Les croisières proposées de mi-avril à début novembre sont dans la catégorie très haut de gamme, « all inclusive », à destination d’une clientèle internationale, notamment d’Amérique du Nord. « Depuis quelques années, nous recevons des Australiens et des Africains du Sud. Depuis 2 ou 3 ans, des Chinois sont arrivés, le premier était de Los Angeles et il nous a envoyé des connaissances ».
« En principe, la préparation de la saison commence mi-février, en 2020, j’avais à ce moment-là engagé 4 CDD et devait confirmer d’autres quand le confinement a été mis en place mi-mars. Tout s’est arrêté. Pour la société, 2020, c’est moins que zéro notamment avec le remboursement des acomptes, les factures à régler, les frais divers », précise Mark Bostin.
« VNF a fait un très beau geste sur les COT et les vignettes. Il faut se battre, par exemple, avec les assurances qui ont juste accordé deux mois d’annulation de prime. C’est un sujet sur lequel tous les opérateurs ont des difficultés ». L’activité partielle a été mise en place. Deux bateaux sont en cale sèche, ceux de Champagne et Alsace-Lorraine : « On a fait le choix de faire les travaux maintenant ».
Pour l’avenir, Mark Bostin dit : « On essaie de rester positif. Le président de la société qui est aux Etats-Unis nous soutient ». Pour 2021, avec 800 clients, les réservations sont pour le moment au rendez-vous. « Notre objectif est de 1 000 à 1 500 passagers par an. On y arrive depuis 4 ans et 2020 aurait été notre meilleure année depuis 2008. En 2021, nous sommes rempli à 80 % et les clients sont toujours motivés pour venir. Nous sommes dans un tunnel avec, peut-être, une toute petite lumière au bout. Le souci est que, pour le moment, personne ne peut dire si les frontières seront ouvertes, si les avions voleront ».
Février 2021 va arriver très vite pour préparer la saison qui commence en avril, souligne le dirigeant qui prévoit plutôt un démarrage en mai ou en juin « et on aura de la chance » si tel est le cas.
Réduire les charges sur le long terme
Sur le canal du Midi, avec le Haricot noir, bateau de 30 m, Pierre Gaudry avec sa fille capitaine et un matelot accueillent jusqu’à 12 passagers en couple ou en groupe, une clientèle exclusivement française. L’offre comprend des croisières de 4 à 7 jours (gîte, demi-pension, tout compris), des formules promenade à la demi-journée, à la journée ou 2 jours, de la location pour des événements familiaux ou professionnels.
Pour Pierre Gaudry : « Le Covid 19 met en évidence des difficultés qui existent depuis un moment. Le tourisme est une industrie avec des professionnels, pas une variable d’ajustement, et des clients de plus en plus exigeants. Le tourisme ne se décrète pas, il y a d’abord le bon vouloir de la clientèle. Les Français veulent-ils ou peuvent-ils faire le choix du tourisme fluvial ? Il faut mettre le client au centre de nos priorités et la préoccupation principale du touriste français est le prix. Le canal du Midi ne dispose pas d’une clientèle de proximité importante et les locaux croient connaître. Une ouverture à l’international est indispensable mais l’offre ne peut pas être exclusivement haut de gamme. Maintenir l’activité toute l’année est un enjeu essentiel. Une des difficultés du canal du Midi est son éloignement des zones de grande fréquentation. Il faut faire la différence entre les « spots » qui attirent les touristes et sont rentables et les autres destinations notamment sur les canaux. Pour ces destinations-là, il faut se donner les moyens du développement avec les collectivités, adapter la promotion. Il faut aller vers une réduction sur le long terme des charges, COT, péages. Il faut éviter les excès en ce qui concerne le verdissement ».