Le groupe pétrolier français a annoncé le 27 août avoir finalisé la cession à son partenaire russe Novatek, dont il est par ailleurs actionnaire à hauteur de 19,4 %, sa participation de 49 % dans la coentreprise Terneftegas, qui exploite le champ gazier de Termokarstovoye (2,4 milliards de m3 de gaz naturel et 0,8 Mt de condensats) dans le centre-est de la Russie. Le montant de la transaction n'a pas été dévoilé.
L’accord a été finalisé le 18 juillet dernier et les autorités russes, saisies le 8 août, ont donné leur accord au projet de cession le 25 août, si bien que la finalisation de l'accord de vente et d'achat avec Novatek, qui devient ainsi l’unique actionnaire, a été actée le 26 août, précise la société, bavarde sur l’état du calendrier notamment pour éviter le télécospage d’informations qui pourraient suggèrer que le groupe agit sous la pression.
Au cœur de la polémique
La major française est mise en cause dans un article publié par Le Monde. Le quotidien s’appuie sur une enquête de l'ONG Global Witness pour affirmer que Terneftegaz a fourni du condensat de gaz à une raffinerie proche d'Omsk, qui en a fait du hérosène, lequel aurait alimenté les avions russes au moins jusqu'en juillet.
En guise de réponse, TotalEnergies, qui a saisi Novatek du sujet, a publié in entenso la réponse de son partenaire russe : « Tous les condensats instables produits par nos filiales et sociétés liées à Novatek, y compris Terneftegas, sont traités dans notre usine de stabilisation de condensats de Purovsky. La totalité des condensats [qui y sont] stabilisés (...) sont livrés au complexe industriel de Ust-Luga dans la région de Leningrad. [Ce dernier] fabrique une série de produits dont du kérosène qui est exclusivement exporté hors de Russie. Le jet fuel n’a pas les certificats nécessaires pour être vendu sur le marché russe ». « Non, TotalEnergies ne produit pas de kérosène pour l'armée russe », appuie le communiqué.
15 Md€
L’opération de cession de Terneftegas, qui devrait être conclue en septembre, est réalisée « dans des conditions économiques permettant à TotalEnergies de recouvrer les montants investis dans ce champ qui lui restent dus », indique aussi le communiqué.
Le retrait de Russie aurait déjà coûté au Français plus de 15 Md€. Il détient encore une participation de 19,4 % dans Novatek, de 20 % dans Yamal LNG et de 10 % dans Arctic LNG 2, qui exploitent les riches gisements gaziers des péninsules russes en Sibérie.
Pour rappel, Arctic LNG 2 prévoit la construction de trois trains de liquéfaction de GNL d’une capacité de production de 6,6 Mt par an chacun, ainsi que de 1,6 Mt de condensats de gaz par an. Il devrait être lancé en 2023 pour atteindre en 2026 sa pleine capacité. Dans ce projet, Novatek (60 % du capital) est associé à Total (10 %), Japan Arctic LNG B.V. (joint-venture entre le négociant de matières premières Mitsui et Japan Oil, Gas and Metals National Corporation), China National Petroleum Corporation (CNPC) et China National Offshore Oil Corporation (CNOOC).
Arctic LNG 2 est le clone du projet Yamal LNG, qui exploite déjà depuis quelques années les ressources de gaz du champ South Tambey sur la péninsule de Yamal au nord-ouest de la Sibérie. Il est exploité par un consortium international qui réunit Novatek (50,1 % des parts), Total (20 %), CNPC (20 %) et Silk Road Fund (9,9 %).
Suite à l’entrée en vigueur des sanctions, TotalEnergies avait annoncé qu'il n'investirait plus dans de nouveaux projets en Russie mais qu’il allait maintenir ses activités, concentrées essentiellement autour du gaz liquéfié destiné à l'Europe à partir du complexe de Yamal.
Adeline Descamps