« Au cours de notre réunion avec le président de la Cea, celui-ci n’a pas lâché de lest ni sur le principe ni sur la date du vote. Nous, transporteurs, avons quitté la table avant la fin de la réunion », lâche Brigitte Kempf, co-présidente de la FNTR Alsace. Une rencontre entre le président de la Collectivité européenne d’Alsace et les représentants du collectif pour la compétitivité alsacienne (qui réunit une vingtaine de filières) était organisée le 7 octobre. Point d’orgue d’une matinée de mobilisation, après une opération escargot organisée via deux convois, partis du nord et du sud de l'Alsace. Au total, selon la FNTR, une centaine de poids lourds y ont participé, ainsi qu’une trentaine de tracteurs agricoles.
Les transporteurs – à l’appel de la FNTR – étaient mobilisés pour protester contre la mise en place future de l’écotaxe Alsacienne, la fameuse « R-pass ». Comme les autres fédérations patronales du transport, de nombreux acteurs économiques sont vent debout contre cette taxe. Début septembre, la Cea avait rendu une étude d’impact, contestée par les fédérations professionnelles, avant d’annoncer le vote du principe de l’écotaxe le 21 octobre prochain. « La Cea passe en force, et la réunion du 7 octobre dénote d’une vraie fracture entre le monde politique et économique », constate Brigitte Kempf.
La peur d’un déploiement d’écotaxes dans d’autres régions
Les transporteurs dénoncent notamment l’impact économique qu’aurait cette taxe sur les transporteurs alsaciens, qui seraient selon eux particulièrement impactés. Rappelons que cette écotaxe vise à réduire le trafic de certaines routes alsaciennes, utilisées par des transporteurs de toutes nationalités pour contourner la taxe côté allemand (LKW Maut). « La Cea compare avec l’Allemagne quand cela les arrange ! s’agace encore la co-présidente de la FNTR Alsace. Oui il y a une Maut en vigueur mais les autoroutes y sont gratuites, il n’y a que cette taxe, contrairement à chez nous ! Et puis on annonce une possible taxe de 0,15cts/kilomètre mais sachant que côté allemand elle est à 0,34cts, ce sera toujours moins onéreux de passer par chez nous, donc nous avons du mal à voir comment le trafic pourrait réduire… »
La crainte de la FNTR, et des autres fédérations, est que, comme du côté allemand, cette écotaxe ne soit qu’un début : qu’ensuite le tarif augmente, concerne davantage de routes… et s’étende à d’autres régions, comme cela pourrait être le cas dans le Grand Est. D’autant que le nouveau ministre des Transports François Durovray, à peine nommé, a laissé planer la possibilité d’un retour d’écotaxes régionales.
Suite à cette rencontre infructueuse, le collectif pour la compétitivité alsacienne se réunira le 9 octobre pour décider de la suite de la mobilisation. A n’en pas douter, une sera prévue le 21 octobre, date du vote à la Cea. « D’ici là, nous allons essayer de faire comprendre à la Cea qu’elle aura des faillites d’entreprises sur la conscience », indique Brigitte Kempf.