Croisières : Benoît Payan, le maire de Marseille, ne désarme pas

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Le maire de Marseille, qui avait lancé une pétition mi-juillet pour obtenir l’interdiction des escales de navires dits polluants lors des pics de pollution, est reparti à la charge alors qu’il était présent le 5 septembre à la présentation par La Méridionale de son filtre à particules, une technologie qui piège les particules fines et ultra fines, polluants figurant parmi les plus impactant pour les riverains du port.

Benoit Payan est parti en croisade. Depuis le 19 juillet, date à laquelle le maire de Marseille a mis ligne sur le site Internet de la Ville une pétition pour que les navires les plus polluants ne puissent plus faire escale dans le port phocéen durant les pics de pollution, l’édile est en colère et il l’a manifesté, sans trêve, cet été, dans tous les supports de communication qui s’offraient à lui. La relativement faible mobilisation – 52 226 signatures pour une ville de plus de 870 000 habitants –, ne le désarme pas.

La pression sociétale aidant, l’étau se resserre autour des opérateurs de croisières. Car si la pétition mentionne le terme plus vague de « navires », ce sont bien les paquebots qui sont implicitement visés alors que sa ville loge l’un des cinq premiers ports de croisière méditerrannéen avec un peu plus de 1,7 million de croisiéristes avant le Covid, qui a cloué les paquebots à quai pendant plus d’un an.

Concrètement, Benoit Payan, maire divers gauche, attend du préfet de région un renforcement des contrôles des émissions et une interdiction pure et simple pour les navires les plus polluants quand les niveaux d’ozone sont au plus haut. Il a remis du bois dans l’âtre le 5 septembre alors qu’il était invité par La Méridionale à assister à l’inauguration d’une « Première mondiale » : la présentation du filtre à particules que la compagnie marseillaise de ferries et ro-pax a généralisé sur les moteurs de son Piana et qui permet de « capturer » plus de 99 % des oxydes de soufre (SOx) et des PM, particules fines et ultrafines, polluants les plus impactants pour les riverains.

Stigmatisation des géants de la croisière

Et tandis que l’édile louait la plus ancienne compagnie marseillaise pour son côté pionnier dans « l’industrie écologique », « consciente des dangers et des enjeu de ses activités », il a rapidement versé dans l’attaque sans nuances. « Si certains agissent par vertu, nous devons aussi faire face à l’inaction d’autres. Dans ce port, il y a aussi des entreprises, telles que les géants de la croisière qui continuent de cracher et de deverser sur Marseille des fumées noires remplies de poison. Elles mettent en danger les habitants et détruisent les littoraux. L’appât du gain est tellement fort qu’ils continuent en toute impunité de créer les conditions d’un monde invivable pour les riverains ».

Branchement électrique à quai largement subventionné

Après avoir retiré ses financements du club de la croisière, la Ville de Marseille a tardé – comparativement à ses pairs de Nice et de Toulon –, mais a fini par rejoindre le plan Escales zéro fumée, lancé par la région en 2019 avec une enveloppe de 30 M€ pour la connexion électrique à quai des bassins est, ceux du centre-ville. La collectivité y abondera à hauteur de 10 M€. « Mais il y a une condition, a ajouté Benoît Payan, elle doit profiter d’abord et avant tout à des compagnies aux engagements écologiques comme La Méridionale, CMA CGM et Corsica Ferries... »

Le président de région Renaud Muselier, « partisan d’une approche par la conviction et la pédagogie avant la punition » pour ne pas « flinguer le port », avait vivement critiqué l’attitude de son opposant politique lors du lancement de la pétition. Il a reformulé moins vertement ce 5 septembre à bord du Piana : « il faut donner les outils à terre pour forcer les changements à bord. Je suis convaincu que le cercle vertueux est un méthode qui fonctionne ».

Pour rappel, les financements alloués dans le cadre du programme régional portent sur les infrastructures de connexion électrique des navires mises en place par les autorités portuaires (enveloppe de 20 M€) tandis que 5 M€ sont fléchés vers l’équipement électrique des navires des compagnies maritimes avec un ticket maximum de 300 000 € par navire pour les compagnies desservant la Corse et le Maghreb. Les 5 millions restants visent a promouvoir le mix énergétique des ports en matière de production d’énergie renouvelable d’origine photovoltaïque, le développement d’une filière d’approvisionnement en GNL ou encore l'équipement en dispositifs d'épuration des gaz.

Marseille Fos pionnier grâce à La Méridionale

Le Grand port Maritime de Marseille, qui a budgeté 20 M€ pour connecter l’ensemble des navires des Bassins Est, a été le principal bénéficiaire du plan régional avec 10 M€ de la Région complétées de 5 M€ du Conseil départemental des Bouches du-Rhône. La métropole a été première en France à avoir déployé le courant de quai en 2017 grâce à La Méridionale.

Selon la Région, le secteur maritime concentre 10 à 15 % du total des pollutions atmosphériques à Marseille, et jusqu'à 40 % pour les oxydes d'azote. 

Dans un mois doit se tenir la deuxième édition du Blue Maritime Summit à Marseille, un événement réunissant toute la chaîne de valeur de l’industrie de la croisière, armateurs, constructeurs, motoristes, fournisseurs et distributeurs d’énergie, organismes de réglementation…À l’occasion de la première en octobre 2019, la filière avait apporté des premières réponses aux accusations plurielles et répétées dont elle fait l’objet depuis des années sans pour autant réagir. Depuis, le climat s’est encore tendu.

Adeline Descamps


 

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