Les temps sont difficiles pour les opérateurs de croisière. Après avoir subi plus d’une année de suspension de leurs opérations, l’activité de cette industrie relativement jeune a repris lentement mais sans retrouver ses jauges d’avant épidémie. En convalescence, elle doit affronter la fronde.
En Méditerranée, la croisière fait l’objet d’attaques depuis plusieurs années déjà mais ces dernières semaines, l’étau s’est resserré d’un cran. À Marseille, le maire de la ville Benoît Payan lançait fin juillet une pétition (un peu plus de 52 000 signataires) pour demander l’interdiction de « ces paquebots polluants » durant les jours de pollution intense et des contrôles resserrés de leurs émissions. Tout récemment, il s’en est encore pris aux « géants de la croisière », en dénonçant des « multinationales voraces », « qui continuent de cracher et de déverser sur Marseille des fumées noires remplies de poison. »
En Corse, aussi
Une nouvelle fronde vient cette fois de Corse, portée par le collectif de militants Stop Croisières, un mouvement qui essaime en France et s’érige contre les nuisances envers l’environnement et « un tourisme de masse et en particulier contre ces navires de croisières gigantesques totalement anachroniques », a indiqué le collectif, à l'origine d’une pétition paraphée par 26 600 signatures au 7 septembre.
Elle a été transmise cette semaine à la mairie d'Ajaccio, à la Chambre de commerce et d’industrie de Corse (CCI) du Sud qui gère le port, à la Collectivité de Corse et à la présidence de la République. À l’occasion de la saison 2022, quelques 230 escales sont prévues dans le port de la côte ouest de l'île. « Soit un à quatre bateaux par jour et jusqu'à 6 000 passagers quotidiens », a calculé le collectif.
Une tendance : le blocage de paquebots
Comme à Marseille, où le Wonder of the Seas, qui détient le titre du record de taille, de la compagnie Royal Caribbean, avait été bloqué en juin par le collectif marseillais Stop Croisière, des militants indépendantistes corses ont également retardé en juillet l'accostage d'un paquebot à Ajaccio. Le président autonomiste du Conseil exécutif, Gilles Simeoni, a reconnu à cette occasion que « ce type de séjours sur des méga-bateaux polluants ne correspond[ait] pas aux axes de tourisme durable ».
Le maire d’Ajaccio a pour sa part appelé à la concertation des parties prenantes pour identifier « les solutions à apporter aux nuisances constatées » et trouver « un équilibre entre développement économique et protection de l’environnement ».
La grogne s’est aussi exprimée en Espagne ou en Italie à Venise, qui a fini par interdire les grands paquebots dans son centre historique, classé à l'Unesco.
A.D.