« La lecture et l’analyse du plan de relance laissent, à ce stade, les acteurs de la filière fluviale sur leurs interrogations car il brasse trop large pour qu’on y reconnaisse une ligne stratégique affirmée qui fasse avancer l’intermodalité dans toutes ses composantes », fait part Entreprises fluviales de France (E2F), l’organisation représentative du fluvial et de toutes ses composantes, dans une réaction le 7 septembre 2020 à la présentation de « France Relance » par le gouvernement le 3 de ce même mois.
« La profession fluviale retient de « France Relance » une volonté de redynamisation par l’infrastructure évidemment à saluer, et des mesures « génériques » destinées aux entreprises, bienvenues, mais dans lesquelles les compagnies de navigation devront trouver leur place », ajoute E2F.
Des avancées sur les infrastructures fluviales
Le plan de relance compte donc quelques motifs de satisfaction pour le fluvial mais présente aussi une bonne marge de progression.
La satisfaction se trouve du côté des infrastructures : « Le plan de relance reconnait la situation particulièrement critique du réseau d’infrastructures fluviales tant sur le petit gabarit que sur le grand gabarit et la nécessité d’un effort financier pour rattraper le retard en termes de régénération, de modernisation, de gestion hydraulique et de régulation hydrologique. Les messages de la profession ont manifestement été entendus ». Toutefois, il y a un bémol de taille à cette avancée : « Les annonces ne sont pas assez détaillées, à ce stade, pour évaluer l’ampleur de l’effort consenti et le ciblage des actions prioritaires ».
Des absents : ports fluviaux, PARM, PAMI, aide à la pince…
Le plan de relance consacre 200 M€ à la transformation des grands ports maritimes français. « On ne peut que noter l’absence de référence aux ports fluviaux et le décalage entre le descriptif technique de la mesure et l’enveloppe financière allouée ne serait-ce que sur les aménagements d’infrastructures pour faciliter le report modal. Le plan se borne ici à énoncer des principes généraux sans véritablement de détail quant aux actions et calendriers », analyse E2F.
L’organisation relève aussi et « s’étonne que des mesures spécifiques au fluvial peu coûteuses et manifestement sous-dimensionnées, à l’effet de levier avéré, ne font l’objet d’aucune mention ». Il s’agit notamment des plans d’aides au report modal (PARM), à la modernisation et à l’innovation de la flotte (PAMI), de « l’aide à la pince », de mesures relevant de la fiscalité (exonération des plus-values de cession), du fonds de solidarité, etc.
Restr attentif et mobilisé
Les TPE et PME du fluvial pourront avoir accès aux deux mesures du plan de relance destinées à aider les entreprises à renforcer leurs fonds propres (« garantie publique accordée aux placements financiers qui recevront un label « France Relance», prêts participatifs ») ainsi qu’au quatrième programme d’investissement d’avenir (PIA). Pour E2F : « Il faut s’en féliciter dans le sens de la transition écologique. Sur ces sujets, la profession restera attentive à ce que les méandres administratifs ne viennent contredire une volonté politique clairement affichée ».
L’organisation compte sur de prochains échanges avec le ministère chargé des transports : « Gageons que dans cette avalanche de milliards, il disposera de dotations et de marges de manœuvre suffisantes pour nous permettre de revenir à la spécificité de nos secteurs et préserver nos entreprises ».
Jean-Baptiste Djebbari, ministre chargé des transports, devrait réunir vers la mi-septembre 2020 un « conseil ministériel pour le développement et l’innovation pour les secteurs de la multimodalité ferroviaires, maritimes, fluviaux et portuaires »… « L’occasion d’entrer dans le détail pour E2F et peut-être de rattraper ce qui doit l’être ».