Après avoir incité les deux principales portes d’entrée du pays pour les importations – Los Angeles et Long Beach –, à fonctionner en 24h/24 et 7j/7 (avec plus ou moins de succès car Los Angeles a fini par décliner la proposition), John Porcari, l’homme désigné en août par le président Joe Biden pour trouver des solutions à la congestion portuaire sans précédent, cherche désormais à étendre cette stratégie à l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Opération : juguler l’empilement des conteneurs à l’import sur les quais et permettre leur évacuation vers l'intérieur du pays.
Exploitation en continu
John Porcari demande cette fois à la grande distribution et aux opérateurs routiers et ferroviaires de s’inscrire, eux aussi, dans un régime d'exploitation 24 h/24 et 7j/7. « La capacité en dehors des heures de pointe est ce que nous pouvons utiliser dès maintenant pour résoudre ce qui est un problème très sérieux », a justifié l’ancien secrétaire adjoint aux Transports, qui cherche entre autres à installer des zones hors quai pour y stocker « les conteneurs remplis d'importations occupant trop de place dans les ports ».
Début septembre, l’« émissaire portuaire » avait installé le « comité consultatif national des chargeurs » (NSAC) au sein de la Commission maritime fédérale, comptant certaines des plus grands détaillants et distributeurs américains « confrontés chaque jour aux réalités du transport maritime », selon les propos de Daniel Maffei, président de la FMC. Parmi les 24 premiers membres, répartis équitablement entre importateurs et exportateurs, figurent notamment Amazon, Walmart, Target et Office Depot, Ikea... (pour les importateurs), DuPont, Tyson Foods, Louis Dreyfus, Cargill pour les plus connus du côté des exportateurs. Ils siégeront jusqu'au 31 décembre 2024.
Conseiller sur le fret maritime
Le NSAC a été créé le 1er janvier dans le cadre de la National Defense Authorization Act for FY21. La fonction du comité, selon cette loi, « est de conseiller la [FMC] sur les politiques relatives à la compétitivité, la fiabilité, l'intégrité et l'équité du fret maritime ». La FMC ne sera pas obligée de donner suite aux recommandations du comité qui n’a de fonctions que consultatives.
Ce nouveau « conseil » a été installé dans un contexte particulier : le dépôt croissant de plaintes de chargeurs (américains mais les autorités chinoises et européennes ont reçu des plaintes similaires) contre les transporteurs maritimes qui profiteraient indûment (manipulation de marché, entente commerciale) de la demande sans précédent pour leurs services. Mais aucune preuve n’est venue jusqu’à présent donner corps à ces accusations.
Plan de fret
Une proposition de loi vise aussi à exiger de chaque État qu’il se dote d’un plan de fret intégrant l'ensemble de maillons de la chaîne, de la source à sa destination finale, prévoyant les capacités à mettre en œuvre, les sites de transfert dans les ports intérieurs, des solutions en cas de congestion des quais…
Pour les importateurs et exportateurs, les investissements dans les infrastructures restent essentiels dans le cadre d’un « plan de fret à long terme ». Les perturbations actuelles du transport maritime ont en effet révélé de façon criante à quel point les infrastructures du pays étaient fragiles ou dépassées.
Adeline Descamps