Retour sur le passé. En octobre 2021, ULS est désigné comme le lauréat de l’appel à projets de Voies navigables de France (VNF) et de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) avec la ville et la métropole de Lyon pour la mise en place d’un service de logistique urbaine fluviale alliant bateau et vélo-cargo électrique entre le port Edouard Herriot et un quai situé à proximité du pont Morand à Lyon. ULS opère depuis 2020 une solution similaire à Strasbourg.
A la fin juin 2022, ULS inaugure son service lyonnais avec un bateau équipé d’un moteur répondant à la norme EMNR Stage V, fonctionnant au GTL (gas to liquid), sur lequel sont chargées les marchandises massifiées au port de Lyon-Edouard Herriot dans un bâtiment de stockage de 2800 m2. Le fret fait un voyage fluvial de 45 minutes du port à un quai VNF, situé près du pont Morand dans le centre-ville, où s'effectue le déchargement. Sur le quai, des vélos-cargo à assistance électrique récupèrent les marchandises pour la livraison des derniers kilomètres.
La nouveauté. Après plusieurs mois de test du process pour s’assurer de la traçabilité des colis, de la bonne transmission des informations, du respect du délai de livraison, ULS et Geodis ont signé un partenariat le 25 octobre 2023 officialisant leur association pour une logistique bas carbone afin de desservir le centre-ville de Lyon, en commençant par les 1er et 2ème arrondissements, puis les 5ème, 6ème et 9ème dans un deuxième temps.
Depuis l’agence Geodis de Corbas, un véhicule utilitaire fonctionnant au biogaz livre les marchandises (équivalent à 50 livraisons par jour pour commencer) à l’entrepôt ULS situé dans le port Edouard Herriot. La suite de la chaine est similaire à ce qui se fait depuis le lancement de la solution : les caisses ULS sont chargées sur la barge qui effectue le voyage en 45 minutes jusqu’au quai près du pont Morand où elles sont déchargées par une grue électrique puis leur contenu est réparti sur des vélos-cargo électriques pour livraison des derniers kilomètres jusqu'aux clients.
Sur la barge poussée par le bateau Anastasia (propriété d’ULS), une benne Paprec est également présente pour accueillir des déchets recyclables (cartons, papiers…) qui constituent le flux retour du service (« reverse logistic »).
La réalité des chiffres. « J’aurais aimé communiquer sur des niveaux de trafics plus élevés, a indiqué Thomas Castan, fondateur d’ULS. Le bilan n’est pas à la hauteur de nos ambitions. Nous avons effectué à ce jour 2962 livraisons, au lieu de 30000 escomptées, et 340 tonnes au lieu de 40000 tonnes. Oui, ça pique, oui, ça stresse. Tout le monde veut aller plus vite mais la conduite du changement est très dure et prend du temps. On peut aussi analyser le temps que cela prend comme un atout pour bâtir une solution robuste et pérenne ». Les 30000 tonnes sont désormais annoncées pour 2024 ou 2025.
Pour Benoit Dumont, directeur général d’ULS depuis juin 2023, outre les colis de messagerie de Geodis, la croissance du trafic va venir des flux de « pondéreux » (boissons avec 40 tonnes entrants chaque jour à Lyon alors qu’ULS n’en transporte aujourd’hui que 5 t, farine…), des « petits » colis B to C, des produits valorisables (reverse logistic) mais aussi d’activités ponctuelles en lien avec des travaux du BTP, ou des associations. C’est le modèle qui fonctionne à Strasbourg, rappelle le responsable.
L’atout de la solution ULS étant par ailleurs son caractère industrialisé et minuté du chargement, au trajet fluvial, au déchargement, aux tournées des vélos-cargo.
Livraison « décarbonée ». Du côté de Geodis, le partenariat avec ULS s’inscrit dans une démarche de construction d’une logistique urbaine durable, en « décarbonant » les véhicules routiers (en les faisant rouler au biogaz ou à l’électricité) en utilisant des « modes doux » comme les vélos-cargo électriques, le transport fluvial là où il est pertinent localement. Geodis affiche sa volonté de livrer d’ici la fin 2024 les centres-villes de 40 agglomérations françaises de manière ainsi plus « vertueuse ».
« Le partenariat marque la robustesse du modèle, totalement intégré dans notre outil de production. La priorité est la qualité du service aux clients qui doit égaler, en comprenant un maillon fluvial, la qualité des autres moyens de distribution », a dit Stéphane Chassagne, directeur général de Geodis. Il s’agit aussi de désengorger les centres-villes, de répondre aux attentes des habitants et des élus.
Selon ce responsable : « L’objectif est d’être à isocoût, on peut y arriver à Lyon comme on y arrive ailleurs. Cela va dépendre de la montée en puissance et de la stabilisation du process ». Chaque jour, ce sont 1000 colis qui doivent être livrés par Geodis dans l’hyper centre de Lyon ; la solution avec ULS concerne actuellement 50 colis et doit monter à 100, etc.
Et demain et ailleurs. Pour ULS, l’avenir se décline avec la construction d’un nouveau bateau innovant, « modulaire et modulable », selon Thomas Castan, c’est-à-dire qu’il pourra être facilement démonté pour être transporté rapidement (en moins de 24h) par la route d’une ville à l’autre.
Il sera doté d’une grue embarquée pour répondre à la demande des élus locaux dont certains ne veulent pas voir stationner d’engins de manutention sur les quais de leurs villes (parfois pour des raisons de classement au patrimoine historique comme à Bordeaux).
Le prochain lancement d’une solution ULS est prévu à Mulhouse au printemps 2024, la société ayant été choisie à l’issue d’un appel d’offres par VNF en juin 2023.
ULS participe à des appels à projets à Paris et à Rouen dont les résultats pourraient être connus d’ici la fin de cette année.