufs et services (maintenance, financement, etc.). Notre objectif étant de permettre aux transporteurs et chargeurs de s’engager dans la mobilité hydrogène à l’aide d’une solution clé en main.

En quoi l’hydrogène est-elle plus avantageuse par rapport à la mobilité électrique pour les VUL ?

N.C. : L’hydrogène est complémentaire de l’électromobilité pour le TRM. Si les véhicules à batteries sont et seront l’avenir pour le VUL en zone urbaine et péri-urbaine, la mobilité par pile à combustible hydrogène est plus polyvalente et offre davantage de disponibilité. De ce fait, elle est notamment indiquée pour les besoins intensifs, comme le transport de charges lourdes ou encore les parcours vallonnés. Au-delà de faire comprendre la technologie auprès des utilisateurs, nous devons avant tout expliquer les bénéfices réels aux professionnels. C’est sur cette « acculturation » sur laquelle nous avons travaillé durant l’année 2023 en plus du lancement commercial de l’offre et du « test & learn » sur les véhicules.

Quels sont les projets et les perspectives d’HYVIA pour les prochaines années ?

N.C. : Cette année, nous allons déployer un fourgon de type Renault Master plus abouti avec différents gabarits (10,4 m³, 12,6 m³ et 14,4 m³), qui ne nécessitent qu’un permis B pour être conduits. Dans un premier temps, nous nous focalisons sur les clients opérant des flottes de plusieurs dizaines de véhicules. À ce propos, nous avons d’ores et déjà noué un partenariat avec la Région Auvergne-Rhône-Alpes pour la livraison d’une cinquantaine de véhicules. Pour l’heure, nous attaquons le marché en répondant aux besoins, et nous proposons nos véhicules à l’achat et sur un modèle de leasing. L’objectif étant d’avoir 30 % du marché des véhicules utilitaires hydrogène en Europe à l’horizon 2030. En matière d’infrastructure, via notre offre HYWELL, nous souhaitons être en mesure de déployer des stations d’avitaillement d’une centaine de kg par jour, avant de passer à des infrastructures de dimension supérieure (plus d’une tonne par jour). Nous avons d’ores et déjà identifié des territoires propices à des implantations, en Occitanie par exemple.

Quels sont les leviers pour accélérer le déploiement de VUL à hydrogène ?

N.C. : Concernant la production d’hydrogène décarboné, il faut davantage de visibilité sur la manne disponible et travailler sur sa compétitivité. Il faudrait que le coût de l’hydrogène soit inférieur à 10 €/kg pour que le TCO soit acceptable par rapport aux véhicules à batteries. Enfin, nous pourrions très bien envisager des synergies avec l’écosystème hydrogène des poids lourds pour démocratiser l’alternative hydrogène. Dans ce cadre, ce serait judicieux qu’il ait une politique de subventions et d’accompagnement public bien ciblée pour favoriser l’essor de la filière, que ce soit au niveau français et européen.