Quatre remorqueurs de Svitzer ont été saisis par les autorités russes, a annoncé sa maison-mère, Maersk. « Le 25 avril, nous avons été informés qu'un tribunal local avait ordonné que les remorqueurs ne puissent pas quitter la Russie et qu'il en avait transféré le contrôle à une société tierce », indique le communiqué du groupe de transport maritime et de logistique danois.
Le média russe Kommersant fait également part de cette décision en date du 24 avril. Le média indique par ailleurs que Svitzer a la capacité de faire appel jusqu'au 18 mai afin de reprendre le contrôle des remorqueurs et de mettre fin au contrat de service.
Les quatre remorqueurs lourds de classe glace – Svitzer Sakhalin, Svitzer Aniva, Svitzer Busse et Svitzer Korsakov (ces deux derniers construits par le chantier naval Admiralty de Saint-Pétersbourg, en Russie) – avaient été construits en 2007 par Svitzer dans le cadre d'un contrat d'affrètement à une filiale russe, Svitzer Sakhalin, elle-même engagée avec les opérateurs du projet pétrolier et gazier Sakhaline-II dans l'est de la Russie.
Le contrat a été prolongé en 2020 pour une durée supplémentaire de 10 ans.
Retrait unilatéral
La situation devenait « intenable », selon les propres mots de Maersk, alors que le groupe avait fait valoir, immédiatement après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, son désengagement de toutes ses activités dans le pays, qui lui auront coûté une dépréciation de plus de 700 M$ sur ses résultats en 2022.
En août 2022, APM Terminals, la filiale portuaire de Maersk, avait vendu sa participation de 30,75 % dans Global Ports Investments (GPI) au groupe Delo, qui exploite six terminaux en Russie, dont celui de Saint-Pétersbourg et d’autres en Finlande. Maersk a structuré la transaction pour que APM Terminals puisse revenir dans le partenariat avec Delo à l'avenir.
Maersk a ensuite cédé en février de cette année deux sites logistiques situés à Saint-Pétersbourg et dans le port intérieur de Novorossiysk, à IG Finance Development, une société basée à Chypre.
Svitzer, dernier lien de Maersk avec la Russie
Le dernier lien actif de Maersk avec la Russie réside en effet dans son unité de remorquage, Svitzer. Les efforts engagés pour céder cette activité étaient sur le point d’aboutir lorsque l’administration portuaire du pays s’y est opposée en sommant les équipes à continuer d'opérer les remorqueurs avant de les confisquer, selon Maersk, alors que tous les employés de Svitzer en Russie ont démissionné.
Svitzer Sakhalin a tenté d’invoquer le cas de force majeure tandis que l'opérateur russe du projet pétrolier et gazier a assigné la filiale de Maersk en justice, arguant que la perte des quatre remorqueurs pourrait compromettre ses opérations.
11,6 Mt de GNL en 2022
Pour mémoire, en août 2022, le gouvernement russe a pris le contrôle de Sakhalin Energy LLC, le nouvel exploitant du complexe d'exploration et de production Sakhaline-2, qui exploite les riches gisements pétroliers et gaziers en mer d'Okhotsk Sakhalin-2.
La société qui opère le complexe avait été initialement créée par Gazprom avec les participations minoritaires de Shell, Mitsui et Mitsubishi. Pour se conformer aux sanctions, Shell s’est désengagé du projet (tout comme ExxonMobil de Sakhaline-1) si bien que la société a desormais pour actionnaires l’État russe et Gazprom (50 %), tandis que les sociétés japonaises Mitsui et Mitsubishi ont été autorisées par le Kremlin à maintenir leur participation de 12,5 % et 10 %.
Le projet gazier et pétrolier russe Sakhalin-2 a produit 11,5 Mt de GNL l'année dernière contre 11,6 millions en 2021, d'après les données communiquées par Sakhalin Energy LLC. Plus de la moitié de la production du complexe – qui représente environ 4 % de la production mondiale de GNL –, est engagée auprès d'acheteurs japonais.
Selon la presse japonaise, Jera et Tokyo Gas auraient d'ailleurs renouvelé leurs contrats auprès de Sakhalin Energy LLC. Le pétrole a été, lui, vendu principalement à la Chine, à la Corée du Sud et au Japon, a précisé Sakhalin Energy LLC.
Adeline Descamps