Le Royaume-Uni a définitivement quitté l'UE et son marché intégré le 31 décembre 2020 à l’issue d’une période de transition d’un an au cours de laquelle les relations commerciales entre le Royaume-Uni et l'UE seraient restées inchangées... sans une pandémie planétaire. De ce fait, tout changement dans les volumes d'échanges pourrait être attribué aussi bien à l'impact de l'augmentation des tarifs douaniers et des coûts non tarifaires instaurées avec le rétablissement d’une frontière terrestre qu’aux conséquences de la pandémie sur l'activité économique et les niveaux de demande. Mais il peut aussi être lié au comportement des détaillants qui, par anticipation à une augmentation des coûts tarifaires ou non tarifaires ou à un affaiblissement de la livre sterling, constituent du stock.
VesselValue s’est frayé un chemin dans « ce contexte d'influences qui se chevauchent et s'imbriquent » pour démêler l’écheveau des impacts du Brexit sur les volumes commerciaux entre le Royaume-Uni et ses partenaires commerciaux européens, par catégories de produits et dans créneau de temps défini. Le consultant s’est appuyé pour cela sur un ensemble de données en temps réel : suivi des navires, importations, exportations… et a examiné le volume des échanges au cours des deux mois suivant le Brexit (janvier-février 2021) par rapport aux deux mois précédant immédiatement le Brexit (novembre-décembre 20), et comparé ces volumes à l'histoire récente.
Constitution de stocks par anticipation
Les phénomènes de constitution de stocks de précaution juste avant le Brexit sont manifestes pour toutes les catégories de produits, pétrole, produits pétroliers, produits chimiques, vrac sec… Pour le pétrole et les produits pétroliers, si le commerce a fortement rebondi après les blocages initiaux, l'activité s'est stabilisée à un niveau largement réduit pendant les mois d'été, note VesselValue. Le regain d'activité en novembre avec le plus grand volume d'importations depuis au moins 2015 (6,79 Mt) a été de courte durée, suivi d'un trafic plancher à 2,7 Mt en février (le plus bas depuis 2015, et de loin). Depuis, les importations restent extrêmement faibles.
« Si l'on considère le volume des importations au cours des deux mois précédant le Brexit, nous avons constaté le niveau d'importations le plus élevé de l'histoire récente et 2 % de plus qu'en 2019. Cela a été immédiatement suivi d'une chute de 40 % des importations dans les deux premiers mois suivant le Brexit », indique clairement l’enquête.
Les partenaires restent fidèles
Dans son analyse, VesselsValue a également examiné l’effet de la sortie sur les relations commerciales du Royaume-Uni. « Si l'on considère les dix principaux partenaires commerciaux des importateurs britanniques dans chaque secteur, on constate que la provenance a très peu changé entre 2020 et les trois premiers mois de 2021 ».
À quelques petites exceptions près. Dans le vrac sec, les Pays-Bas ont été remplacés par l'Australie. Dans le pétrole et les produits pétroliers, le Royaume-Uni a remplacé trois destinations de courte distance (France, Belgique, Norvège) par trois partenaires commerciaux beaucoup plus éloignés (Singapour, Canada, Malaisie).
En attendant l’assèchement des stocks
Qu’en déduire ? « Outre un ralentissement général de l'activité économique lié aux effets du Covid-19 et à l'augmentation du coût des affaires après le Brexit, tout porte à croire qu'une partie au moins de la baisse des échanges en début de 2021 est due à la constitution de stocks de précaution au cours des derniers mois de 2020. Cela suggère qu'une grande partie de la baisse du commerce à laquelle nous avons assisté pourrait s'inverser lorsque ces stocks commenceront à baisser. »
Adeline Descamps
