CMA CGM et Maersk supprimeront à partir de fin juillet le port de la Réunion de leur service hebdomadaire conjoint Moyen-Orient-Inde-Afrique du Sud MIDAS 2/Protea. Cette décision doit permettre de raccourcir le voyage de sept jours et ainsi d'améliorer la fiabilité et la ponctualité du service. La ligne desservira désormais Jebel Ali, Mundra, Nhava Sheva, Dur-ban, Port Elizabeth et retour à Jebel Ali.
La rotation s’effectuera en six semaines (au lieu des sept semaines actuellement) en utilisant six navires de 2 500 à 2 800 EVP, contre sept unités dans la configuration initiale. La dernière escale à la Réunion sera assurée par l'AS Patricia, un porte-conteneurs de 2 510 EVP le 31 juillet.
L’armateur français continuera à desservir la Réunion depuis le Moyen-Orient et l'Inde via un transbordement en Afrique du Sud (Durban) et/ou dans l'océan Indien (Port Louis). Les exportations de la Réunion vers le Moyen-Orient et l'Inde seront proposées via l'Asie du Sud-Est et/ou dans le Golfe du Moyen-Orient (Jebel Ali). Maersk n'a pas encore annoncé d'itinéraires alternatifs de et vers la Réunion à destination de Jebel Ali, Mundra et Nhava Sheva. Il en va de même pour United Africa Feeder Line (UAFL) qui s'inscrit dans le service MIDAS 2/Protea sous la marque MISA.
La Réunion est le second port français, après Le Havre, à faire les frais de l’encombrement des ports, des retards des navires et des goulets d'étranglement dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.
CMA CGM évite Le Havre en raison de la congestion en Europe du Nord
Tectonique des lignes
Fin juin, CMA CGM s’était dit contraint, à compter de début juillet, de supprimer l’escale du Havre sur le service Eurosal, reliant l'Europe du Nord à l'Amérique du Sud et aux Caraïbes, et de transborder à Anvers pendant trois mois. La compagnie avait fait valoir une « congestion trop intense » et « un manque de productivité constatés depuis des mois en Europe du nord » qui affectent « la fiabilité des horaires de son service ». Le Havre est le dernier port export sur ce service et fait les frais des retards dans les ports du nord qui le précède.
Mais le port normand bénéficie a contrario « de la densité d’occupation des terminaux et des temps d’attente entre trois et cinq jours dans le port d’Anvers » dont Maersk a décidé de se détourner pour ne pas aggraver les retards. Le port belge se sera donc pas desservi pendant six semaines sur le service AE55, exploité dans le cadre de son alliance avec MSC. Le Havre est en revanche ajouté aux ports nord-européens desservis par ce service Asie-Méditerranée-Europe du nord. Mais il saute de la ligne AE6 alors qu’Anvers est renforcé. Les volumes import du Havre devront être chargés sur le service AE55.
Pour l’instant, Maersk assure que Bremerhaven, Hambourg, Felixstowe et Gdansk ne sont pas gagnés par les temps d’attente à l’instar des ports néerlandais et belge, Rotterdam (moins de trois jours) et Anvers.
401 navires avec des retards de plus de 15 jours
Au cours des cinq premiers mois de 2021, 401 navires opérant sur transpacifique et 144 exploités sur l'Asie-Europe sont arrivés avec plus de quinze jours de retard, selon les données de Sea-Intelligence. C’est en cela bien plus que les retards enregistrés au cours des huit dernières années cumulées. En comparaison, pour la période 2012-2020, seuls 388 navires sont arrivés avec plus de deux semaines de retard par rapport à leur ETA (Estimated Time Arrival, heure d'arrivée prévue) entre les ports chinois et américains, et 69 entre Asie et Europe.
Adeline Descamps
