Le Nigeria, par la voix du ministre du pétrole Timipre Sylva, a annoncé lors de la conférence Gastech à Milan qu’il « enverra » davantage de GNL en Europe d'ici l'hiver prochain quand bien même les problèmes de sécurité retardent actuellement les livraisons de gaz. Le pays présidé par le général Muhammadu Buhari, qui s’est attribué un rôle de leader régional en Afrique, « prendra bientôt la décision finale d’investissement » concernant la construction d’un gazoduc qui reliera l’Europe via l’Algérie. Un projet de plus de 10 Md$. Les compagnies pétrolières publiques nigérianes et algériennes seront impliquées, a déclaré le représentant du gouvernement, ajoutant que d'autres investisseurs privés ont également manifesté leur intérêt. Le groupe pétrolier italien Eni pourrait en faire partie.
Le brut irakien sollicité par l’Asie
De son côté, l'Irak a reçu des demandes de l'Asie pour plus de brut, a déclaré à l'agence de presse nationale INA le responsable du marché pétrolier national SOMO. « La Chine et l'Inde ne renonceront pas au pétrole brut irakien même si le pétrole russe leur est actuellement proposé à un prix réduit », a déclaré Alaa al-Yasiri, ajoutant que son pays exporte toutes les quantités excédentaires de brut disponibles à l'exportation. L'Irak est depuis trois ans le premier fournisseur de pétrole brut à l'Inde, troisième plus grand importateur de pétrole au monde (5 millions de barils de pétrole par jour) et à la Chine, leader mondial pour les achats de pétrole.
La plupart des approvisionnements en pétrole brut de l'Inde proviendront des pays du Golfe, notamment l'Arabie saoudite, l'Irak et les Émirats arabes unis, dans un avenir proche, a déclaré le ministre indien du pétrole et du gaz naturel, Hardeep Singh Puri. Les approvisionnements en provenance d'Arabie saoudite ont augmenté de plus de 25 % en juillet, après que Ryad a abaissé le prix de vente officiel en juin et juillet par rapport à mai.
« Un gouvernement démocratiquement élu comme celui que nous avons en Inde veillera à ce que les consommateurs soient approvisionnés en énergie (non seulement) sur une base sûre, mais aussi sur une base abordable », a ajouté le représentant de l’exécutif indien. Message.
La Russie, deuxième et troisième fournisseur du pays selon les mois, devrait toutefois grignoter quelques parts de marché supplémentaires sur l’ensemble de l’année. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les raffineurs indiens, sensibles au prix, se sont emparés du pétrole russe (avec une décote de 5 à 6 $ par baril) boudé par les entreprises du bloc occidental. Au deuxième trimestre, les importations de brut en provenance de Russie, évaluées à 3,02 Md$, ont représenté 71 % du total des importations du pays en valeur.
La qualité Guyana plébiscité par les Européens
Le pétrole du Guyana, dont la qualité convient mieux aux raffineurs européens que les origines d’Amérique centrale, afflue aussi en volume vers les raffineries du Vieux-Continent, selon les données de suivi des navires, notamment vers la Grande-Bretagne et l'Italie. L'espagnol Repsol, l'italien Eni et le britannique BP sont en tout cas identifiés comme étant à la manoeuvre des dernières transactions.
Depuis le début de l'année, 49 % des exportations totales du pays sud-américain sont destinées à l'Europe, contre 16 % en 2021, soit en moyenne 110 000 barils par jour (b/j) de janvier à début septembre, selon les données de suivi des pétroliers Refinitiv Eikon. Ces volumes dépassent le total quotidien expédié vers toutes les destinations en 2021. La production a depuis triplée, désormais de 350 000 b/j.
L’entrée en service de la deuxième installation flottante de production, de stockage et de déchargement (FPSO) du Guyana n’y est pas étrangère. Le pétrole est produit depuis 2019 par un consortium composé d'Exxon Mobil, Hess Corp et CNOOC, entièrement destiné à l’exportation et vendu sur le spot. D'ici 2027, le consortium prévoit de forer 1,2 million de b/j. Le pays anglophone devrait bientôt programmer une vente aux enchères de blocs pétroliers et gaziers afin d'attirer de nouvelles entreprises dans ses champs offshore.
Prix du pétrole en hausse
Les prix du pétrole poursuivaient leur hausse ces derniers jours, toujours soutenus par les incertitudes autour de l'offre alors que la perspective d’un accord sur le nucléaire iranien s’éloigne et que le projet de plafonnement des prix des hydrocarbures russes inquiète. La semaine dernière, les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés (Opep+) ont décidé de réduire leur volume total de production de 100 000 barils par jour.
Adeline Descamps