Les deux compagnies pétrolières ne souhaitent plus être identifiées comme des sociétés uniquement pétrolières mais c’est bien au brut qu’elles doivent actuellement leur fortune.
Après avoir déclaré un profit de 7,1 Md$ au cours du premier trimestre de cette année, en dépit d'une charge après impôts de 3,9 Md$ liée au retrait progressif de ses activités de pétrole et gaz en Russie, Shell publie ce 28 juillet un bénéfice net part du groupe de 18 Md$ pour le deuxième trimestre. Hors éléments exceptionnels, le résultat net ajusté ressort à 11,5 Md$, doublé sur un an. Ainsi, sur le premier semestre, le résultat net ressort à 25 Md$, indique Shell dans un communiqué. Soit un multiple de trois.
TotalEnergies, qui vient également de faire connaître ses résultats pour la période entre avril et juin, sort un résultat net de charges de 5,7 Md$, en dépit d'une nouvelle provision de 3,5 milliards liée à l'impact potentiel des sanctions internationales sur la valeur de sa participation dans l'entreprise russe Novatek. Elle s'ajoute à une dépréciation de 4,1 Md$ enregistré au premier trimestre concernant plusieurs actifs russes, dont la participation au projet Arctic LNG2. L'activité du groupe en Russie, où TotalEnergies n'investit plus dans de nouveaux projets, reste essentiellement concentrée autour du GNL et du complexe de liquéfaction Yamal LNG.
Le résultat net ajusté du groupe français s’élève à 9,8 Md$ en trois mois, contre 3,5 milliards un an plus tôt. Sur le semestre, il frôle les 19 Md$ (18,8 milliards), quasiment triplé par rapport au premier semestre 2021.
Redressement record
Les compagnies pétrolières se sont vite redressées après les pertes collosales encaissées en 2020. Elles atteignaient alors quasiment les valeurs qu’elles affichent aujourd’hui en bénéfices. Shell avait, par exemple, pris une charge de 16,8 Md$ au deuxième trimestre 2020. L'invasion russe de l'Ukraine a propulsé subitement les cours du pétrole et du gaz à des niveaux très élevés et a remis d’aplomb la filière.
Les résultats vont tendre un peu plus les relations, les profits étant de plus en plus contestés. Entre entrée intempestive de millitants et demande insistante d’actionnaires, l’assemblée générale de la compagnie britannique avait été particulièrement animée en mai, Shell étant accusé de ne pas aller assez loin dans sa stratégie climat (adoptée à près de 80 %).
Londres a en outre annoncé en mai une taxe exceptionnelle sur le secteur de l'énergie, pour aider en partie à financer les aides gouvernementales aux ménages les plus modestes face à la crise du coût de la vie.
En France, le débat est vif sur les dits « superprofits » des grandes multinationales. La création d’une taxe a été rejetée mais avec une faible majorité par l'Assemblée nationale ces derniers jours malgré les protestations de la gauche et du Rassemblement national. TotalEnergies a annoncé pour sa part une remise de 20 centimes d'euros par litre de carburant à la pompe entre septembre et novembre dans toutes ses stations-service, puis de 10 centimes par litre sur le reste de l'année. Cette remise s'ajoutera aux 30 centimes de ristourne accordés par l'État.
Buno Le Maire a encore répété ce 28 juillet que le niveau de prélèvements obligatoires de la France était parmi les plus élevés en France. Le gouvernement est en faveur d’une stabilité fiscale sur ce plan.
À l’annonce des résultats le 28 juillet, l'action de TotalEnergies a reculé 3,42 % à la Bourse de Paris dans un marché en repli de 0,29 %. Celle de Shell a en revanche augmenté de 1,3 %, à 2 145 pence.
A.D.