Céréales et logistique
Le document établi en 2016 préconisait de réaliser un état des lieux du réseau ferroviaire et de financer des réouvertures et des modernisations de lignes « à fort potentiel », internes à la région Centre-Val-de-Loire ou la connectant aux régions voisines. Il soulignait aussi la nécessité de simplifier l’attribution des sillons, de mettre en place une plateforme d’échange entre les acteurs du fret ferroviaire, ou encore d’envisager la création d’un opérateur ferroviaire de proximité. Le colloque organisé par le Ceser a permis de dégager trois grandes thématiques autour de la question du transport de marchandises et du report modal vers le ferroviaire en région Centre-Val-de-Loire. Tout d’abord la filière céréales, très présente dans la région puisque plus de 88 % des 561 000 hectares de la Beauce sont situés en Centre-Val-de-Loire. Le fret ferroviaire y est abondamment utilisé pour l’expédition des céréales depuis les silos agricoles. Ensuite la logistique, qui tient aussi une grande place dans la région avec en particulier de nombreux établissements autour d’Orléans et de nombreux projets de nouvelles implantations. Cette filière n’utilise aujourd’hui que très peu le transport ferroviaire en Centre-Val-de-Loire. Enfin le transport routier de transit, avec le croisement dans la région de deux grands axes : est-ouest entre l’Atlantique et l’Europe de l’Ouest, et surtout nord-sud avec l’autoroute A10.La question des capillaires
Intervenant en ouverture du colloque, François Bonneau, président de la région Centre-Val-de-Loire, a souligné l’engagement financier du conseil régional dans la rénovation des lignes capillaires, avec en particulier la réhabilitation de quatre lignes spécifiquement utilisées par le transport de marchandises. Cette question du capillaire fret est essentielle en particulier pour le transport de céréales, les silos étant diffus à travers le territoire. Les capillaires, qu’ils soient ou non spécifiques au fret, sont à la source de 40 % du transport ferroviaire de marchandises. « Il y a un problème de fiabilité, a pointé Sébastien Barthe, directeur logistique d’Axéréal. On sait qu’il y a des travaux, des problèmes de sillons, de compétitivité entre le transport voyageur et le fret. Le fret ferroviaire chez nous a perdu quatre points sur la part de nos expéditions en cinq ans. C’est énorme. Aujourd’hui, c’est aussi une question de satisfaction client. Quand j’expédie un train, j’expédie avant tout un train pour répondre au besoin d’un de mes clients. Aujourd’hui, un sur trois n’arrive pas à l’heure chez mes clients ».
Des embranchements ferroviaires manquants… ou inutilisés
Au-delà des problèmes de fiabilité, la disponibilités des embranchements laisse aussi à désirer dans une zone pourtant très riche en implantations logistiques, comme l’a expliqué Éric Champeyrol, directeur général de Naviland Cargo : « On ne trouve pas de terminal sur la zone orléanaise, notamment la zone Orléans Nord qui reste l’épicentre logistique français. Tout vient par la route. Si j’avais un embranchement fer, je saurais faire cinq trains par semaine sans aucune difficulté. J’ai dû visiter sept embranchements fer, dont deux ou trois correspondaient à la situation. Mais après, la mise à disposition du site fait l’objet d’un imbroglio de décisions politiques chez SNCF Réseau ».
« La situation française est non seulement grave, mais elle est alarmante, a résumé Jacques Chauvineau, président d’Objectif OFP, invité à ce colloque à titre de grand témoin. On est en train de se doter d’un handicap logistique qui va peser sur notre économie. Il faut absolument qu’on ait une logistique nouvelle qui se place dans cette perspective de la compétitivité et de l’écologie. Le train a un rendement écologique et énergétique qui est hors de portée des autres modes, de la voiture, du camion et de l’avion. Et en même temps, il est adaptable à toutes les énergies propres qui vont pouvoir apparaître ».
La région Centre-Val-de-Loire, via son vice-président délégué aux transports Philippe Fournié, a annoncé un passage en revue des installations terminales embranchées (ITE), pour détecter celles qui ne sont plus actives et promouvoir leur utilisation. « Aujourd’hui, nous sommes prêts à accompagner financièrement les entreprises pour la rénovation, la réhabilitation ou la remise ne service des ITE », a-t-il déclaré.