Les compagnies pétrolières nationales chinoises – principalement CNPC, CNOOC et Sinopec – devraient allouer 123 Md$ (contre 96 Md$ entre 2016 et 2020) au forage de 118 000 puits dans les cinq prochaines années afin de répondre à la demande intérieure de pétrole et de gaz. Pékin veut limiter son shoot au pétrole étranger et stimuler la production locale alors que la part du pétrole brut importé ne cesse d’augmenter depuis 2014 pour atteindre plus de 74 % l'année dernière, le niveau le plus élevé jamais enregistré
Seules 2,4 % des réserves pétrolières prouvées du monde ont été sourcées Chine. La possibilité d'augmenter considérablement la production nationale est donc limitée. D’où la réaction du gouvernement à inciter ses sociétés d'exploration et de production pétrolières à trouver de nouvelles sources. Les puits en développement devront bientôt représenter 88 % du total. C’est ce que préconisait déjà le 14e plan quinquennal de la Chine pour 2021-2025 tout en portant l’injonction contradictoire de réduire la part des combustibles non fossiles à 20 % d'ici 2025.
« Malgré une forte impulsion politique en faveur de l'électrification des transports, la Chine devrait encore utiliser des produits pétroliers pour alimenter ses centaines de millions de voitures, bus et camions pendant les cinq prochaines années au moins. Bien que le marché des véhicules électriques du pays doive atteindre une part de marché de 20 % d'ici 2025, les moteurs à combustion interne répondront à la plupart des besoins de transport de la Chine et constitueront l'épine dorsale de la demande de pétrole jusqu'en 2025 », explique Peng Li, analyste de la recherche énergétique chez Rystad Energy dans ce rapport.
Production nationale en gaz naturel bien en deçà de la demande
En ce qui concerne le gaz naturel, la production nationale reste modeste par rapport à la demande globale, mais elle est passée d'environ 120 à 190 milliards de m³ entre 2014 et 2020, bien en deçà de la demande totale de 330 milliards. Le pays reste donc dépendant du gaz importé par gazoduc et du gaz naturel liquéfié (GNL) expédié pour plus de 40 % de ses besoins, note le spécialiste en énergies.
Or, la Chine cherche à remplacer le charbon par le gaz dans la production d'électricité afin de réduire les émissions à court terme. « Cela stimulera également le secteur de l'exploration et de la production pétrolières, en particulier si les prix internationaux du GNL continuent d'augmenter, ce qui semble probable en raison des contraintes d'approvisionnement mondial prévues ».
Pas motivées par le profit
« En tant qu'entités publiques, les grands opérateurs chinois ne sont pas uniquement motivés par le profit. Ils jouent également un rôle important et intégré dans l'économie sociale. Ainsi, même dans un contexte de prix du pétrole moins favorable, nous nous attendons à ce que qu’ils réalisent des performances conformes aux attentes du gouvernement et continuent à faire des efforts pour soutenir l'offre nationale », soutient l’analyste.
La Chine a réussi à maintenir sa production globale de pétrole tout en augmentant sa production de gaz, malgré le forage d'un nombre nettement inférieur de puits en 2020 et de la pandémie. « L'évolution des techniques de forage et de services aux puits permet à la Chine de forer un nombre croissant de puits profonds et horizontaux », justifie Rystad Energy.
A.D.